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Dominique de Froberville : « Le port aura un impact sur la création d’entreprises et de l’emploi »
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Dominique de Froberville : « Le port aura un impact sur la création d’entreprises et de l’emploi »

Le CEO de Mauritius Freeport Development Company se prononce sur les perspectives de développement du port. 
Quels sont les métiers de Mauritius Freeport Development (MDF) ?
MFD est une plate-forme logistique multifonctionnelle offrant une large gamme de services logistiques à valeur ajoutée aussi bien pour les produits secs que pour les produits congelés. Nous disposons aujourd’hui de 75 000 mètres carrés d’infrastructures dédiés à la logistique. Dans nos entrepôts, nous pouvons stocker toute une gamme de produits destinés à la grande distribution comme les produits alimentaires, mais nous pouvons aussi stocker des produits informatiques ou industriels. Nous offrons aussi, dans le froid, une capacité de 11 500 tonnes déstockage pour les produits congelés dont 50 % dédiés aux activités du seafood. A l’horizon 2012, nous devrions disposer d’une superficie de 95 000 mètres carrés.
Notre objectif est de proposer aux opérateurs une plateforme de stockage, de création de valeur et de redistribution des produits vers les pays de la région. Nous offrons également aux exportateurs un centre de consolidation de leur production avant réexportation.
Dans le domaine du seafood, nous traitons pour les opérateurs les flux de matières premières en amont de leur production. Nous assurons le débarquement du bateau, le transfert des poissons vers le centre de tri, la mise en chambre froide et la livraison vers les unités de production. Le tout selon les normes européennes.
Quels sont les handicaps du port de Port-Louis ?
Je ne raisonnerai pas en termes de handicaps, mais plutôt en termes d’opportunités. Il y a quelques années, il y avait des soucis en matière de productivité. Mais aujourd’hui, on a atteint des niveaux de productivité acceptables. En fait, ce qui est en débat c’est la stratégie de Port-Louis pour les dix prochaines années. Le port a la capacité de disposer de 1 000 mètres de quais, d’avoir 10 portiques et d’enregistrer un trafic de l’ordre de 1 million de conteneurs par an, contre 450 000 aujourd’hui. Le potentiel de développement existe. Port-Louis peut devenir le port de référence dans la région. Avec un impact non négligeable sur la création d’entreprises et l’emploi. Il faut pour cela que les autorités prennent les décisions appropriées et se donnent les moyens de les implémenter.
Justement, que faut-il faire ?
Il faut doter Port-Louis de toutes les capacités opérationnelles et commerciales afin d’attirer beaucoup plus de trafic des lignes maritimes internationales. Cela implique des investissements très importants en termes d’équipements et d’infrastructures, mais aussi en terme commercial. Pour atteindre ce but, une des solutions, mais ce n’est pas la seule, serait de faire appel à un partenaire stratégique qui apporterait ses compétences, les investissements nécessaires ainsi que ses relations commerciales avec les lignes maritimes et permettrait ainsi de donner une autre dimension au port de Port-Louis. On pourrait aussi envisager un PPP (partenariat public-privé, NdlR) afin d’atteindre cet objectif.
De plus, il est important de noter que cette hausse du trafic emmènerait des lignes maritimes à mettre sur la destination des porte-conteneurs de plus grande capacité et pouvoir ainsi baisser le coût du fret par conteneur, ce qui entraînerait une baisse des coûts des importations vers Maurice.
Quel est l’objectif ?
L’objectif est de positionner Port-Louis comme le port d’éclatement vers l’Afrique de l’Est et la zone océan Indien. Il faut faire de Maurice un véritable hub portuaire de la région comme Singapour ou Dubaï. Cela attirera beaucoup plus d’opérateurs économiques vers Port-Louis et le port franc de Maurice. Le port franc et les activités logistiques connaîtront alors un développement très important comme cela a été le cas pour Singapour ou Dubaï. La moitié du trafic conteneurs à Maurice est constitué par le transbordement, signe que le port est déjà un hub. De plus, Port-Louis présente déjà une bonne flexibilité opérationnelle et il existe une vraie volonté de répondre aux besoins du client. Il faut capitaliser sur ces avantages.
La création d’une ligne maritime régionale a-t-elle un intérêt ?
Une ligne maritime régionale a tout à fait sa raison d’être. Cela permettrait d’améliorer sensiblement le feedering dans la région et ainsi d’attirer de nouveaux opérateurs internationaux. Mais la création d’une ligne maritime régionale nécessite des investissements très importants. De plus, c’est un métier très spécialisé qu’il faut laisser aux véritables professionnels. Mais l’idée de créer une ligne régionale n’est pas du tout farfelue.
La pêche peut-elle contribuer à développer le port ?
L’activité portuaire liée à la pêche est aujourd’hui très largement dominée par deux grosses entreprises qui représentent plus de 75 % de l’activité. La matière première est pêchée dans la région, puis elle est traitée à Port-Louis avant d’être réexportée. Port-Louis offre en outre la facilité de débarquer du poisson aux normes internationales. Là encore, il existe un potentiel pour attirer d’autres opérateurs. On pense bien sûr aux Japonais, qui sont des opérateurs réputés et qui disposent d’une flotte de pêche relativement importante dans la régi on. Mais il y a également les Français, les Coréens ou les Espagnols.
Pourquoi n’a-t-on pas pris conscience plus tôt de la nécessité de développer le port ?
Jusqu''''à la fin des années 90, le port servait exclusivement au marché local pour l’importation des produits de consommation et l’exportation des produits manufacturés. C’est avec la création et le démarrage du port franc en 1998 et la mise en service du terminal conteneur au début des années 2000 que la notion de hub et de centre logistique a pris forme et a permis d’entrevoir l’énorme potentiel de développement qui existait pour le port et pour les opérateurs logistiques. Le démarrage a été très lent, mais désormais il existe une véritable prise de conscience pour développer le port afin qu’il devienne une véritable filière économique qui attirera les investisseurs étrangers et augmentera la création d’emplois dans ce secteur.
Propos recueillis par Pierrick Pédel
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