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Dev Manraj : l’homme qui tombe à pic

13 octobre 2013, 08:30

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Dev Manraj : l’homme qui tombe à pic

C’est à lui qu’il revient d’assumer les responsabilités de secrétaire financier après le départ subit d’Ali Mansoor de ce poste, à quelques jours de la présentation du budget 2014. Après une brillante carrière au sein du ministère des Finances, Dev Manraj s’est forgé une solide réputation en matière de rédaction de discours budgétaires. Il arrive à point nommé.

 
Dharam Dev Manraj, c’est comme le bon vin. Plus il vieillit, plus il s’impose comme un élément incontournable où sa présence est indispensable. Le 1er décembre 1990, il est nommé Financial Secretary au ministère des Finances après y avoir gravi tous les échelons depuis son entrée comme comptable, sa qualification de Fellow of the Association of Chartered Certified Accountants du Royaume-Uni en poche.
 
Vingt-deux ans, dix mois et huit jours après, soit le mardi 8 octobre 2013, il est reconduit à ce même poste comme s’il n’avait que 25 ans. Malgré ses 64 ans qu’il a célébrés le 30 mars et un état de santé qui lui impose d’éviter des imprudences, l’homme a dit oui. C’est cela Dev Manraj.
 
L’impressionnant parcours de cet homme peut être divisé en trois étapes. La première caractérisée par sa montée fulgurante dans la fonction publique. La deuxième période est assombrie par quelques circonstances qui ne lui ont pas fait que du bien. Et une troisième qui ressemble à une renaissance de l’homme qui, malgré ses 64 ans, prouve qu’il n’a pas encore dit son dernier mot.
 
Son parcours au sein de la fonction publique est remarquable. Après seize ans de carrière au ministère des Finances, il occupe le poste le plus convoité, à savoir celui de Financial Secretary. Il s’est distingué au point d’agir en maintes occasions comme secrétaire au Cabinet des ministres et no 1 de la Fonction
publique.
 
Pratique, efficace et efficient, à son départ de la fonction publique en 1998, il est nommé à des postes à responsabilités près d’une cinquantaine de fois. Il a été 23 fois président d’importants organismes d’État, dont la State Investment Corporation, la Mauritius Offshore Business Activities Authority, le National Infrastructure Fund et le Lutte contre l’exclusion Trust Fund.
 
En pas moins de huit occasions, il a été directeur d’entités dans lesquelles l’État a des intérêts telles qu’Air Mauritius, la Mauritius Broadcasting Corporation et la State Trading Corporation. À cinq reprises, il a été appelé à agir comme membre de diverses organisations, dont le Civil Service Reforms Committee et le Monetary Policy Committee. Il a participé à diverses fonctions de l’État comme des négociations avec la Banque mondiale.
 
Cependant, une des fonctions qui saute aux yeux c’est son engagement dans la rédaction de discours budgétaires, de la formulation des budgets courants et celui de développement jusqu’à des mesures en matière de fiscalité. D’ailleurs, ce serait, en partie, pour cette raison qu’il aurait été appelé à revenir à la barre au ministère des Finances.
 
La période critique du parcours professionnel de Dev Manraj coïncide avec son départ à la retraite. L’homme décide de mettre son expertise à la disposition de groupes financiers qui, entre autres, lorgne des opportunités au Mozambique.
 
Sa route croise celle de Teeren Appasamy, un homme d’affaires britannique d’origine mauricienne. Ce dernier, qui a un sens inné des opportunités d’affaires, est un client estimé de la Mauritius Commercial Bank (MCB). Difficile de résister aux sollicitations d’un tel génie. Mais Teeren Appasamy allait être au centre d’un des plus gros scandales financiers du pays. Il s’agit d’une vaste opération de détournement allégué de fonds du National Pensions Fund mis en dépôt auprès de la MCB.
 
Au moment de se rendre en Inde pour une intervention chirurgicale, Dev Manraj s’entend dire que son nom est cité dans le cadre d’une enquête de l’Independent Commission against Corruption. Il sera même interrogé par les enquêteurs de cet organisme. Il clame son innocence en soulignant qu’il n’était que le consultant de Teeren Appasamy et ne peut être considéré comme partie prenante de ce détournement allégué. Le scandale MCB/NPF ressemble à un ouragan qui a subitement déferlé sur le parcours de Dev Manraj.
 
Mais tel un phoenix qui renaît de ses cendres, la compétence du vieux renard est notée par le Premier ministre. Et le 20 avril 2012, il est appelé à prendre la direction de la Project Monitoring and Delivery Unit. Placé sous l’égide du bureau du Premier ministre, cet organisme a pour objectif de superviser la progression de tous les projets du secteur public contenus dans le programme gouvernemental 2012-15. Son intervention est recherchée lors d’une contestation à l’université de Maurice dans le conflit entre ceux qui sont en faveur de l’énergie charbon et ceux qui s’y opposent.
 
Quarante-huit heures après sa nomination, Dev Manraj a eu une importante réunion de travail avec une délégation venant du Zanzibar, en Tanzanie. L’objectif : définir le rôle que le secteur privé mauricien peut jouer dans le plan de développement futur du Zanzibar.
 
Vingt-deux ans, dix mois et huit jours après, il est reconduit à ce même poste comme s'il n'avait que 25 ans.

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