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Filip Fanchette: «Grégoire n’a peut-être pas besoin d’une fédération pour sa lutte»

25 décembre 2009, 20:00

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Filip Fanchette: «Grégoire n’a peut-être pas besoin d’une fédération pour sa lutte»

Le père Filip Fanchette rappelle que la Fédération Créole Mauricien (FCM) est une fédération et non une organisation monolithique où une seule personne décide pour le groupe.


Le prêtre dénonce le manque de démocratie, l’incapacité d’empower ses membres et les pratiques non règlementaires pour une fédération digne de ce nom. Il rappelle également que la FCM doit vivre de ses propres droits et ses principes avant de lutter pour défendre les droits des autres.


Il semble que vous auriez quitté la FCM?

Tout d’abord, je n’ai pas quitté la fédération. Quand la coalition au pouvoir après l’indépendance a repoussé légalement les élections tout en maintenant l’état d’urgence, de nombreux amis et moi-même avions protesté contre cela. Selon moi, une décision légale peut être immorale. La démocratie est une valeur absolument incontournable pour moi. Plusieurs personnes ont donné leur vie pour elle et nous devons la prendre au sérieux.

J’ai été condamné en deux fois pour avoir incité à la désobéissance en organisant des rassemblements illégaux avec les syndicats à Rose-Belle, entre autres. Pour moi, c’est un droit démocratique de prendre les décisions ensemble. Je ne peux pas accepter que, dans une fédération qui est officiellement une organisation démocratique, on ne respecte pas la démocratie.

Ces dernières années, nous avons lutté pour la justice et pour les droits qui sont reconnus internationalement. Et l’un d’eux, un droit capital pour lequel je suis en train de me battre avec le soutien de mes amis à l’étranger, c’est le droit à la participation active et réelle. Ces droits sont des instruments. Je les défends même si je suis dans l’Eglise, une organisation où la participation active et réelle n’existe pas dans certains domaines. C’est mon choix. Mais si je choisis d’appartenir à une fédération, le droit à la participation totale est un droit incontournable.

Pour moi, la FCM est importante. Le problème, c’est que le père Jocelyn Grégoire, à qui je donne tout mon soutien puisqu’il a fait ce que beaucoup n’ont pas pu faire, et je le dis clairement Jocelyn Grégoire n’a peut-être pas besoin d’une fédération pour sa lutte, puisque celle-ci est un boulet pour lui.

Ce qu’il lui faut peut-être, c’est une organisation monolithique où il est le seul à prendre les décisions où il n’y a pas de vote. Je ne suis pas contre qui que ce soit. C’est une position de principe, une fédération doit rester démocratique.


Avez-vous rencontré le père Grégoire pour lui faire part de votre contestation?

Non, je ne l’ai pas rencontré. Ce n’est pas une affaire entre Jocelyn et moi. Cela concerne une organisation à laquelle j’appartiens. Lors de notre dernière session de travail au collège St Marys, nous avons pris la décision de mettre sur pied un comité pour l’assemblée générale et d’organiser une élection générale. Lorsque j’ai appris au dernier moment qu’il n’y aura pas d’élection générale et que six membres du comité exécutif allaient être remplacés, j’ai dis non. Ils m’ont alors demandé de soumettre ma démission et de l’antidater à novembre. C’est absolument inacceptable. Je refuse que les gens faussent les choses, je ne vais pas le faire à mon tour. Ma démarche, c’est de faire comprendre aux gens de la fédération, ce qu’est une fédération.

Quels sont les voies que vous avez prises pour vous faire entendre au sein de la fédération?

J’ai fait entendre ma voix verbalement. Ils savent très bien quelle est ma position. Ce n’est pas une affaire personnelle. Pour moi, c’est une question de principe. Lorsqu’un principe est en jeu, il faut le régler au grand jour. Mon rôle, c’est de changer une manière de fonctionner. Souvent, nous le faisons individuellement et on se dit: «allons oublions cela». Mais pour moi, l’enjeu est capital, il y va du fonctionnement de la FCM. Soit, nous disons que nous sommes une fédération et que nous fonctionnons comme telle soit nous acceptons que nous n’avons pas besoin d’être une fédération mais rester une organisation. Je n’ai absolument pas de problème de ce côté-là.

Que comptez-vous faire si la FCM persiste dans cette ligne?

Ce sont les gens du comité exécutif qui devront répondre de ce problème. Je l’ai soulevé, mais j’apprends que moi, je siège toujours sur le comité exécutif alors que depuis le mois de septembre, je ne siège pas au comité exécutif. Arlette Adam, qui a participé au comité exécutif jusqu’au dernier moment, a été remerciée parce qu’elle a été absente. Mais à moi ils ne me disent rien, ils ne me renvoient pas sous prétexte que je suis un prêtre.


Voulez-vous être limogé de la FCM?

Il faut appliquer les mêmes règlements pour tous. Tout ce que je demande, c’est une transparence totale et de l’impartialité. Que le comité exécutif d’aujourd’hui fonctionne comme tel.

Il y a un autre élément que j’aimerai soulever pour illustrer ce dysfonctionnement. J’ai accepté, sur un principe purement provisoire, d’être le président d’un comité. J’avais accepté quelque chose qu’il m’était difficile d’accepter, parce que je n’appartenais à aucune organisation et ils ont trouvé une organisation dont j’en suis devenu membre depuis. Je n’ai pas été délégué par les autres membres de cette organisation puisqu’ils ne m’ont pas plébiscité. Et aucun des membres du comité exécutif ne siège légitimement.


Nous fonctionnons alors dans une situation provisoire. J’accepte que, dans un comité provisoire, nous ne pouvons pas tout faire comme on le voudrait, mais lorsque l’occasion se présente, il faut que nous observions ce que nous devions observer. Pour moi, c’est un principe et ce que je veux, par mon action, c’est ce droit incontournable aujourd’hui. C’est le droit à la participation et à l’empowerment. C’est de pouvoir se dire que j’ai le droit de décider là où je suis.


Etes-vous optimiste quant à l’avenir de la FCM?

Je suis d’accord qu’auparavant on pouvait fonctionner comme tel mais les choses doivent changer. Un membre du comité exécutif demande à Mariane Naganne, qui est officiellement la secrétaire, de trouver un document avec un président pour devenir membre secrétaire de l’organisation. Sans cela, elle ne pourra pas siéger au comité. Cela aurait dû être fait avant les élections. Je dis cela pour les ONG également. La démocratie est importante.

Est-ce vous demandez plus de transparence et de clarté sur les actions du FCM par rapport à des décisions prises dans le passé?

C’est sûr! Ce que je trouve dommage, c’est que le travail que nous avons accompli lors du week-end à St Mary’s, où la participation était exceptionnelle, où j’ai senti à ce moment que la FCM devenait un groupe homogène, où il y avait des gens qui réfléchissaient ensemble, ce n’était qu’un beau rêve, un grand moment de bonheur où je me suis dit: «On allait démarrer comme une vraie fédération». Et lorsque j’apprends officieusement et par hasard que c’était juste pour remplacer des gens, je suis sorti de mes espoirs de voir la FCM fonctionner comme une fédération. Il ne faut pas nous traiter ainsi. La moindre des choses, c’est qu’on nous prévienne.


C’est un manque de communication et de transparence?

C’est un manque de respect des règlements. La FCM doit être crédible et attirer beaucoup plus personnes à rejoindre son combat. Beaucoup ne se sentent pas à l’aise au sein de FCM parce que les choses n’y sont pas claires. J’y ai beaucoup réfléchis moi-même, et je ne peux pas tolérer tout cela.


Qui dénoncez-vous?

Certains à la tête de la fédération considèrent que cet aspect démocratique n’est pas important. Le droit à la participation, à l’empowerment, c’est un droit inaliénable. Beaucoup y ont laissé leur vie à cause de cela. Nous devons l’utiliser nous-mêmes pour apprendre aux autres à l’utiliser. Comment aller combattre pour les droits des autres si nous ne combattions pas pour nos propres droits?

 

 

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