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Jack Bizlall : «Nous sommes terriblement déterminés…»
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Jack Bizlall : «Nous sommes terriblement déterminés…»

Jack Bizlall, syndicaliste et principal animateur du mouvement 1e mai, revient sur le rassemblement des travailleurs à l’occasion de la fête du travail. Il en fait le bilan et parle de la prochaine étape de la lutte syndicale.
Quelle est votre lecture critique du rassemblement syndical du 1er mai?
Je note personnellement, sans entrer dans la bataille de comparaison de foules, qu’à travers un calcul objectif, 10% des personnes qui se sont déplacées en ce 1er mai pour assister à des meetings étaient à Beau-Bassin et que la foule était trois fois plus nombreuse que les années précédentes. En prenant en compte ces deux statistiques, je considère que c’est une très bonne participation. Maintenant, la question est de savoir si c’est la foule que nous attendions. La réponse est non. Nous espérions trois fois plus de participants. Mais le 1er mai n’est pas uniquement une question de foule. Pour nous, c’était surtout d’unifier la classe ouvrière au sommet comme à la base et d’ouvrir le champ de lutte aux autres collectifs citoyens, formant ainsi le Forum du Peuple. Sur ces deux points, nous avons fait un immense progrès qui aura un impact certain à l’avenir.
Nous n’étions pas un pôle d’attraction avant. A partir du 1e mai 2009, nous pensons qu’un nouveau pôle rassemblant les organisations des travailleurs d’un point de vue syndical et politique, est venu s’ajouter au trois pôles politiques existants.
Etes-vous convaincu que l’unité syndicale retrouvée va durer?
Depuis Einstein, le temps ne peut être conçu séparément de l’espace. Il existe une corrélation entre les deux. Dans ce sens, si nous avons envie que nos revendications aboutissent, nous devons tous aller à la rencontre de toutes les composantes de la République surtout sur les territoires d’outremer sans oublier la diaspora mauricienne à travers le monde. Nous devons être motivés, déterminés et convaincus. Il y a une série d’actions qui doit être entamée dans l’espace. Ceci dit, avec la conviction la plus absolue, j’ai observé un changement très positif dans le monde syndical. Ce n’est pas une unité monolithique. Si tel est le cas, il ne pourra progresser. Il doit y avoir une dialectique au sein de cette unité. Toute dialectique peut créer des fissures. Ce qu’il faut, c’est que les syndicalistes évitent que ces fissures intérieures ne soient élargies par des forces extérieures. Il faudra éviter que l’Etat, le gouvernement ou les intérêts politiques partisans ne viennent casser cette unité. Cela dépendra de la stabilité de l’union, de la façon dont nous nous organisons et de la démocratie qui sera adoptée. Il ne faudra pas que quelqu’un ne tire le drap de son côté et que le comportement des uns et des autres change. Moi, personnellement, j’ai écouté chaque orateur avec beaucoup d’attention et je n’ai pas enregistré de dissonance. Au contraire, j’ai constaté une radicalisation convergente des différentes positions. Il faut maintenant canaliser cette force immense en force agissante et crédible.
Quelle est la suite des événements?
Le comité organisateur va se réunir. On va diligenter une enquête avec un questionnaire en bonne et due forme que nous circulerons sur les lieux de travail mais aussi à travers les différents sites web des syndicats. Cette enquête vise à déterminer les raisons tant objectives et que subjectives pour lesquelles les travailleurs ne se sont pas déplacés en plus grand nombre à Beau-Bassin. Les résultats de cette étude nous aideront à mieux nous organiser à l’avenir. Ensuite, le 18 mai prochain, nous allons nous rassembler pour analyser toutes les résolutions qui ont été votées le 1e mai. Toutes les organisations présentes à Beau-Bassin seront invitées. Nous travaillerons sur une publication qui regroupera toutes les revendications, les analyses et les solutions préconisées par tout un chacun. En fait, c’est tout un programme qui sera publié. Raisonnablement, nous devons fixer une échéance pour ce travail. Personnellement, je souhaite que cela se fasse dans le cadre de l’anniversaire de la République. Cette République doit mieux sauvegarder les libertés, les intérêts et les droits de la population qui sont exploités.
Et en termes d’action?
Les autorités devront ouvrir les discussions avec nous pour régler les problèmes mentionnés dans neuf des onze résolutions votées le 1er mai. Si elles ne le font pas, à ce moment-là, nous passerons à l’étape suivante. C''''est-à-dire la journée de la ville morte. Une telle action va déterminer un nouveau rapport de force avec les autorités et aura un l’impact même sur les partis d’opposition parlementaire.
Dans quelle espace-temps, comme vous le dites, cela devrait-il se faire?
Déjà, dans le budget qui sera présenté ce mois-ci, nous nous attendons à des changements. Mais nous sommes terriblement déterminés pour ce qui est du budget prévu pour novembre de cette année. Pour cette échéance, le gouvernement a largement le temps pour écouter, négocier et résoudre nos problèmes. La politique de Navin Ramgoolam de dire «je décide et vous vous taisez» est inacceptable. Ce sont des propos d’autocrate appropriés à une monarchie et non pas à une République.
Comment les autres syndicalistes accueillent-ils votre engagement politique de même que celui des membres de Rezistans ek Alternativ?
Ce fut une affaire extrêmement positive pour les trois organisations politiques engagées à 100% dans la lutte des travailleurs et des opprimés de la société. Je parle aussi de Lalit même si elle n’était pas présente sur notre plate-forme. Il y a eu une acceptation des uns et des autres sur la différence entre une organisation qui représente politiquement et sincèrement les travailleurs et les autres organisations politiques qui représentent les capitalistes ou encore les différentes oligarchies qui ne représentent que leurs propres intérêts.
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