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Eric Ng : «Des mesures du budget ont relancé l’inflation domestique»

24 février 2011, 04:24

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Les syndicats font front contre la flambée des prix des denrées de base. Cette envolée n’est-elle dépendante que de la conjoncture internationale ou y a-t-il des éléments internes qui peuvent l’expliquer ?

Cette flambée des prix alimentaires est due, pour l’essentiel, à la hausse des prix internationaux. Les inondations, les sécheresses et d’autres intempéries dans nos pays fournisseurs, comme l’Inde, le Pakistan et l’Australie, ont un impact direct sur la production et, en conséquence, sur les volumes d’exportation des denrées de base. Lorsque l’offre chute, le prix grimpe automatiquement face à une demande supérieure. L’île Maurice est dépendante de ces aléas climatiques vu qu’elle importe une très grande partie de ses consommations d’aliments. Ce sont des chocs exogènes qui sont hors de notre contrôle.

En revanche, certaines mesures prises dans le dernier budget ont aussi relancé l’inflation domestique. Les taxes sur la production locale ont obligé les fabricants à monter leurs prix. Ces hausses de prix sont peut-être exceptionnelles, mais le problème est qu’elles ne seront pas suivies d’un retour à la baisse des prix. Finalement, les augmentations de prix peuvent faire boule de neige en ce sens que les producteurs de services relèvent leurs tarifs pour s’aligner sur la hausse du coût de la vie. Par exemple, un dentiste ou un coiffeur seraient tentés de renchérir sur leurs honoraires...

La hausse des cours mondiaux des matières premières ne reflète pas la réalité, dit Olivier de Shutter, rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation de l’Organisation des Nations unies. Qu’est-ce qui explique cette montée en flèche en quelque sorte virtuelle ?

L’augmentation est bien réelle et n’a rien de virtuel. Simplement, des financiers spéculent à la hausse sur les cours des matières premières. La spéculation internationale n’est pas nécessairement une mauvaise chose, car elle oblige les producteurs à réajuster leur offre en accroissant leurs investissements. Par là, le marché agit comme un signal, révélant des informations sur la rareté relative d’un produit spécifique. Une hausse des cours peut indiquer une reprise de l’économie mondiale... Les spéculateurs ne font qu’anticiper les tendances futures.

Les pays en développement comme Maurice sont-ils donc totalement vulnérables aux dérives spéculatives des grandes salles de marché ?

Ce que vous appelez dérive spéculative n’est qu’une prise de position par rapport à l’avenir. Nous sommes tous des spéculateurs, et ce, dans tous les domaines, financiers et non financiers. Un agriculteur qui pense que la saison des grosses pluies arrivera en mars ne fait que spéculer. Il prendra ainsi des dispositions en assurant ses plantations. Mais s’il ne pleut pas en mars, alors il fera des pertes sur son assurance. Nous devons donc être de bons spéculateurs dans notre propre pays, au lieu de voir ce qui se passe ailleurs dans les grandes salles de marché.

Comment l’île Maurice pourrait-elle contenir l’escalade des prix ?

Essayons au moins de contrôler notre roupie pour atténuer la flambée inévitable des prix internationaux. Une dépréciation de la roupie ne ferait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Nous devons aussi développer notre agro-industrie sur une plus grande échelle et en utilisant des technologies de pointe. Ensuite, il convient de libéraliser les importations des produits alimentaires pour permettre une plus grande concurrence dans la distribution.

Entrevue réalisée par Gilles Ribouet

Lire l’intégralité de cette entrevue dans la version électronique de l’express.

 

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