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Elton Mangoma : «Un taux de croissance à deux chiffres pour les dix prochaines années, au moins»

18 janvier 2010, 12:38

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Elton Mangoma, ministre de la Planification économique et de la promotion de l’investissement au Zimbabwe était en visite à Maurice dans le cadre de la conférence internationale de la Banque mondiale. Membre du Parti du Premier ministre du gouvernement issu de l’accord politique entre le parti de Robert Mugabe et les deux formations de l’opposition en 2008. Proche de l’actuel Premier ministre, Morgan Tsvangirai, il revient sur la situation économique catastrophique qu’à connue son pays et jette un regard optimiste sur l’avenir.


Quelle est la situation économique actuelle au Zimbabwe ?

La situation au Zimbabwe était caractérisée, en 2008, par une forte inflation.  Au début de 2009, des mesures de stabilisation ont été prises pour stopper la poussée inflationniste. On a introduit l’utilisation des plusieurs devises étrangères. Cela signifie que nous avons abandonné l’utilisation du dollar zimbabwéen comme devise unique, et on a introduit le dollar américain et le Rand ainsi que d’autres devises. Cela a permis à l’économie de refaire surface et les produits de base sont désormais disponibles sur les étagères des boutiques. Il n’y a plus de pénurie de nourriture.

D’autre part, les industries locales ont pu reprendre leurs opérations entre  35 et  45 pourcent de leur capacité. De ce fait, l’économie est en pleine croissance. Les investissements étrangers,  reviennent, surtout dans le secteur minier.

Pour résumer, nous avons actuellement une économie en progression. Soit une croissance de pratiquement 4% et peut-être plus. Et en 2010, nous pensons que la croissance atteindra un taux à deux chiffres.

L’économie zimbabwéenne est en train de trouver un second souffle et nous pensons retrouver notre place comme un acteur économique majeur au niveau mondial.

Quelles sont, selon vous, les raisons qui ont abouti à un taux d’inflation que je qualifierais d’astronomique au Zimbabwe en 2008?

Cela fait maintenant plus d’une année que le Zimbabwe a connu ce taux d’inflation astronomique. C’est maintenant chose du passé. Les principales raisons de ce phénomène découlent des activités fiscales entreprises par la Banque Centrale du Zimbabwe, l’impression excessive de billet, et le manque de productivité qui a entraïné une importation excessive.

Et comment se porte le gouvernement issu de l’accord de partage de pouvoir?

Ça se passe bien. C’est vrai qu’il y a eu quelques difficultés concernant l’accord politique global. Mais vous pouvez constater qu’un nombre conséquent d’efforts est en train d’être fait par les partis politiques. Nous sommes, maintenant, soutenu par la SADC alors que  l’Afrique du Sud joue le rôle de médiateur pour s’assurer que toutes les clauses de l’accord politique global soient respectées et appliquées  pour une meilleure stabilité.

La communauté internationale demande, depuis longtemps déjà, le retrait de Robert Mugabe à la tête du Zimbabwe. Comment le peuple zimbabwéen réagit par rapport à cette pression de la communauté internationale ?

Comme vous le savez, nous avons eu des élections présidentielles en 2008 qui ont démontré que notre Premier ministre actuel a récolté plus de voix que le président. C’est une indication sur ce que pense le peuple zimbabwéen. Mais on doit aussi être capable de comprendre que nous avons un accord politique global où les trois partis ont accepté que M. Mugabe devienne le Président du Zimbabwe durant cette période de transition.

Qu’avez-vous à réponde à ceux qui affirment que tous les malheurs du Zimbabwe sont le résultat de l’égo d’un seul homme ?

Tout le monde a droit à sa propre opinion. Mais nous avons actuellement une situation au Zimbabwe qui est largement différente de celle qui prévalait avant l’introduction du gouvernement élargi. Nous avons eu des amendements constitutionnels concernant les pouvoirs du Président, qui apportent une nouvelle structure avec  le poste de Premier ministre le conseil des ministres.

Quand vous regardez le Zimbabwe aujourd’hui, ce n’est pas le même Zimbabwe qu’avant la mise en place du pouvoir élargi.

Je pense qu’il serait plus juste que la communauté internationale comprenne qu’elle n’a plus affaire à l’ancien Zimbabwe où tout le pouvoir au Président Mugabe.

Aujourd’hui, il y a un accord de partage de pouvoir, où il y a trois partis qui participent au gouvernement avec un Président qui a beaucoup mois de pouvoir qu’auparavant.

Le Président Mugabe, a-t-il l’intention de céder la place à quelqu’un d’autre, ou veut-il occuper ce poste pour le reste de sa vie ?

Malheureusement, on n’est pas du même parti politique. Donc, je ne suis absolument pas au courant des projets du son parti, et encore moins de ses projets personnels. Je pense que c’est quelque chose que nous saurons au moment où cela arrivera.

Dans la pratique, comment est-ce que cela se passe avec le Président Mugabe. Partage-t-il vraiment le pouvoir ?

Selon l’accord politique global, le bureau du Premier ministre partage les pouvoirs avec la Présidence. Et il y a tellement de choses que le Président ne peut plus faire sans l’accord du Premier ministre. De ce fait, il faut bien comprendre qu’il avait tous les pouvoirs avant. Maintenant, il partage ces pouvoirs avec le Premier ministre, Morgan Tsvangirai.

Cette nouvelle configuration apporte-t-elle des changements tangibles dans la vie du peuple zimbabwéen ?

Oui. Il y a eu des changements palpables au Zimbabwe. Premièrement, le problème d’un taux d’inflation surélevé n’existe plus. Deuxièmement, les boutiques sont à nouveau alimentées en produits et les gens peuvent enfin s’approvisionner. Troisièmement, la situation sociale s’est nettement améliorée. Les écoles sont, à nouveau ouvertes, les enfants vont à l’école. Quatrièmement, les hôpitaux ont rouverts leurs portes, et les médicaments sont disponibles dans la majorité d’entre eux.

Ainsi, un nombre important de personnes voient et  ressentent ces changements, à tel point qu’ils ont joyeusement dédié les fêtes Noël 2009 au Président et au Premier ministre. La Noël est enfin de retour, disaient-ils.

Tout à fait autre chose, où en est la réforme agricole?

Dans l’accord politique, nous avons tous décidé que l’exercice de la réforme agricole devait se poursuivre. Nous avons voulu faire un audit des terres afin d’être sûr que le maximum de fermiers puissent obtenir l’aide de l’Etat et que ces fermes soient intelligemment utilisées afin d’être plus productives.

Vous semblez très optimiste concernant l’avenir du Zimbabwe. Quelles sont vos prévisions pour les années à venir sur le plan économique ?

Je suis convaincu que l’économie du Zimbabwe va progresser de manière à soutenir un taux de croissance à deux chiffres pour les dix prochaines années, au moins. Je pense que le peuple du Zimbabwe a les moyens académiques et il est déterminé à l’idée de relever ce défi.
Nous avons énormément de ressources naturelles que nous devrons êtres capables d’exploiter. Récemment, on a découvert des diamants, et cela, nous en sommes convaincus, jouera un rôle prépondérant dans le développement économique de notre pays.

Nous avons également des projets concernant le secteur des télécommunications et de l’informatique, car nous voulons créer une  industrie des TIC et favoriser son développement dans notre pays.
Je suis très optimiste concernant notre avenir. Il y a énormément de choses qui se font actuellement au Zimbabwe. On est l’un des rares pays qui permettent au secteur privé de participer au développement infrastructurel au niveau national, alors qu’il y a beaucoup de pays qui pensent que c’est un domaine réservé à l’Etat.

Concrètement, comment est-ce que la conférence de la Banque mondiale sur le thème « Doing bussiness in Africa : Sharing experience on reform » aidera le Zimbabwe sur le plan économique et politique ?

Il est important de comprendre comment fonctionne la Banque mondiale, et cette question de faire du business en Afrique, afin que nous puissions améliorer notre compétitivité. De ce fait, nous allons nous calquer sur ce que recommande la Banque mondiale afin de veiller à ce que les différentes étapes nécessaires soient appliquées, et le plus promptement possible.

Et le mot de la fin ?

Je voudrais simplement faire ressortir que le Zimbabwe est l’une des plus importantes destinations pour l’investissement dans le monde. Nous avons une politique qui comprend l’utilisation de plusieurs devises étrangères, ce qui fait du Zimbabwe l’un des rares pays à avoir un taux de change libéral. Nous allons conserver cela pendant encore un moment.

On est donc l’un des rares pays à offrir autant de facilités aux investisseurs. C’est le moment pour ces derniers de venir au Zimbabwe.

Voir la vidéo de l''''entretien (version anglaise)


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