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Daoud Ingar : Parfum de bien-être

13 février 2014, 07:09

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Daoud Ingar : Parfum de bien-être

Porter un parfum griffé au quotidien n’est plus un luxe, mais un rituel d’hygiène et de bien-être. D’ailleurs, nombreux sont ceux ou celles qui en ont reçu pour la Saint-Valentin. C’est Daoud Ingar qui a popularisé les parfums griffés à Maurice, à travers ses boutiques Mado. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il est un médecin spécialisé en micro-transplantation des cheveux.

 

Ce qui surprend le plus avec le Dr Daoud Ingar, c’est sa simplicité. Ce sexagénaire est pourtant un des deux seuls chirurgiens à pratiquer la micro-transplantation au Centre de Chirurgie esthétique de l’océan Indien de Trou-aux-Biches. Il est aussi un des partenaires de cet établissement de renommée mondiale, et n’ose pas dire qu’il a été lauréat de la faculté de médecine à l’université de Paris Bichat où il a étudié. «Est-ce qu’il faut le préciser ?», demande-t-il non sans une certaine candeur. Absolument !

 

Daoud Ingar a beau être né à La Réunion, ses origines sont mauriciennes. Son père et sa mère sont originaires de Plaine-Magnien. Ils se sont installés à La Réunion, plus précisément à St.-Denis, en 1945. Notre interlocuteur doit en grande partie ce qu’il est devenu aujourd’hui à deux femmes : sa mère Fatma Ingar, née Badat, décédée l’an dernier à 95 ans, et Catherine, son épouse, une ancienne enseignante de langues qui l’épaule dans ses affaires.

 

Ce benjamin de trois enfants n’a pas eu la partie facile. Il perd son père alors qu’il n’a que deux ans, et sa mère Fatma est alors contrainte élever seule ses trois fils. Elle ouvre une mercerie, qu’elle nomme d’après l’anagramme de son fils aîné Amod : Mado Mercerie. En 1960, la femme d’affaires convertit la mercerie en parfumerie. C’est ainsi que le premier Mado Parfums voit le jour à La Réunion.

 

Parmi les premiers produits commercialisés, il y a «Soir de Paris» de Bourgeois et d’autres parfums de Lanvin et Molinard, pour ne citer que ceux-là. Bien que son fils aîné Amod lui prête main-forte, elle oblige son benjamin à passer ses après-midi dans la parfumerie plutôt que d’aller jouer avec ses petits camarades du primaire.

 

Lorsque Daoud Ingar a 16 ans, on lui découvre une malformation cardiaque nécessitant une intervention lourde et risquée. C’est dans un centre hospitalier parisien que l’opération à coeur ouvert a lieu. Elle est pratiquée par le professeur Charles Dubost, un des pionniers mondiaux de la chirurgie cardiaque. «C’était une expérience très émotionnelle», se souvient-il. La présence dans l’établissement du professeur Christiaan Barnard, qui vient à l’époque d’effectuer la première transplantation cardiaque au monde en Afrique du Sud, le motive à devenir médecin.

 

Porté sur les matières scientifiques au secondaire, Daoud Ingar passe son baccalauréat à Paris et se fait admettre à l’université de Paris Bichat, où il étudie la médecine générale. Il termine avec les honneurs que l’on sait. C’est pour des raisons familiales que lui, sa jeune épouse Catherine et leur fille Sarah viennent s’installer à La Réunion. Il y pratique la médecine privée pendant 12 ans. Durant les années 80, Daoud Ingar remarque une petite tonsure sur le dessus de son crâne, et décide de recourir à une greffe de cheveux. À l’époque, la greffe consiste à implanter des lambeaux de plusieurs cheveux ce qui, au final, s’avère inesthétique. C’est son premier contact avec la greffe de cheveux.

 

Comme son frère Amod a des problèmes cardiaques nécessitant des soins intensifs, Fatma Ingar fait appel à ses fils cadets pour venir lui prêter main-forte. chez Mado. Le business s’est beaucoup développé. Si, au départ, son frère et lui travaillent à temps partiel, ils doivent bien vite le faire à plein temps, car leur frère Amod n’a plus l’intention de reprendre ses activités. Mado Parfums compte tout de même 13 boutiques à La Réunion. Ils ont certes eu deux concurrents par la suite, mais l’un d’eux a jeté l’éponge depuis.

 

Dans le cadre du développement régional qu’ils veulent apporter à Mado Parfums, les frères Ingar décident d’ouvrir une branche à Maurice. On est alors en 1994. Si à La Réunion le marché a bien pris, à Maurice tout reste à faire. «Le challenge était d’introduire des produits que les consommateurs ne connaissaient pas vraiment. Ce n’était pas gagné d’avance, car la majorité des Mauriciens n’avait pas le pouvoir d’achat pour la parfumerie et les cosmétiques de luxe. Il a fallu du temps, de la patience et de l’information pour que les grandes marques de parfums et de cosmétiques fassent partie des gestes naturels des Mauriciens», explique notre interlocuteur.

 

Le point fort des frères Ingar est d’avoir pu trouver un accord avec les fournisseurs pour que, malgré la distance, le fret et le transport, le prix des parfums reste le même que celui qui est pratiqué en France. Leurs produits convainquent les Mauriciens, qui n’hésitent plus à mettre la main à la poche. Dans leur chiffre d’affaires, la contribution des parfums est de 60 %, le reste allant aux cosmétiques.

 

À un moment donné, les deux frères décident de se séparer. Daoud Ingar conserve les affaires mauriciennes et laisse celles de La Réunion à son frère. Il poursuit le développement de Mado Parfums à Maurice, qui détient tout de même 11 succursales aujourd’hui sur l’île. Catherine Ingar vient épauler son mari.

 

Mais la pratique de la médecine finit par lui manquer. En l’an 2000, lorsqu’un groupe de médecins français du Centre de Greffe de cheveux du 17e arrondissement de Paris veut ouvrir une clinique de greffe de cheveux à Maurice, on le contacte pour qu’il les guide et travaille avec eux. Il accepte, mais doit se spécialiser en la matière. Il est d’abord envoyé à la clinique du Dr Pierre Bédard à Montréal, au Canada, où il apprend la technique de micro-transplantation greffon par greffon.

 

«C’est une révolution car les cheveux naturels sont prélevés sur une zone donneuse où ils ne tombent pas, c’est-à-dire sur la nuque, avant d’être implantés là où le souhaite la personne.» En sus du Canada, il est envoyé pour des sessions de perfectionnementau Centre de Greffe decheveux, à Paris.

 

Cette technique très précise n’est apprise dans aucune école de médecine et n’est pratiquée dans aucun hôpital. Les médecins qui en ont fait leur spécialité peuvent implanter jusqu’à 2 500 greffons, soit l’équivalent de 5 500 cheveux. L’intervention dure entre quatre et cinq heures. «Il n’y a pas de rejet possible, car ce sont les propres cheveux du patient qui sont implantés», explique le Dr Ingar.

 

Le Centre de Greffe de cheveux mauricien attire une clientèle étrangère mais aussi locale, des hommes comme des femmes. «C’est la testostérone qui est responsable de la chute des cheveux. Si la chute chez la majorité des hommes a une origine androgénétique et se situe généralement sur le dessus du crâne, chez les femmes, la chute est globale et est principalement de cause hormonale mais avec une dose de génétique également. Chez les femmes, il y a aussi des causes externes. Par exemple, des produits comme les défrisants brûlent les bulbes et les colorations à base d’ammoniaque favorisent aussi la chute des cheveux», souligne le médecin.

 

Le Centre de Greffe de cheveux de Trou-aux-Biches pratique un tarif spécial pour les Mauriciens, soit Rs 125 000 pour l’implantation de 3500 cheveux. Au fil du temps, à la micro-transplantation s’est ajoutée toute une gamme de chirurgies esthétiques et de traitements et soins anti-âge. Des chirurgiens étrangers spécialisés dans ces techniques y séjournent à intervalles réguliers pour intervenir et former les Mauriciens. Le Dr Ingar est l’un de deux seuls médecins à pratiquer la micro-transplantation. Comme ce père de deux filles adultes qui vivent en France a perdu ses cheveux, y compris ceux de la première greffe, il s’est soumis à une micro-transplantation.

 

«Si je n’avais pas fait trois interventions au total, j’aurais été totalement chauve aujourd’hui. Le fait de pouvoir passer la main dans ses cheveux est une sensation importante, d’abord pour soi car on se sent bien de se retrouver avec ses cheveux d’avant, et on a l’impression de rajeunir. Et puis, ce bien-être contribue à rendre notre entourage heureux

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