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Eddy Cheong See (Membre du Conseil des religions) : «S’enfermer dans son groupe ethnique rend aveugle…»
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Eddy Cheong See (Membre du Conseil des religions) : «S’enfermer dans son groupe ethnique rend aveugle…»

Le révérend Eddy Cheong See du diocèse anglican de Maurice considère que l’interculturel, est un voyage. Qui permet de s’ouvrir aux richesses de ceux qui appartiennent à une culture différente.
L’Eglise catholique en France a vivement réagi contre les mesures prises contre les Roms. Se dirige-t-on vers un engagement social plus prononcé des religieux ?
La théologie de la libération est essentiellement orientée vers les marginalisés et les opprimés. Ce qui a été accompli en Amérique du Sud en faveur des minorités doit être souligné. Gustavo Guiterrez, une grande figure de ce combat, a, dans le cadre de sa mission, soutenu les pauvres. Paolo Freire a commencé les communautés de base pour rendre le peuple maître de sa destinée. L’Eglise est appelée à se mettre aux côtés des ti-dimounn à tout prix. Les théologies émergentes bougent en ce sens pour combattre les structures de l’oppression et pour s’exprimer au nom des sans-voix, des plus pauvres parmi les pauvres.
Le député socialiste français Arnaud Montebourg résume ainsi les malheurs des tziganes dans son pays : «Stigmatiser un groupe en raison de son origine []…] est une très grave et condamnable attitude.» La question de l’ethnicité a donc la primauté sur toute autre considération ?
Malheureusement oui, quand nous lisons l’Histoire, nous nous rendons compte que ce qui se passe en France n’est pas nouveau. Il y a un terme anglais intraduisible : Dieu est colour-blind. Le Divin voit le genre humain comme une seule communauté. C’est ce que nous appelons Imago Dei, nous sommes créés à l’image de Dieu. Nous partageons une humanité commune. La spiritualité d’une personne se reflète dans sa façon de traiter son semblable.
 
A Maurice également la question de l’ethnicité revient très souvent au centre des débats…
Quand je parle de l’interculturel, j’ai l’habitude de dire que c’est un voyage. Votre perception des autres cultures dépend beaucoup de votre fréquentation des autres.
S’enfermer dans son groupe ethnique rend aveugle à la richesse des autres. C’est un très long voyage. Y a-t-il le désir d’apprendre des autres ? Aucun dialogue n’est possible si on croit que sa culture est supérieure à celle ces autres. Nous démarrons l’échange interculturel sur un pied d’égalité, on écoute, on apprécie, on partage…
Est-ce que le Conseil des religions, dont vous êtes membre, ne devrait pas réagir plus vivement quand il y a dérapage communal ?
Vous avez raison. Nous faisons beaucoup de choses pour établir des ponts. Le projet de cours en Interfaith à l’université de Maurice, qui débutent en septembre, va dans ce sens. En ce qui me concerne, je réponds qu’effectivement la Conseil des religions doit jouer un rôle plus important quand il y a dérapages et nous, les membres de ce conseil, sommes appelés à être des modèles à cet effet.
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