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Jean-François Dobelle : Un diplomate de proximité
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Jean-François Dobelle : Un diplomate de proximité

Ce lundi 23 septembre marque le dernier jour de représentation officielle de Jean-François Dobelle en tant qu’ambassadeur de France à Maurice. Il est clair que l’homme a fait la fonction car jamais un représentant d’un pays étranger n’aura autant socialisé et échangé avec les Mauriciens comme il l’a fait.
Comprendre les enjeux et les personnes, pas seulement en raison de sa mission diplomatique mais porté par une curiosité et un élan naturel vers l’humain, c’est le visage qu’aura montré Jean-François Dobelle durant ses trois ans d’affectation à Maurice.
Ce Parisien de 57 ans, fils d’un médecin généraliste, voulait intégrer l’administration. Il a fait des études supérieures auprès de l’Institut d’Études politiques (Sciences Po), de même qu’auprès de l’École nationale d’administration (ENA). Le hasard du classement fait le reste.
«J’ai été dirigé vers le ministère des Affaires étrangères au Quai d’Orsay.» Il est envoyé à ladirection des affaires juridiqueset s’occupe du droit de la mer,des pêches et de l’Antarctique. Dix ans plus tard, il retrouve la direction des affaires juridiques en tant que directeur adjoint après deux affectations ailleurs,une en tant que premier secrétaireà l’ambassade de France àAmman en Jordanie et l’autre en tant que conseiller juridique auprès de l’Union européenne à Bruxelles.
À 45 ans, il est nommé ambassadeur et envoyé à Montréal au Canada auprès du conseil de l’Organisation de l’Aviation civile internationale. «C’était un milieu tout à fait nouveau et une ouverture surl’Amérique du Nord.» Il fait un troisième passage à la direction des affaires juridiques du Quai d’Orsay après un séjour comme ambassadeur à Genève en Suisse (conférence du désarmement).
Lorsqu’il est de retour au Quai d’Orsay, il est partie prenante des négociations en vue de l’accord entre la France et Maurice pour la cogestion de Tromelin, décision approuvée par le Sénat mais mise en parenthèse du fait qu’un député de l’Assemblée nationale française veut d’un débat sur le sujet. Son affectation à Maurice a constitué une première pour lui dans les îles, bien qu’il y soit venu pour la première fois en 1989 et qu’il ait retrouvé l’île lors des négociations de cogestion de Tromelin qui s’étaient déroulées tant à l’île de La Réunion qu’à Maurice. «Maurice a aussi été monpremier poste d’ambassadeurbilatéral. Être ambassadeurauprès d’un gouvernement et non auprès d’uneorganisation internationale est unnouveau métier.»
Ces trois années ont été «stimulantes, passionnantes». Il trouve que Maurice est complexe car bien que l’île a connu 150 ans de présence britannique, elle entretient des relations étroites et très amicales avec la France. «Cela tient du miracle», pense-t-il. Bien qu’il mette la multiplicité des conférences et des rencontres organisées en sa résidence sur le compte «qu’un ambassadeur ne doit pas rester dans sa tour d’ivoire et qu’il doit mieux comprendre le pays et faire découvrir la culture française», il est clair que l’homme fait la fonction.
Il estime que Maurice a su relever de sérieux défis et devenir un pays aux revenus intermédiaires supérieurs. Jean-François Dobelle a été étonné, notamment par «la persistancedes clivages communautaires» signifiant que la construction du mauricianisme «reste une oeuvre de longue haleine». Mais d’un autre côté, cette «cohabitation dans la paix et la relative harmonie» l’a également surpris. «Cela montre que la démocratie n’est pas un vain mot à Maurice.»Il a également apprécié la liberté de ton et de propos de la presse. Si au départ, il craignait l’exiguïté et l’insularité, ces trois années ont filé. «Je n’ai pas trouvé le temps long. Mes tâches étaient si variées que je n’ai pas vu le temps passer.»
La plus grosse difficulté éprouvée par lui n’était pas liée au poste mais d’ordre familial puisque Elisabeth, son épouse et mère de leurs quatre enfants, est aussi une diplomate de carrière qui a souhaité, à un moment, reprendre ses activités professionnelles.
Jean-François Dobelle se dit heureux d’avoir permis l’aboutissement de plusieurs projets d’ordre économique impliquant des entreprises françaises, notamment la nouvelle aérogare et la construction de l’autoroute Terre-Rouge – Verdun. Au niveau culturel, il a favorisé la signature d’un protocole d’accord entre l’Alliance française et l’Institut français de Maurice afin que leurs bibliothèques soient rapprochées. «C’est un catalogue de 100 000 ouvrages que les usagers pourront emprunter et il y aura aussi des manifestations communes.»
Il s’est dit heureux d’avoir promu des personnalités aussi différentes que Jacqueline Dalais, Shenaz Patel et feu le père Henri Souchon qui ont respectivement reçu de ses mains l’insigne de chevalier de l’ordre des arts et des lettres et l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur. «Lorsque j’airemis l’insigne au père Souchon,qui est une personnalité d’exception,je ne pensais pas que quelques semaines plus tard, il disparaîtrait aussi brutalement.»
D’un point de vue personnel, il a pu se familiariser à la diversité de la culture mauricienne. Il découvrira également la région, notamment Madagascar, Mayotte et Singapour. Il envie son successeur, Laurent Garnier, qui n’est pas un diplomate de carrière mais qui vient du ministère de l’Économie car celui-ci pourra suivre les prochaines élections générales à Maurice.
Avec Sciences Po et l’ENA comme bagages, Jean-François Dobelle aurait pu faire de la politique active. Mais cela ne l’intéresse pas. «Je suis trop attaché à la liberté et j’ai un regard trop critique pour adhérer à la discipline d’un parti.» Son avenir, il l’entrevoit à Paris et espère obtenir un poste qui serait le couronnement de sa carrière et pourquoi pas la direction des affaires juridiques au ministère des Affaires étrangères.
Mais il se dit prêt à vivre un autre poste bilatéral à l’étranger sans toutefois être trop éloigné de la capitale française du fait que ses enfants n’ont pas encore terminé leurs études.
Tout en saluant l’équipe de l’ambassade qui l’a aidé à mener à bien sa mission, il confie qu’il continuera à suivre de près tout ce qui se passe à Maurice et restera l’ami des Mauriciens. «Maurice est pour moi une des plus belles expériences diplomatiques de ma carrière. Je reviendrai…»
ADIEU EN IMAGES…
Jean-François Dobelle, ambassadeur de France en partance, a donné une dernière réception officielle le mercredi 18 septembre en sa résidence de Floréal. Il sera remplacé par Laurent Garnier. Quelques instantanés de cette soirée d’adieu.
(de g. à dr.) Daniel Giraud, directeur général de Médine, Sarwar Joonas, son épouse, et Sultana Joonas, épouse de Aziz Hossen.
(de g. à dr.) Catherine Merven, créatrice de bijoux «Bling Bling de Cathy», son mari Thierry Merven, directeur général de Beau Vallon Ltée, Bettina Cadinouche, responsable des événements au bureau du PM, et le député Satish Boolell.
Jean-François Dobelle et son épouse Elisabeth.
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