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Elections régionales à Rodrigues : Entre « baz » et « bagaz »
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Elections régionales à Rodrigues : Entre « baz » et « bagaz »

Les élections régionales rodriguaises se tiennent ce dimanche. La campagne a vu l’apparition des traditionnelles bases et des accusations de corruption, de remise de « ti bagaz ». L’avantage de départ pour l’OPR a-t-il tenu face à la mobilisation accrue du MR ? Réponse ce lundi 6 février.
Ti bato contre Labouzi et Soliter. Les 27 776 électeurs enregistrés à Rodrigues sont appelés aux urnes aujourd’hui. Ils ont à choisir entre 44 candidats se présentant pour les 12 sièges à pourvoir dans les six circonscriptions de l’île et entre quatre listes de six candidats concourant pour les six sièges attribués à la proportionnelle. La majorité sortante, le Mouvement rodriguais (MR), entend rééditer sa victoire de 2006 mais doit faire face non seulement à son rival de toujours, l’Organisation du peuple rodriguais (OPR), mais aussi à ses dissidents du Front patriotique rodriguais (FPR). Une lutte à trois qui place Serge Clair en position de favori pour le siège de Chef commissaire.
Dans cette île habituellement divisée presque moitié-moitié entre MR et OPR, la présence du FPR risque fort d’être déterminante. Puisant ses soutiens dans un électorat autrefois acquis au MR, le parti de Johnson Roussety, s’il ne semble pas en mesure de remporter la joute, peut très bien coûter la victoire à ses anciens amis Ti bato. Pas étonnant alors de voir la confiance affichée par l’OPR ces derniers jours. Comme pour souligner à quel point son destin et celui de l’île étaient liés, Serge Clair déclarait d’ailleurs, voici un peu plus d’une semaine, que son « pli gran mariaz, se avek (…) lepep Rodrigues ».
Pendant ce temps, le MR, conscient de la menace, consacrait une bonne partie de son meeting à Mourouk à critiquer le caractère autoritaire et « dépassé » du leader historique des Labouzi. Nicolas Von-Mally, ministre de Rodrigues, et Gaëtan Jabeemissar, Chef commissaire, ont mené ces dernières semaines une campagne intense pour renverser la vapeur. Pour ce faire, ils ont compté sur deux atouts : le bilan de l’équipe sortante, qu’ils jugent positif, et des moyens logistiques dépassant ceux de leurs concurrents.
Entente tacite OPR-FPR
Le cas des « bases » illustre bien cette dernière proposition. Cette année, les Rodriguais ont vu la prolifération de « bases » politiques semblables à celles des campagnes mauriciennes, agents et  sympathisants s’y regroupant la nuit pour marquer le territoire. Des dispositifs coûteux à entretenir et dont la majorité appartient aux Ti bato. Les largesses du MR ont suscité la colère de ses opposants, dont certains soupçonnent une utilisation abusive des moyens de l’Etat.
Le jeudi 26 janvier, Johnson Roussety et ses partisans ont stoppé à La Ferme deux camions du gouvernement transportant des matériaux de construction. Ils ont accusé l’autorité régionale de faire des dons de barres de fer et de pochettes de ciment à des particuliers pour gagner leurs votes. Ces « ti bagaz », nom donné à Rodrigues aux pots-de-vin, ont été un motif récurrent des arguments de l’OPR et du FPR lors de leurs manifestations respectives.
Benoît Jolicoeur, rédacteur en chef de l’express Rodrigues, relevait dans son éditorial de cette semaine des signes d’« entente tacite » et de « respect mutuel » entre les deux partis d’opposition. A un débat sur Radio One mercredi, Johnson Roussety est allé jusqu’à prédire une victoire de l’OPR. Considérant que son parti a des chances de gagner des sièges à la proportionnelle, il a proposé son aide à Serge Clair  pour constituer une majorité stable à l’assemblée.
« S’il faut travailler avec l’OPR, ce sera sur la base d’un programme gouvernemental de cinq ans », confiait l’ancien Chef commissaire. Une véritable proposition d’alliance qu’a catégoriquement rejetée Serge Clair. Tout en ajoutant que la réussite du projet de l’OPR nécessite « que beaucoup de gens travaillent ensemble ».
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