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Jean -Claude Augustave: «Certaines pseudos ONG n’ont pas leur place dans le pays»

28 août 2009, 07:28

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L’un des responsables du Decentralised Corporation Programme(DCP) livre sa réflexion sur les ONG.

Cette interview est parue dans le supplément Dime d’Amnesty International Maurice de l’édition du 28 août de l’express version papier.

Le Non-State Actors Capacity Building Programme(NSACBP), lancé par le Decentralised Corporation Programme(DCP), a été mis en place par le ministère des Finances. Il est financé par l’Union Européenne et a le soutien du United Nation Development Programme (UNDP).

L’UNDP met aussi à la disposition du Decentralised Corporation Programme quelques-uns de ses consultants qui ont contribué à la formation des ONG locales.

Jean-Claude Augustave, l’un des animateurs du DCP, commente l’évolution de l’univers associatif dans l’entretient qu’il accorde à Dime.

Quelle est la pertinence des actions menées par le DCP?

Le DCP est un programme de décentralisation dont l’intervention a été citée par l’union Européenne et qui a été mise en action, à Maurice, par le ministère des Finances. Le DCP se concentre sur la création d’emplois au niveau des petites et moyennes entreprises et à la réduction de la pauvreté. Cela se fera à travers le renforcement de l’action des ONG.

A ce titre, on parle beaucoup d’empowerment des ONG. Mais concrètement, qu’est ce qu’il faut ‘empower’ chez ces ONG?

Cinquante ONG ont été réunies et on a pu identifier des problèmes communs. Ce n’est pas qu’un simple problème de finance mais un manque de formation et le fait que les ONG ne se mettent pas en réseaux. C’est pourquoi nous avons donc lancé le Non-State Actors Capacity Building Programme (NSACBP), qui a démarré en septembre 2008 et qui durera jusqu''''à mars 2010. Ce programme a pour but global de mieux préparer les ONG à faire face aux enjeux socio-économiques. Nous pensons donc que d’ici mars 2010, les ONG auront augmenté l’impact de leurs projets en relation à la pauvreté et à la gouvernance. Ce programme sert aussi à répondre aux faiblesses des ONG et à les positionner au même niveau que le secteur privé et le gouvernement. Ces ONG ont besoin de soutien pour se développer sur plusieurs fronts.

Comment analysez-vous personnellement l’évolution des ONG à Maurice?

Il y a eu plusieurs phases dans cette évolution. Récemment, les ONG ont pris conscience qu’elles ont un rôle à jouer dans la société mauricienne. Certaines remplissent bien leur rôle tandis que d’autres n’y arrivent pas. On a eu un développement profond et plus holistique des problèmes sociaux. Il y a aussi eu la mutation d’une approche traditionnelle, qui consistait à des aides charitables et des aides sociales, à une approche transformationnelle, qui consiste à aider les citoyens à prendre contrôle de leur vie. On remarque aussi une autogestion et une organisation plus efficace et une amélioration dans leur gestion stratégique et de leur gouvernance interne. Enfin, on relève la création d’opportunités de débats inter-organisationnels et intersectoriels pour accroître la collaboration et la confiance entre les acteurs du secteur.

L’opinion publique constate qu’il existe des pseudos ONG qui se servent de l’argent de l’Etat pour mener des actions qu’on pourrait qualifier de sectaires. Comment gérer cela?

Il faudrait qu’il y ait des lois ou des régulations qui soient votées au Parlement afin que ces groupes n’aient pas accès à ces fonds. Cela permettra de mettre de l’ordre dans le monde associatif. Ce monde où ces pseudos ONG n’ont pas leur place dans la question du développement socio-économique du pays. Il ne suffit pas de venir critiquer seulement mais de prendre les mesures nécessaires.

Les ONG font partie de la société civile. Est-ce que les ONG mauriciennes sont conscientes des enjeux et des responsabilités qu’a la société civile?

Oui, elles en prennent conscience. Il y a une petite poignée d’ONG qui militent avec leurs moyens sur différents plans tels que la santé, l’éducation, le sida ou encore la drogue. On constate donc que certaines ONG prennent leur tâche à cœur car elles sont tout à fait conscientes de leur rôle.

Les syndicats, qui font également partie de la société civile, ont une action classique de revendication. Comment les amener à élargir leur champ d’actions?

Je ne peux pas répondre à leur place et c’est plus à eux de trouver la solution. Il ne faut pas oublier que chaque travailleur à une démarche individuelle. Une des premières choses que les syndicats pourront commencer par faire, ce serait qu’ils agissent dans la transparence. Il est tout de même important de noter qu’il y a eu un soutien de certains syndicats à d’autres partenaires de la société civile pour une cause commune. On peut, par exemple, citer que la Government Servants Association qui travaille en ce sens.

Est-ce que les ONG sont considérées comme de véritables partenaires par l’état et par le monde des affaires?

Concernant le monde des affaires, on a vu ces dernières années l’émergence du concept de Corporate Social Responsibility (CSR). L’intérêt premier de l’entreprise est de générer des profits. Il n’y a cependant pas de profit sans un partenariat avec la société civile. Les compagnies doivent donc mettre à la disposition des ONG un fonds. En aidant les ONG, on s’attaque à des problèmes sociaux, tels que la pauvreté. Des problèmes qui freinent le développement socio-économique. Malheureusement, ce n’est pas tout le secteur privé qui joue le jeu.

En ce qui concerne le gouvernement, il doit proposer une politique intégrée visant les ONG. Il doit aussi améliorer le rapport entre le secteur public et les ONG.

Il ne faut pas oublier que l’Etat s’appuie parallèlement sur les ONG pour le développement économique. 

Comment renforcer l’action des clubs, associations de quartier et autres mouvements associatifs qui font un travail de proximité important mais qui ne sont pas valorisés?

C’est malheureux, dans certains cas, que ces organisations ne se fassent pas connaître. Surtout que certaines de ces organisations font un travail exceptionnel  dans leur quartier. Il faut qu’elles viennent de l’avant et se fassent connaître. Il faudrait aussi qu’il y ait un constat sérieux entrepris par les autorités concernées pour identifier et encadrer ces associations. Cela permettra donc la reconnaissance de ces groupes et un soutien en conséquence.  

 

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