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Kamlesh Dookayka : des particules à la spiritualité

27 février 2014, 20:54

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Kamlesh Dookayka : des particules à la spiritualité

Kamlesh Dookayka, docteur en astrophysique

 

Parcours brillant et particulier que celui effectué par le Mauricien Kamlesh Dookayka. À la recherche de ses racines ancestrales, cet ancien lauréat, détenteur d’un doctorat en astrophysique, a passé deux ans à étudier le sanskrit et le Vedânta en Inde. Histoire de réconcilier l’universalité au monde de la matière.

 

La tête plus que bien remplie. C’est l’impression que laisse le Vacoassien Kamlesh Dookayka. À 33 ans, il est déjà détenteur d’une licence et d’une maîtrise en physique avec spécialisation en astrophysique et physique des particules de l’université d’Oxford en Grande Bretagne, et d’un doctorat sur des particules élémentaires de l’université de Californie, aux États-Unis. Un parcours qui lui a permis de côtoyer d’éminents physiciens et scientifiques, sans pour autant que cela ne lui monte à la tête.

 

Naturellement curieux, il cherche à comprendre tout ce qui l’entoure et aime beaucoup les études. «J’ai toujours été curieux comme enfant, et apprendre a toujours été quelque chose de naturel», avoue-t-il. Classé premier à l’examen du Certifi cate of Primary Education après ses études primaires à l’école Aryan Vedic de Vacoas, c’est au collège Royal de Curepipe qu’il fait ses études secondaires. Le fait de voir des élèves plus âgés obtenir des distinctions favorise l’émulation.

 

«On voyait des amis plus âgés remporter des concours et cela nous inspirait. Puis, nous avions affaire à des enseignants qui nous aidaient à maximiser notre potentiel», explique-t-il. Il opte rapidement pour lessciences, plus particulièrement pour la chimie, la physique et les mathématiques, car «les sciences me permettaient de satisfaire ma curiosité naturelle et de répondre rationnellement aux questions que je me posais. Je peux dire que les sciences me parlaient». Comme il aime le françaisé galement, Kamlesh Dookayka suit en parallè le des cours de l’Alliance française.

 

Vu ses bonnes notes constantes, il est placé dans une classe où figurent des lauréats potentiels. «Une bonne poignée d’enseignants nous faisaient prendre goût à ce qu’on apprenait, et nous leur donnions des résultats. C’était une boucle», se souvient le jeune homme. Il apprécie énormément «la logique et la pureté» des mathématiques.

 

Sachant que son père, qui était à l’époque déjà retraité, n’aurait pu lui payer des études supérieures à l’étranger, Kamlesh Dookayka est soulagé lors que les résultats de Higher School Certificate tombent et qu’il fait partie des happy few à obtenir une bourse d’État. Voulant continuer sur la voie des sciences naturelles, il postule auprès de plusieurs universités, et est admis à la prestigieuse université d’Oxford, en Grande-Bretagne. À ce stade, il ne sait pas encore quel métier il compte exercer. «Je n’ai fait qu’écouter mon coeur. Je n’ai pas voulu étudier juste pour avoir un métier, mais pour pousser plus loin en mathématiques et surtout en physique, en sachant que la physique offre un ensemble de débouchés », précise l’astrophysicien.

 

Il passe quatre ans à l’université d’Oxford en vue d’obtenir sa licence-maîtrise avec spécialisation en astrophysique et physique des particules. L’astrophysique, explique-til, est un aspect de la physique qui consiste à étudier les corps du système solaire, de la galaxie et de l’univers, à comprendre leur évolution et la dynamique qui les anime. La physique se concentre sur l’étude des particules à l’échelle subatomique et des particules élémentaires.

 

Au fur et à mesure que Kamlesh Dookayka avance dans ses études et rencontre des chercheurs, sa fascination grandit. Son tuteur académique est d’ailleurs un physicien membre d’une équipe du Centre européen de recherches nucléaires. «J’ai beaucoup appris de mes cours mais aussi des échanges avec tous ces gens brillants», déclare-t-il.

 

Mais au final, sa soif pour la physique demeure intacte. Son diplôme obtenu, il veut embrayer sur un doctorat. Il cherche alors une université où les recherches dans son domaine de spécialisation, la physique de l’astro-particule, sont les plus pointues. L’Amérique du Nord, l’Europe de l’Ouest, la Suisse et le Japon semblent prometteurs. Il fait ses demandes d’admission. Finalement, il reçoit une belle offre de l’université de Californie, Irvine, campus en phase de croissance où on lui propose non seulement une bourse pour couvrir ses recherches doctorales, mais aussi une subvention d’assistant de recherches et chargé de cours.

 

Il saisit l’opportunité, et met deux ans à s’adapter à sa nouvelle vie de chercheur chargé de cours. Finalement, il travaille sur deux projets de recherches. Le premier est financé par la NASA. Il s’agit d’observer dans les rayons cosmiques des particules élémentaires, les neutrinos. Elles se forment dans le soleil ou au centre de la Terre, mais aussi dans des galaxies hors de la voie lactée. «Elles sont difficilement détectables. On pourrait même dire qu’elles sont très capricieuses. Il s’agissait de monter des expériences en vue de nous permettre de les détecter», explique le physicien.

 

Son deuxième projet de thèse est financé par la National Science Foundation, une des principales agences scientifiques aux États-Unis. Kamlesh Dookayka doit alors évaluer par simulation informatique le bienfondé de l’installation de détecteurs de neutrinos à plus forte énergie en Antarctique. «Je devais formaliser de façon analytique, rationnelle et poussée la fais abilité de l’installation des détecteurs, et montrer leur potentiel et leurs résultats. Cela signifiait construire des modèles par simulation informatique et dire comment les placer, comment les régler et comment utiliser la glace pour détecter des signaux issus des réactions entre ces neutrinos et des particules dans la glace».

 

La rédaction de sa thèse est particulièrement astreignante, car il lui faut être rigoureux dans l’écriture et très appliqué. Kamlesh Dookayka défend sa thèse fin 2011 et obtient son doctorat haut la main. Mais ses longues années d’études ont éveillé chez lui un désir plus profond : celle de comprendre les traditions ancestrales de façon objective. «Je voulais savoir si l’énergie et la matière que j’avais passé des années à étudier existaient dans le néant ou pas», soutient-il.

 

Tombé par hasard sur des écrits du swami Chinmayananda, fondateur du Mouvement Chimaya, Kamlesh Dookayka est fasciné par ses idées philosophiques et se rend en Inde, à l’institut Chinmaya de Mumbai, pour apprendre le sanskrit et se familiariser au Vedânta.

 

C’est une école de pensée indienne convaincue de l’unité du monde et de l’être. «Ces deux années m’ont permis de comprendre l’essence des traditions ancestrales qui sont somme toute universelles, de voir que l’énergie et la matière ne reposent pas sur le néant, que l’universalité existe et que nous avons tous un rôle à jouer dans ce monde», affirme le chercheur. Il sait toutefois que sa quête est loin d’être terminée.

 

Après autant d’exposition au monde de la matière et à la métaphysique, il n’a pas craint d’étouffer, ni de végéter en regagnant sa petite île. Il sait par exemple que les plus éminents scientifiques du monde travaillent sur le Square Kilometre-Array, projet international visant à aménager en Afrique du Sud le plus grand radiotélescope conçu pour observer, notamment, les ondes radios à basse fréquence. Dans le cadre de ce projet, des antennes seront aménagées à travers l’Afrique subsaharienne, et à Maurice également. Il collabore actuellement avec le Mauritius Research Council sur un projet d’énergies marines renouvelables.

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