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Faheema Korumtollee : «De plus en plus d’enfants sont en surpoids. C’est inquiétant»

4 novembre 2009, 09:10

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Sur ordre du ministère de la Santé,  les cantines scolaires du pays ne vendront plus que du maïs et du manioc bouillis, des fruits, des noix, des pains fourrés d’aliments non-«deep-fried», de l’eau, des «dholl puris» et des «rotis». Cette mesure sera effective  dès la prochaine rentrée scolaire, en janvier 2010.

La nutritionniste et diététicienne Faheema Korumtollee donne son point de vue à ce sujet.

Cette décision vise clairement à contrôler ce que mangent les enfants. Est-ce justifié ?

A Maurice, nous avons noté, ces dernières années, une augmentation dans le nombre d’enfants en surpoids ou en obésité. Nous sommes très inquiets par rapport à cette tendance. Il faut savoir qu’un enfant obèse qui entre dans l’âge adulte dans ce même état d’obésité, a plus de risques de développer des maladies coronaires ou cardiaques, le diabète, l’hypertension ou l’hypercholestérolémie.

Quelles sont les causes de l’obésité chez les enfants ?

Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce problème.

Premièrement, aujourd’hui, les enfants consomment moins de légumes et de fruits. Deuxièmement, les aliments riches en sucre et en graisses sont plus accessibles de nos jours. Troisièmement, les enfants ne font pas suffisamment d’activités physiques. Quatrièmement, les parents aussi sont fautifs. Dans les pays en voie de développement, les parents, quand ils étaient enfants, n’avaient pas accès à la restauration rapide et aux gâteaux.

Mais aujourd’hui, le niveau de vie des Mauriciens s’est beaucoup amélioré.

Les «fast-foods» et les pâtisseries sont partout dans l’île maintenant. Ces enfants d’hier, devenus parents aujourd’hui, peuvent se permettre d’y amener régulièrement leurs progénitures. C’est leur façon à eux de leur offrir une gâterie.  Puis, il faut dire que ce genre de sortie est très branché pour les Mauriciens, depuis quelques années.

Que pensez-vous de la nouvelle liste de produits autorisés par les autorités dans les cantines scolaires du pays ?

Cela cadre, d’une part, avec l’objectif de promouvoir la consommation de fruits et de légumes. D’autre part, pour inciter les enfants à manger davantage d’aliments dont l’indice glycérique est bas. Vous savez, les produits vendus dans les cantines scolaires sont contrôlés même dans les pays développés.

La présence de «dholl puris » et de «rotis» dans cette liste n’est-elle pas une contradiction?

En effet, c’est un paradoxe. En tant que diététicienne, je ne les recommanderai pas. Mais cela dépend de la préparation de ces produits. Le ministère de tutelle a-t-il prévu des lignes directrices à ce sujet ? Si les «dholl puris » et les «rotis» sont cuisinés sans «mantègue» ou beurre, ça pourrait aller. Encore faut-il  que la sauce accompagnatrice ne soit pas grasse.

Et quid de l’absence surprenante de produits laitiers ? Le lait n’est-il pas bénéfique à la santé, surtout la croissance des enfants ?

Bien sûr que le lait est bon pour la santé. Peut-être que les autorités n’en autorisent pas la vente parce que certaines cantines ne sont pas équipées de réfrigérateurs. C’est dangereux pour la santé de boire du lait qui a été mal conservé.

Quel est le régime approprié pour un enfant au quotidien ?

Un enfant doit consommer chaque jour, trois à quatre produits laitiers, deux à trois portions de légumes, deux à trois fruits, deux portions de protéines (viande, poisson…) et au moins un litre de fluides – de l’eau ou boissons faibles en sucre.

Il a aussi droit à deux ou trois collations par jour, à condition que ce soit des «snacks» sains tels que les fruits, du maïs bouilli, des biscuits secs, un yaourt ou une tranche de fromage, si le quota en protéines n’est pas rempli.

Si ce problème d’obésité chez les enfants n’est pas pris en main aujourd’hui, que risque-t-il de se passer dans le futur ?

La population sera maladive. Une part importante du budget national sera consacrée au curatif plutôt qu’au préventif. Comme dit le proverbe, «il vaut mieux prévenir que guérir». Il faut se concentrer sur la prévention dès maintenant. En plus de superviser l’alimentation des enfants, il faut les encourager à bouger, que ce soit à travers la danse, la course, la natation ou les jeux…

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