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Engagisme : Tout ce qu’on ne sait pas

Vaste exploration, mais surtout début d’exploration. C’est ce que propose «Angaje», trois volumes de recherches sur l’histoire, la société et la culture des travailleurs engagés.
Reconnaître que l’on ne sait pas. N’est-ce pas le premier pas vers la connaissance ? Profitant de la publication de trois volumes de recherches sur l’engagisme et son histoire par l’Aapravasi Ghat Trust Fund (AGTF), Vijaya Teelock, présidente du comité éditorial de ces publications, prend justement le parti de dire que la recherche interdisciplinaire est encore au stade de l’enfance.
«One is indeed only at the very early stages of a truly comparative approach to the history of indenture and slavery», écri elle en introduction aux trios volumes de Angaje. Angaje étant un mot en bhojpuri qui désigne les travailleurs engagés. N’allez pas croire que ces trois volumes sont constitués de papiers académiques hermétiques.
«T he AGTF has chosen to mix writings from seasoned scholars and from writers with a long-standing interest in indenture, with emerging researchers starting out on their first piece of research work», relate Vijaya Teelock. L’objectif : encourager les nouvelles générations à s’intéresser à l’Histoire, à leur histoire.
«Indian migration did not start in 1 8 3 4 , but in the 18 th century. And these links between old and new migrants need to be studied and explored further», suggère l’historienne. Ce n’est là que l’un des multiples angles pour aborder une période qui s’étend officiellement de1826 à 1910. C’est-à-dire, à la fois si loin, mais en même temps, tellement près de nous.Tellement vivante en nous.
HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT
D’ailleurs, «indentured labour migrants into Mauritius did not enter virgin territory», note encore l’experte. Parconséquent, étudier l’engagisme et le comprendre signifie étudier et comprendre une société et son évolution. «( …) in Mauritius, the official neglect of ex-slaves and their descendants constitutes Britain’s ‘Unfinished Business’ and has yet to be acknowledged in ‘official’ British history and commemorations». Vijaya Teelock va plus loin : «The British Government’s record on this story remains unrecognized in Britain». Décoloniser les mentalités, cela ne va pas que dans un sens.
Celle des colonisés, devant gagner son indépendance d’esprit. Qu’en est-il des anciennes puissances coloniales ? Elles, qui ont eu toute-puissance sur les 456 000 travailleurs qui ont débarqué à Port-Louis entre 1834 et 1910. (Chiffre extrait de Hamara Itihaas. The Origins and experiences of the pioneer bihari indentured labourers in Mauritius, 1 8 3 0-1 8 9 0, signé Satyendra Peerthum en collaboration avec le Dr. Satteeanund Peerthum). N’ont-elles pas un devoir de mémoire, un devoir d’honnêteté ?
L’historienne évoque également les caractéristiques uniques de l’engagisme à Maurice, qui le différencie de celui pratiqué dans d’autres colonies britanniques.
En ouverture du premier volume d’Angaje, Sonwantee Deerpalsingh, ancienne responsable du Folk Museumet des archives du Mahatma Gandhi Institute, revient sur les origines des engagés. D’autres auteurs regardent de plus près l’immigration des marathis, des telugus, des biharis et des Indo-Christians.
Quant à Corinne Forest, Head Technical Unitde l’AGTF, elle ouvre des perspectives d’avenir en décortiquant les lois et les conventions qui protègent le patrimoine. «Many examples show that heritage is not only compatible with development, but it can also be a vector of economic cohesion and support a sustainable approach to urban development. This aspectis rarely envisaged in theMauritian context.»
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