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Dan Maraye : « La supression de la CSR soulagerait le s finances des PME »
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Dan Maraye : « La supression de la CSR soulagerait le s finances des PME »

? Selon vous, quels vont être les grands axes du budget 2012 ?
Il faut d’abord prendre en considération le contexte international car les Etats-Unis et l’Europe sont des marchés majeurs pour nos exportations et notre tourisme. Il est clair que la situation quelque peu chaotique dans ces régions va avoir un impact négatif sur Maurice.
La crise de la dette nous a aussi montré la mauvaise gouvernance de certains pays. Le déséquilibre global doit être corrigé mais cela ne relève pas de nous.
Le Fonds monétaire international (FMI) vient par ailleurs de revoir à la baisse son estimation de la croissance mondiale. A Maurice, on a également révisé la croissance à la baisse pour 2011. J’espère que nous pourrons atteindre les 4 %. Cela dépendra en grande partie de la capacité des pays développés à résoudre leurs problèmes. Mais il faut être réaliste et constater que, par exemple, l’Europe n’a pas procédé à des développements sérieux.
Pour en revenir au budget, la relance de l’activité économique, l’emploi, l’action pour les petites et moyennes entreprises (PME) et le social devraient être les principaux axes de développement de ce budget.
? Comment le budget peut-il relancer l’investissement ?
L’élément de confi ance est indispensable à la relance de l’investissement. La nomination de Xavier-Luc Duval au ministère des Finances a été quelque chose de positif. Dans ses fonctions précédentes, il a toujours été à la hauteur de sa tâche. Maintenant, c’est à lui de prouver que l’on peut avoir confi ance en lui.
Il faudrait réformer certaines lois afi n d’attirer les head quarters des sociétés multinationales. Il faudrait aussi aller de l’avant avec le Foundation Bill, ce qui nous permettrait de mettre en valeur l’éventail de produits que nous offrons. La lutte contre la corruption constitue aussi une composante importante pour établir la confiance. Il faut donner des signaux clairs en la matière et seul le gouvernement peut faire avancer les choses. Il faut enfin faut prendre des mesures afin de montrer que le pays connaît une stabilité politique. On ne peut plus continuer comme cela. Par ailleurs, le projet de création d’un centre de formation avec l’aide du FMI constitue une véritable opportunité de faire de Maurice un centre fi nancier régional.
? La fiscalité devrait être au centre des débats dans ce budget. Quelles sont les pistes qui peuvent être explorées ?
La Capital Gains Tax et la taxe sur les dividendes doivent être supprimées. Il faut également supprimer les 2 % de la Corporate Social Responsibility (CSR) qui grèvent notamment les comptes des PME. L’abolition des prélèvements sur les profits des banques, des institutions financières et des sociétés de télécommunications
est également souhaitable.
Pour contrebalancer ces décisions, on pourrait introduire un taux de 20 % sur les profi ts des entreprises dépassant par exemple Rs 50 millions. C’est un calcul très simple sur lequel on pourrait travailler. Il s’agirait ainsi de pratiquer une politique plus centriste car trop de capitalisme peut tuer l’économie. On l’a vu aux Etats-Unis et en Europe. Il serait aussi judicieux d’introduire le concept d’un tax exempt fund qui nous permettrait de rivaliser avec des places financières comme Singapour.
On peut également s’interroger sur l’instauration d’un taux de 10 % sur la taxe des revenus les plus bas.
? Il se dit que, même si elle est limitée, la marge de manoeuvre de Xavier-Luc Duval en matière d’endettement et de défi cit budgétaire est bien réelle. Qu’en pensez-vous ?
Il est vrai que Maurice a un déficit budgétaire raisonnable si on prend en compte la situation internationale. Mais il faut faire attention à ne pas se laisser entraîner dans un engrenage en imitant certains pays. Nous devons être capables de développer quelque chose propre au contexte mauricien et au contexte régional. En matière d’endettement public, nous sommes déjà à la limite des 60 % du PIB. Notre dette extérieure représente 14 % du PIB. Il ne faut pas que nous augmentions notre endettement en nous justifiant sur ce qui se passe ailleurs.
? Le gouvernement a-t-il encore les moyens de lancer un plan du style du «Stimulus Package» ou de l’«Economic Restructuring and Competitiveness Programme» ?
Je ne suis pas partisan de ce type de plan qui implique en général beaucoup de gaspillages. Et on peut se poser la question : «pourquoi aider les gens qui font des erreurs de gestion ?» Le contribuable n’est pas là pour sauver un patron qui a mal géré son entreprise. On peut aussi se demander pourquoi il faudrait utiliser des fonds publics pour financer des entreprises qui, quand elles réalisaient des profi ts, n’ont pas permis à la communauté d’en tirer avantage. De plus, les stimulus packages n’ont que rarement marché.
Je suis plutôt en faveur d’une augmentation de l’allocation personnelle. Elle permettrait d’augmenter la consommation. Et il serait possible de la financer en évitant les gaspillages.
? Justement cette chasse aux gaspillages ne serait-elle pas un moyen de financer le budget ?
Evidemment. Mais chaque fois qu’un ministre des Finances présente son budget, il sait que pour des raisons politiques, il y aura des gaspillages. N’oublions pas que lorsque qu’on fait du tapage sur un profit de Rs 1 milliard dans un corps paraétatique, on sait que s’il était bien géré, il ferait encore plus de bénéfi ce. Il faut lier le niveau de bénéfice à celui du capital investi et voir si dans le même secteur, le privé n’est pas plus efficace. Il faudrait se rappeler que c’est la mauvaise gouvernance qui a massivement contribué à la débâcle européenne. Soyons sages et mettons la bonne gouvernance au centre de tout développement économique.
 
Propos recueillis par Pierrick Pédel
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