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Dr Soorianarain Baligadoo, cardiologue : «Les Mauriciens mangent trop en calories ! »
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Dr Soorianarain Baligadoo, cardiologue : «Les Mauriciens mangent trop en calories ! »

Depuis une quarantaine d’années,  le Dr Soorianarain Baligadoo, cardiologue et responsable de l’Ecole de médecine Louis Pasteur, fait des recherches sur la prévalence des maladies cardiovasculaires à Maurice et aux Etats-Unis. Il en a conclu que les Mauriciens mangent trop en calories.
Selon vos études le taux de mortalité dû aux maladies cardiovasculaires est plus fort à Maurice qu’aux Etats-Unis. Pouvez-vous nous donner quelques chiffres ?
Nous avons comparé les Etats-Unis à Maurice sur une base de 100 000 personnes. Et en 1986, sur ce nombre d’habitants âgés entre 40 à 44 ans, il y a eu 109 Mauriciens qui sont morts des suites de maladies cardiovasculaires contre 35 Américains. Dans la tranche d’âge de 50 à 54 ans, 290 Mauriciens sont morts contre 127 aux Etats-Unis et de 60 à 64 ans, 402 Mauriciens sont décédés contre 208 Américains. C’est énorme pour Maurice. Au fil du temps, jusqu’en 2005, nous avons quand même remarqué que le taux de décès chez les hommes avait baissé comparé  à son niveau chez les femmes du même âge.
La situation semble critique. On parle souvent de mauvaise alimentation chez les Mauriciens mais qu’est qui pousse justement les Mauriciens à mal s’alimenter. Est-ce par insouciance ou il y a-t-il d’autres facteurs qui contribuent à cela ?
Aux Etats-Unis comme à Maurice, certains facteurs sont les mêmes. Par exemple, il y a le mauvais cholestérol, la cigarette ou la tension artérielle. Nous avons comparé les données et il faut noter que la tension artérielle n’était pas plus forte à Maurice qu’en Amérique, où les Mauriciens ne fumaient pas plus que les Américains mais nous avons un fait particulier à Maurice, c’est le syndrome métabolique. D’abord, il y a la résistance à l’insuline, dans le traitement du diabète. Et le diabète est beaucoup plus fréquent à Maurice mais tout cela n’est que le sommet de l’iceberg.
Donc le diabète ou le mauvais cholestérol ne sont que le sommet de l’iceberg. Qu’y a-t-il d’autre qui justifie ce taux de mortalité élevé à Maurice ?
Notre problème reste les hydrates de carbone. Les Mauriciens en mangent beaucoup trop. Ces aliments composent 67% de nos assiettes. Cela s’explique et le problème franchit la barrière du statut social. Dans les temps difficiles où les gens étaient pauvres, nos ancêtres mangeaient beaucoup d’hydrate de carbone mais pour balancer, ils travaillaient énormément. Mais de nos jours, leurs descendants ont continué à s’alimenter de la même façon mais ils font moins d’activités physiques. Chez les riches, c’est la même chose, sauf que là c’est l’excès. Les Mauriciens mangent trop en calories !
En France, par exemple, les publicités pour de la nourriture sont accompagnées du slogan « Mangez 5 fruits et légumes par jour » ou encore « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé ». Pensez-vous qu’il y a suffisamment de campagne de sensibilisation à Maurice pour encourager les Mauriciens à s’alimenter sainement ?
Les autorités font déjà beaucoup en ce qui concerne la campagne d’information. Aux Etats-Unis, l’emphase est mise sur les graisses saturées. Mais à Maurice, il faut cibler les tranches d’âge. Quand on veut sensibiliser les enfants il faut utiliser le langage des enfants et c’est la même chose pour les femmes. Il faut uniquement faire des campagnes distinctes et ciblées davantage sur les hydrates de carbone.
Que conseillez-vous aux Mauriciens qui souffrent des maladies cardiovasculaires ?
Il faut manger selon ses besoins. Quand on se lève de table, il faut avoir l’impression d’avoir toujours un peu faim. L’activité physique reste un facteur majeur pour gérer sa maladie et lutter contre le mauvais cholestérol. Si j’ai un conseil à donner aux Mauriciens c’est qu’ils essaient de garder leurs poids de 20 ans tout au long de leur vie. Et puis, si on a un patrimoine génétique à problème et que nous savons que nos grands-parents étaient diabétiques ou cardiaques, il faut faire beaucoup plus attention à ce que nous mangeons, et cela dès le plus jeune âge.
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