Publicité
Jean-Claude Lau: «Grippe A: Ne pas informer correctement la population, c’est la pire des politiques»
Par
Partager cet article
Jean-Claude Lau: «Grippe A: Ne pas informer correctement la population, c’est la pire des politiques»

Le sociologue explicite sa vision de la société mauricienne par rapport à plusieurs enjeux.
Comment éviter une psychose collective lorsqu’une société est confrontée à un phénomène qui peut être une épidémie ou une catastrophe naturelle?
Cela dépend des causes et des moyens selon lesquels on diffuse des informations réelles à cette société. La population, peut, quand elle se rend compte que les infos qui lui sont communiquées sont fausses, effectivement paniquer.
Prenons la grippe A H1N1. J’ai un quelque peu l’impression que les informations diffusées aux Mauriciens, sur ce virus, sont minimisées, soi-disant pour ne pas les paniquer. Mais, si l’on dit à une personne de ne pas paniquer, sa première réaction sera justement de paniquer. Car si on lui conseille cela, c’est parce qu’il y a des raisons de paniquer.
Je pense qu’il faudrait qu’il y ait des mesures concrètes visibles. Peut-être que la meilleure façon pour éviter la psychose, c’est de fermer les écoles. Elles représentent quand même des centres principaux de diffusion de la grippe A H1N1. Des écoliers contaminés rentrent à la maison et passent la grippe à leur entourage. A la fin, on saura d’où vient le virus, mais on ne pourra plus le contrôler.
Ne pas informer correctement la population c’est la pire des politiques. Au Mexique, par exemple, les autorités avaient ordonné la fermeture des écoles, restaurants et discothèques. Simultanément, elles faisaient également circuler de bonnes informations à la population. Donc, ces mesures drastiques ont été bien prises par celle-ci puisqu’elle les comprenait.
De toute façon, dans le contexte précis du gouvernement actuel, j’ai l’impression que la transparence n’est pas son fort. Comment peut-on mettre en balance le gain des arrivées touristiques contre la perte de vies humaines?
La société mauricienne fait face actuellement à la crise économique mondiale. Comment cela influe sur le comportement et les habitudes des citoyens?
Grâce à notre position spécifique dans le système économique mondial, je crois que la crise a davantage touché les pays européens que Maurice. On a peut-être été moins touchés en ce qui concerne les pertes d’emplois. Mais je pense qu’il y a aussi une importante inflation des prix.
Enfin, je n’ai pas noté de changement fondamental de comportement.
Est-ce que vous trouvez qu’il y a une évolution dans l’imaginaire collectif mauricien?
L’imaginaire collectif peut se décliner en différentes divisions: celle de la nation, de groupes sociaux, de classes sociales… En général, il y a une évolution en termes de rêves de réussite. Alors qu’auparavant les Mauriciens considéraient la réussite d’un angle statutaire, aujourd’hui, ils la voient plus de manière monétaire.
Je pense aussi que les Mauriciens ont davantage de difficultés, maintenant, à penser en termes de nation. A l’heure de l’indépendance, on parlait de construction de la nation mauricienne. Puis, le discours est passé à l’unité dans la diversité. Présentement, j’ai l’impression que les Mauriciens pensent en termes de communautés ou de groupes.
On est en période pré-électorale, pensez-vous que l’électeur mauricien a évolué au fil des ans en fonction des transformations sociales et économiques de ces deux dernières décennies?
Je n’ai pas suffisamment étudié cette question pour en parler longuement. Toutefois, je dirai que cette évolution se mesure sur la base des discours politiques. Le discours des politiciens a changé, à mon avis, parce qu’ils
Publicité
Publicité
Les plus récents




