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Jean-Pierre Hardy: «Le comité MID n’a jamais pris de position sur l’incinérateur»

25 mars 2009, 08:59

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Jean-Pierre Hardy, représentant de Joël de Rosnay et membre du comité Maurice Ile Durable (MID) s’invite au débat autour du projet d’incinérateur de Gamma-Covanta …

Est-ce que le comité MID reste sur ses positions concernant l''''incinérateur de la Chaumière, malgré les assurances de Gamma-Covanta par rapport à l’économie de terre, la réduction d''utilisation d''énergies fossiles et la diminution d''émissions de dioxine de 20 à 30%?

Le comité MID n’a jamais pris de position sur ce sujet. Je n’ai pas le pouvoir de répondre au nom du comité MID. Mais, je pense que les trois points évoqués sont réalisables par d’autres moyens de traitements des déchets, à des prix nettement inférieurs et sans risque toxique.

Selon vous, il n''y a pas d''incinérateur propre... Pourquoi pensez-vous cela ? Les filtres alors…

L’incinération est un procédé qui consiste à brûler tous les déchets, y compris papier, verre, métaux qu’il aurait mieux valu recycler. Or, elle répand les éléments toxiques contenus dans ces déchets dans l’atmosphère, bien que les filtres soient là pour réduire au mieux les effets nuisibles de ces déchets. Comment penser que tous les éléments chimiques, notamment, médicaments, solvants et batteries pourraient être anéantis par des filtres?

Pourquoi affirmez-vous qu’il faut mettre l''accent sur le «monitoring» pour l''incinérateur?

Le «monitoring», ou en français le contrôle continu, permet de s’assurer que la compagnie gestionnaire de l’incinérateur respecte les normes imposées.
C’est facile de dire que l’on va faire quelque chose. Mais encore faut-il se donner les moyens de vérifier que la chose soit effectivement faite selon les règles.

Les moyens de contrôle doivent être prévus dans le projet initial par les promoteurs, afin d’apporter la preuve de leur bonne foi. Le contrôle doit être confié à un organisme indépendant pour s’assurer de l’impartialité des résultats.

Vous dites que Maurice devrait plutôt se tourner vers le compostage, vue sa taille. D’abord, qu’est-ce que le compostage?

Je vous donne la définition de wikipédia, laquelle je pense est exacte: «Le compostage est une opération qui consiste à dégrader, dans des conditions contrôlées, des déchets organiques en présence de l''oxygène de l''air. En vue d’obtenir le compost: un produit stabilisé, hygiénique, semblable à un terreau, riche en composés humiques.

Et qu’est-ce que le pays y gagnerait?

Le compostage est une manière peu coûteuse de transformer les déchets de nos poubelles. Ceci peut être fait par les particuliers, dans leurs jardins, en mélangeant les déchets ‘verts’ de leurs poubelles à de la terre.

A plus grande échelle, ce procédé demande la mise en place d’un outil industriel. Cet outil sera nettement moins cher que les incinérateurs. Ces derniers ne sont économiquement viables que lorsqu’ils sont construits en bordure de grandes agglomérations –telles qu’à Paris, Londres ou New York. Où un million d’habitants ou plus sont regroupés dans une superficie restreinte, afin de pouvoir bénéficier de l’électricité et de la vapeur produite pour chauffer les maisons.

Les foyers mauriciens sont, eux, dispersés sur 1 800 km² et n’ont pas besoin de chauffage. D’ailleurs, le coût pour produire 15 MW d’électricité est exorbitant. Cela coûtera encore plus cher si on y installe les filtres qui équipent les incinérateurs d’Europe et des USA (+20 à 30%), pour atteindre les normes de propreté européenne. Le Central Electricity Board (CEB), qui achètera l’électricité produite par l’incinérateur, refacturera ensuite ce coût au citoyen mauricien.

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