Publicité
Henri Souchon: «Je suis convaincu que Boodhoo est prêt à se laisser mourir pour son combat»
Par
Partager cet article
Henri Souchon: «Je suis convaincu que Boodhoo est prêt à se laisser mourir pour son combat»

Qu’est-ce qui a motivé votre prise de position en faveur des victimes de la vente à la barre?
De la sympathie.
Mais il semblerait qu’il y ait parmi ceux qui se proclament victimes des cas qui ne seraient pas authentiques…
Oui probablement. Comme partout, d’ailleurs. Mais il est certain que des avoués, des avocats véreux ont profité des pauvres et les ont volé. C’est d’autant plus triste que cela s’est passé à deux pas de la Cour suprême pendant des années. Des maisons ont été vendues au quart de leur prix et revendues par suite quatre fois plus chers. Il y a des années que ce système perdure. Il a fallu qu’intervienne le mouvement de Harish Boodhoo pour remettre en question cette injustice.
Pourquoi avoir accordé la permission aux grévistes d’utiliser le parvis de l’église de l’Immaculée conception pour continuer la grève?
Ce n’est pas la première fois. La raison est simple. Je suis pour la justice et contre l’injustice. Je tiens à participer directement à ce mouvement. J’ai toujours été aux côtés des petits et des pauvres.
Quelle est la solution au problème de la vente à la barre?
Il y a des solutions techniques auxquelles je ne peux pas me mêler. Mais simplement, il faut que cela cesse. Le comment n’est pas de mon ressort.
Après plus de cinquante de lutte contre la pauvreté, quel est votre constat de la situation?
Je vais vous faire un constat chiffré. Depuis 15 ans, j’offre à dîner tous les dimanches à des clochards. J’ai commencé avec une personne. Ensuite ils sont arrivés à 150 et, dimanche dernier ils étaient 200. Mon constat est que les pauvres deviennent plus pauvres et sont plus nombreux.
Quelles en sont les causes?
La course vers l’argent. Chacun veut gagner plus et le vol est devenu presque un moyen légal de s’enrichir.
Comment voyez-vous le conflit latent entre le patronat et la classe syndicale et qui est en passe de s’amplifier?
Il me semble que le courant ne passe pas entre les deux. Ne nous faisons pas d’illusion. Les ouvriers ont besoin des patrons et les patrons ont besoin des ouvriers. Pour qu’un avion puisse voler, il faut en même temps le personnel de la cabine de pilotage et le personnel de bord. Pour la bonne marche de la société, un accord entre ceux qui dirigent et ceux qui sont dirigés est essentiel. On avait cru que le communiste allait régler tous les problèmes mais il est bien mort et enterré. Il disait que dieu est mort et c’est Staline qui est mort. Le drame, c’est que le patron comme l’ouvrier adore le dieu dollar quand on aurait dû adorer le dieu amour. La course derrière l’argent asphyxie tout le monde. Avoir plus, manger plus, s’amuser plus, jouir plus… Tout cela semble être un idéal que partagent des millions d’hommes.
Pensez vous que l’Etat a adopté la bonne stratégie pour ce qui est de l’élimination de la pauvreté?
Non. Un homme a droit à une maison. Or, le nombre de sans abris et le nombre des habitants des taudis ne cessent d’augmenter. On ne fait pas grand-chose pour construire des maisons pour les pauvres.
Revenons à la grève de la faim. Vous connaissez Harish Boodhoo depuis des années. Vous n’avez jamais caché votre amitié pour lui. Croyez-vous qu’il soit prêt à se laisser mourir au nom de ce combat?
Quand un homme dit qu’il est prêt à mourir pour la justice, je reconnais sa valeur. Harish est un homme vrai, un homme pauvre et propre quels que soient les défauts qu’il puisse avoir. C’est un passionné de la justice. Oui, je crois qu’il est prêt à le faire. J’en suis même convaincu.
 
Publicité
Publicité
Les plus récents




