Publicité

François de Grivel : «Il faudrait une baisse sensible du taux repo en décembre»

14 septembre 2011, 08:24

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le CEO du groupe Grivel estime qu’il faudrait une baisse sensible des taux d’intérêt en décembre, cela « dans l’esprit d’une véritable relance de l’investissement ».


? Le comité de politique monétaire de la «Bank of Mauritius» a laissé le taux repo inchangé à 5,50 %. Que vous inspire cette décision ?

D’un point de vue général, cette décision devrait être favorable au développement économique dans un contexte délicat, avec une situation internationale qui doit être analysée avec précaution. Un taux repo inchangé, c’est une bonne chose même si, bien sûr, nous aurions préféré une baisse du loyer de l’argent. Cette mesure nous a tranquillisés. Elle permet aux entreprises de se relancer et d’affronter l’avenir. Elle permet surtout de maintenir les engagements bancaires. Ce qui va pourra faire repartir l’investissement, si possible, dans un contexte un peu frileux. Dans la situation incertaine d’aujourd’hui, ce statu quo donne une bonne direction
à l’économie.

? Existait-il une marge de manœuvre pour détendre le loyer de l’argent ?

Il y avait une marge de manœuvre. La baisse des taux était possible. Elle aurait pu porter sur 25 ou 50 points de base. Cela aurait donné encore plus de confiance aux entrepreneurs. Toutefois, cette détente monétaire aurait peut-être été prématurée. Nous allons voir comment évolue le quatrième trimestre et nous aurons des entretiens avec la Banque centrale avant la réunion du prochain comité de politique monétaire en décembre. Il sera important de voir comment évoluent les carnets de commandes chez les industriels et les réservations dans le tourisme. En fonction de ces éléments, nous aurons une meilleure visibilité et des premières indications pour le début de l’année 2012. Dans cette perspective le récent statu quo sur le taux directeur est une décision transitoire.

? La Banque centrale trouve le «mood» des acteurs économiques trop pessimiste. Que pensez-vous de cette opinion ?

Nous devons être objectifs. Nous, les entrepreneurs, gérons des carnets de commandes. Sans visibilité à court terme, nous nous posons des questions. On se doit d’analyser l’avenir avec précaution. Nous dépendons de l’Europe et des Etats-Unis et nous savons tous que ces marchés souffrent aujourd’hui d’un problème de consommation et de confiance. Si aux Etats-Unis, le chômage baisse, la consommation repartira. Si en Europe, on retrouve un équilibre financier, il y aura une confiance retrouvée.

? L’inflation reste-t-elle une préoccupation majeure ?

C’est une préoccupation pour tout le monde. Nous comprenons que l’inflation soit un sujet d’inquiétude pour la Banque centrale. Avec la roupie forte, on pensait que l’inflation baisserait du fait de la baisse des prix des produits importés mais cela n’a pas été le cas. Un taux d’inflation de l’ordre de 4 % à 5 %, ce serait bien, mais on est loin d’être sûr d’avoir ces niveaux en décembre.

? La Banque centrale a revu son objectif de croissance pour 2011 à 4,4 %. Est-ce réaliste ?

C’est encore optimiste. Je ne pense pas que l’on puisse atteindre ce niveau. On sera plutôt vers les 4,2 % à 4,3 %.

? Les banques ont récemment acheté de l’euro à environ Rs 37. Ce niveau est-il encore supportable ?

L’euro devrait remonter car la roupie reste trop forte. Nous vendons maintenant nos euros aux alentours de Rs 38,50 mais cela reste encore trop faible. Et surtout, cela touche des pans entiers de l’économie puisque les industries, le sea food ou le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) exportent à près de 70 % vers l’Europe. Quand l’euro est faible, cela entame la trésorerie et gêne le fonctionnement même des entreprises. La situation est d’autant plus dure à supporter que nous avions tablé sur une stabilisation à Rs 39 ou Rs 40 pour un euro. Avec le niveau actuel, ce n’est pas intenable mais cela reste très dur.

? La prochaine réunion du comité de politique monétaire se tiendra en décembre. Qu’en attendez-vous ?

Il faudrait une baisse sensible des taux d’intérêt en décembre dans l’esprit d’une véritable relance de l’investissement. Car les outils vieillissent aussi bien dans l’industrie, le tourisme que dans les TIC. Et une détente du loyer de l’argent, cela veut dire des coûts d’investissement moins lourds à supporter. Personnellement je suis favorable à une baisse de 50 points de base.

Propos recueillis par Pierrick Pédel

Publicité