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Hemraj Ramnial : L’Afrique offre nombre d’opportunités aux jeunes dans le textile
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Hemraj Ramnial : L’Afrique offre nombre d’opportunités aux jeunes dans le textile

Le président de la MEXA affiche l’optimisme pour l’avenir du textile mauricien. Mais, pour lui, il faut aussi à tout prix encourager les jeunes à se lancer dans ce secteur. L’Afrique est en pleine croissance, soutient-il. Et, les jeunes gagneraient à saisir cette opportunité...
◗Avec le chômage en hausse chez les jeunes, la MEXA veut les attirer vers le textile. N’est-ce pas une course perdue d’avance ?
Il faudra tout faire pour augmenter le nombre de travailleurs mauriciens dans ce secteur. Le chômage est en hausse parmi les jeunes. La main-d’oeuvre étrangère coûte cher, mais elle aide à maintenir notre compétitivité et l’emploi des Mauriciens. Elle est complémentaire. Sans des étrangers, les machines ne tournent pas, mais nous ne pouvons pas continuer d’augmenter la main d’œuvre étrangère. Il faudra renverser la tendance.
◗Surtout que le personnel au niveau du «Middle Management» des entreprises textiles est vieillissant...
Nous avons le même problème que dans plusieurs autres secteurs, dont le bâtiment. C’est important de renforcer le Middle Management et de renouveler notre effectif. Nous voulons préparer et former les jeunes pour qu’ils soient les leaders et les cadres de demain. Non seulement pour Maurice, mais aussi pour la région. D’autant plus qu’il y a des jeunes qui sont des diplômés de l’université mais qui sont toujours sans emploi. Nous sommes prêts à les former.
L’Afrique, en pleine croissance, aura besoin de tels cadres. Il y a plusieurs pays africains qui sont bénéficiaires de l’Africa Growth and Opportunity Act. Il faudra un changementde mindset. L’Afriqueest importante non seulementpour l’exportation de nos produits textiles mais aussi pour l’emploi. Quand nous formons des jeunes, ici, à Esquel, certains resteront chez nous et renforceront notre Middle Management,mais d’autres vont certainement vouloir partir à l’étranger. Avec la formation qu’ils auront reçue, ils pourront aussi trouver des opportunités d’emploi en Afrique.
◗L’emploi dans le textile continue de baisser. En 2012, quelque 44 000 personnes sont employées, contre 72 000, il y a cinq a six ans.
Cinq à six ans de cela, l’on exportait pour Rs 24 milliards. L’année dernière, on a exporté pour Rs 27 milliards. Il faut croire dans le textile. Moi, je suis optimiste pour l’avenir de ce secteur.
◗Et ne craignez-vous pas des licenciements dans le textile cette année ?
L’emploi sera plutôt stable, comme cela a été le cas l’année dernière.
◗Qu’en est-il du marché européen ?
Le marché sud-africain connaît une forte progression, mais il ne faut pas pour autant négliger le marché européen. Le marché sud-africain nous soulage, particulièrement en cette période de crise en Europe. Les exportations sur l’Afrique du Sud ont connu une croissance annuelle de 35 % ces dernières années. Elles vont croître davantage. Enterprise Mauritiusa beaucoup aidé. L’Europe restera quand même le marché principal vu sa dimension. Le prix aussi est meilleur que celui d’Afrique du Sud. Les commandes européennes vont revenir. En fonction de l’évolution du marché européen ou sud-africain, nous allons réagir. C’est cette évolution qui va dicter notre ligne de conduite. Les entrepreneurs ont fait des efforts pour diversifier leurs activités en se tournant vers l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, nous en récoltons les fruits. Si nous n’avions pas diversifié notre marché, quel aurait été l’impact sur le secteur ? Des licenciements, des pertes d’emplois.
◗Les quatre principaux produits d’exportation sont dominés par les T-shirts, les chemises, les pulls et les pantalons. Pourquoi ne pas envisager le textile technique ?
Il ne faut pas diversifier juste pour diversifier. Nous n’avons pas le savoir-faire nécessaire pour démarrer d’autres produits. A Esquel, par exemple, c’est la confection des chemises haut de gamme. Nous devons rester dans les secteurs où nous avons des compétences. Notre force se trouve dans ces quatre produits. Maurice ne produit plus une gamme basique. Nous avons des produits de moyen et haut de gamme. Ce n’est pas comme le Bangladesh. Ce pays reste d’ailleurs une destination complémentaire de production pour les clients.
◗Qu’en est-il de l’accès aérien pour les exportations?
Il faut libéraliser pour offrir plus de facilités aux exportateurs. Il faut réagir vite, surtout si les clients passent une commande pour des produits qui se vendent bien. Et puis, il y a des commandes en petites quantités qui doivent être livrées dans un très court laps de temps. Beaucoup de clients veulent avoir leurs produits par avion. Parfois, il n’y a pas d’autres moyens pour garder le marché. Le prix est différent par avion et c’est normal.
◗«Esquel» continue à grandir. En tant que directeur de cette entreprise que prévoyez-vous cette année ?
Nous visons 10 % de croissance. Aujourd’hui, nous employons 5 000 personnes. Nous avons démarré l’usine de Flacq l’année dernière et nous occupons seulement 50 % du bâtiment. L’objectif est de le remplir.
Nous aurons à recruter encore pour atteindre nos objectifs. Esquel est le plus gros exportateur sur le marché américain. Une reprise se fait sentir sur ce marché. Nous capitalisons ainsi sur notre Middle Management.
◗Les exportations des produits textiles semblent reprendre. Est-il nécessaire de baisser le taux directeur qui est actuellement de 4,9 % ?
Le Repo Rate doit baisser davantage, car il a un impact négatif sur l’investissement. Les pressions sur les prix persistent. Il y a toujours une tendance à la baisse pour les profits. Notre souci aux moyen et long termes, c’est l’investissement. Nous n’avons pas les ressources pour investir. Il y a un manque de main-d’oeuvre. Le coût de l’emprunt est élevé. Cela affecte l’investissement dans le secteur manufacturier. En 2012, l’investissement a été à son niveau le plus bas de ces cinq dernières années. Si nous n’investissons pas dans les machines et dans de nouvelles technologies, nous aurons des difficultés.
◗Pour cette raison, les entreprises textiles continuent à se plaindre. N’y a-t-il pas d’autres moyens pour être plus efficients ?
Nous sommes un pays avec un coût de production élevé. Il faut que le taux d’intérêt baisse. Nous n’avons pas d’autres choix que de fabriquer des produits à forte valeur ajoutée. Pour cela, il faut continuer à investir dans de nouvelles technologies. Le secteur sera technology-driven pour les dix ans à venir. Nous devons avoir les outils pour être plus compétitifs et améliorer la productivité et l’efficience.
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