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Henri Favory: «Le gouvernement n’a pas de politique culturelle précise»
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Henri Favory: «Le gouvernement n’a pas de politique culturelle précise»

Henri Favory est à la fois comédien, dramaturge et metteur-en-scène. Il a monté plus d’une soixantaine de pièces.
Dans le cadre de la Journée mondiale du théâtre, le 27 mars, Henri Favory livre son appréciation sur la politique culturelle à Maurice.
Comment était le monde du théâtre à Maurice dans le passé par rapport à aujourd’hui?
Les pièces de théâtre, basées sur des œuvres classiques ou écrites par des auteurs mauriciens, étaient jouées en français et en anglais jusqu’en 1973. Uniquement les gens lettrés allaient les voir. Mais en 1973, j’ai monté la première pièce de l’île Maurice indépendante, jouée en créole. Je l’ai intitulé «Ti Zan Zoli», l’histoire d’un garçon, Ti Zan et de Zoli, une fille. Depuis, plusieurs pièces en créole ont été montées. Aujourd’hui, à Maurice, le théâtre inclut même des pièces en bhojpuri.
Les gens allaient-ils plus ou moins au théâtre que maintenant?
Auparavant, les gens allaient davantage au théâtre que de nos jours. En même temps, aujourd’hui, avec deux théâtres fermés, celui de Port-Louis et celui du Plaza… Il ne reste que le théâtre Constantin.
Mais ces théâtres ne sont-ils pas fermés pour cause de rénovation?
En effet. Mais ils seront fermés pour combien de temps, un an, deux ans, trois ans? Vous réalisez le nombre de représentations perdues quand un théâtre est fermé pendant une année?
A qui la faute?
Le gouvernement a des politiques économiques, mais pas de politique culturelle précise, notamment, pour le théâtre. Nek bate baté.
Pourtant, le ministère des Arts et de la Culture a organisé un spectacle en plein air dans le cadre de la Journée mondiale du théâtre…
Bien sûr. Une fois par an, parce que c’est la Journée mondiale du théâtre, on organise des activités, mais quid des autres jours de l’année? C’est hypocrite. Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas une politique pour aider au développement du théâtre mauricien durant toute l’année? Par exemple, quand je préparais la dernière pièce de théâtre que j’ai montée, «L’Avare» de Molière, en octobre 2008, j’ai envoyé une lettre officielle au ministère pour lui demander si je pouvais obtenir le théâtre Constantin pendant 15 jours en février 2009. J’ai choisi l’Avare parce que les collégiens de la Form V l’étudient actuellement pour le School Certificate (SC). Je n’ai reçu une réponse qu’en janvier, me disant que la location serait de Rs 275 000!
N’est-ce pas un peu cher?
Evidemment. J’ai cherché des sponsors, en vain. J’ai finalement joué l’Avare dans les collèges.
Y-a-t-il une relève pour reprendre le théâtre à Maurice?
Cela dépendra si cette relève aura les conditions matérielles nécessaires pour qu’elle puisse d’adonner au théâtre comme un métier. Pour l’instant, l’artiste mauricien ne peut pas vivre de son art. A l’étranger, les artistes sont traités comme des rois, ici, comme des mendiants.
Les jeunes sont-ils intéressés par le théâtre?
Oui. Quand ils jouent, ils saisissent la différence entre une pièce de théâtre racontée dans un livre et celle qui est jouée sur scène. Ils peuvent comprendre les jeux de scènes… Car le théâtre tombe dans la catégorie des arts vivants. Récemment, j’ai entendu que des écoles recrutaient des animateurs pour des classes de théâtre avec les collégiens. C’est bien, mais je me demande si ces animateurs ont la connaissance et le savoir-faire pour expliquer le théâtre à ces jeunes.
Selon vous, qu’est-ce qui pourrait faire avancer le théâtre à Maurice?
Il faudrait peut-être organiser une table ronde sur le théâtre. Inviter des gens de la profession, le public et le ministre des Arts et de la Culture à discuter ensemble. Le ministre pourrait parler de ses projets concernant le théâtre… Aussi, je pense qu’il faudrait que les critiques des pièces de théâtre soient des connaisseurs. Cela aiderait à promouvoir le théâtre. Certains critiques ne savent vraiment pas de quoi ils parlent.
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