Publicité

Eric Guimbeau, leader du Mouvement Mauricien Social Démocrate (MMSD) "Je ne me retrouve pas dans cette mare communale"

29 septembre 2012, 04:40

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Marginalisé par le MMM, Eric Guimbeau revient sur le devant de la scène avec des propositions en marge de la réforme électorale. En attendant d’être entendu, il anime, depuis un mois, des réunions à Curepipe. Son ambition ? Prendre la municipalité de cette ville.

Que pensez- vous de la proposition du MMM de remplacer le « Best Loser System » ( BLS) par une troisième liste de candidats non élus ?

A-t-on besoin de 28 conseillers supplémentaires dans un pays de 1,3 million d’habitants, où nous avons déjà 69 députés ? En Inde, avec une population de 1,2 milliard, il y a un député pour 2,2 millions d’habitants. En France, il y a un député pour 100 000 habitants.

Alors qu’ici, il y a un député pour à peu près 18 000 habitants.

Au MMSD, nous disons que ce n’est pas le nombre de députés qui va améliorer les conditions de vie des Mauriciens. Ce qui nous manque aujourd’hui, ce ne sont pas des députés, la population est suffi samment représentée. Ce qui nous manque, c’est la compétence.

Que proposez- vous pour avoir plus de compétences ?

Nous proposons la création d’une deuxième Chambre composée de dix sénateurs et sénatrices. Des gens qui ont des compétences, mais qui ne veulent pas nécessairement être candidats aux élections.

Néanmoins, ils veulent contribuer à la vie publique.

L’idée de la proportionnelle c’est un peu ça : ouvrir les portes du Parlement à ceux qui ne veulent pas faire face à l’électorat.

Oui, mais du moment où ils seront sur une liste préparée par leurs leaders, ils seront des yes men ! Parce qu’ils seront redevables ! Si on a un sénat qui est nommé par un politicien, rien ne marchera.

Que ferait cette Chambre ?

Un sénat aurait un droit de regard sur ce qui se passe au Parlement. Un député n’est pas toujours une personne compétente, vous savez. Il est peut- être fort dans les discours, pour coller des affiches etc., mais sans plus. Je ne généralise pas, évidemment.

Comment nommer ces sénateurs?

Cela reste à déterminer, bien évidemment.

Mais il faudrait un panel de sages, composé de patriotes qui aiment leurs pays et qui feront l’unanimité. Ils nommeront les sénateurs.

Je crois qu’il est important pour nous d’avoir un système de checks and balances . Actuellement, il n’y a personne pour dire au Parlement qu’il est en train de dépasser les bornes et c’est dangereux.

Revenons- en à ma question initiale : que pensez- vous d’une liste de huit personnes, choisies par le leader de leur parti uniquement, qui ne passera pas par la voix du peuple, mais qui sera choisie grâce à l’appartenance à telle ou telle communauté ?

Mais enfin, on fait semblant d’enlever le BLS pour le remplacer par une formule similaire ! Bérenger veut que ce soit le leader qui nomme ces huit députés. Au lieu de démocratiser la politique, on veut aller vers plus de pouvoirs entre les mains des leaders. On est pour une réforme qui est dans l’intérêt du pays. Pas une réforme qui sera dans l’intérêt d’un parti politique ou de leaders politiques.

Que pensez- vous de l’idée d’un député qui représente une communauté ?

Pas d’accord du tout. Je suis un Mauricien et quand j’entre au Parlement, je représente la nation mauricienne. Sinon, qu’est- ce que cela veut dire ? Je suis blanc et donc je devrais ne représenter que les blancs au Parlement ? C’est du n’importe quoi ! Vous savez ce qu’est le problème du MMSD ? On est des Mauriciens et on ne se retrouve pas dans cette mare communale dans laquelle les autres partis politiques sont en train de patauger.

J’ai été élu par les habitants de Curepipe. C’est inacceptable qu’en 2012, un député vienne dire qu’il représente sa communauté. Moi, je n’ai aucun problème si le Premier ministre du pays s’appelle Navin, Paul ou Iqbal, tant qu’il travaille pour le pays et qu’il amène la justice sociale pour tous et le développement du pays avant tout.

Malgré ce que vous êtes en train de dire aujourd’hui, vous avez voté, au Parlement, par rapport à l’avortement selon vos convictions religieuses.

Non, j’ai voté selon ma conscience. Pour moi, tuer un bébé est inacceptable.

Donc vous avez amené votre religion au Parlement ?

Non, ce n’est pas la religion, c’est une conviction personnelle car je ne suis pas un criminel.

Mais vous avez été élu par les habitants de Curepipe et vous les représentez au Parlement. Parmi les gens qui ont voté pour vous, il y en a qui n’ont aucun problème avec l’avortement. Or, vous avez défendu votre opinion religieuse au Parlement sans prendre en considération la réalité de tous vos mandants.

( Hésitations…) Je suis d’accord qu’il y a beaucoup de personnes dans ma circonscription qui sont pour, alors que j’ai voté contre. Mais un député doit aussi avoir une certaine liberté. Je dois être libre de ne pas aller contre ma conscience ! Quand on fait de la politique, il faut aussi avoir des convictions et des idéaux ! Parmi mes mandants, il y en avait qui étaient pour et d’autres contre. Il a fallu trancher et j’ai pris la décision selon ma conscience.

Le MMSD a annoncé qu’il allait aligner 15 candidats aux élections municipales. Etes- vous aussi sûr que cela que les élections auront lieu cette année ?

Au MMSD, nous ne voulons pas être pris par surprise. Que les élections soient en décembre ou en mars, on veut être prêt. Et notre ambition est de prendre la ville de Curepipe.

Cader Sayed- Hossen a dit à plusieurs reprises que les gens « s’en foutent » des municipales. Est- ce la conclusion que vous tirez après vos réunions ?

Les gens s’en foutent parce qu’ils ont été délaissés. Qu’a- t- on fait en sept ans pour les Curepipiens ? Mais quand les gens savent qu’il y a une alternance, alors là, ils sont motivés.

C’est normal que Cader Sayed- Hossen ne le saura pas. Avec le traitement qu’ils ont donné aux citadins ces sept dernières années, c’est normal que ces derniers les boudent.

Mais si le gouvernement a pu renvoyer les élections à deux reprises sans que les gens ne soient descendus dans la rue, cela démontre un certain désintérêt, non ?

Les Mauriciens sont des gens pacifi ques.

C’est quand ils iront aux urnes que le gouvernement aura un choc. Et, c’est là que la frustration des sept dernières années va sortir.

Et vous ? Qu’allez- vous faire pour Curepipe ?

Notre programme est prêt. Le citadin va se sentir partie prenante de sa ville et sa gestion. On va mettre sur pied des comités de sages qui vont appeler les Curepipiens pour qu’ensemble, on décide. Je vais appeler les commerçants pour discuter de ce qu’il faut faire pour redonner vie à Curepipe.

Déjà, nous organisons une foire artisanale demain à l’Hôtel de ville et nous avons 150 exposants. Quand nous remporterons les municipales, nous ferons une foire artisanale permanente où les Curepipiens pourront venir tous les jours pour exposer leurs produits. Nous chercherons des sponsors avec le secteur privé pour embellir la ville, nous allons relâcher toutes les activités sportives et sociales.

Nous avons un programme bien étoffé et sérieux que nous mettrons en pratique avec l’aide des fonctionnaires. J’ai déjà travaillé avec des fonctionnaires et je sais qu’ils sont de grands travailleurs, mais il faut savoir travailler avec eux. Je vais rencontrer les commerçants et je vais leur demander de commencer à ouvrir le soir. La municipalité paiera les policiers pour assurer la sécurité, mais de grâce, laissons vivre cette ville. Et nous allons dire à Aimée que si gouvernement pa le donn nou kas, pena traka . Nous allons frapper à la porte du secteur privé pour ne pas dépendre de l’argent d’Aimée. Nous allons leur dire, venez investir dans votre ville. Nous aurons une hotline pour tous les problèmes. On ne va pas attendre six mois pour réparer un lampadaire. Nous allons améliorer les services de voirie, nous allons nous assurer que les entreprises de Curepipe emploient prioritairement des Curepipiens.

 
 
 

Publicité