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Kishen Nadassen (CIM Stockbrokers) : «La Bourse de Maurice est vulnérable aux événements à l’étranger»
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Kishen Nadassen (CIM Stockbrokers) : «La Bourse de Maurice est vulnérable aux événements à l’étranger»

Analyste à CIM Stockbrokers, Kishen Nadassen analyse l’influence des marchés boursiers sur l’économie réelle et estime que la Bourse de Maurice n’est pas à l’abri des soubresauts des événements internationaux.
A la fin de 2010, le Chief Executive de la Bourse, Sunil Benimadhu, se réjouissait de la présence des investisseurs étrangers. Est-ce que cela ne risque pas de fragiliser la Bourse par rapport aux événements mondiaux ?
La présence d’investisseurs étrangers à la bourse crée un marché plus efficient, dans la mesure où les compagnies cotées se retrouvent à un niveau de comparaison international. En théorie, cela devrait mener à un modèle d’évaluation des actifs financiers plus juste et plus précis. Mais, en réalité, interviennent des facteurs comme la liquidité ou l’absence de participants locaux plus actifs.
La part des investisseurs étrangers à la bourse est estimée à quelque 9%, ce qui représente une capitalisation de Rs 22 milliards. Le fort intérêt des investisseurs étrangers pour les capitaux locaux donne une indication positive de la performance de l’économie et des compagnies locales.
Cependant, il y a le revers de la médaille. Cela démontre les risques potentiels auxquels s’expose la Bourse de Maurice quand les marchés mondiaux doivent faire face à une sévère récession et que les investisseurs doivent vendre.
Souvenons-nous de ce qui s’est passé en septembre 2008. Les banques ont publié d’excellents résultats financiers mais le marché boursier s’est rétracté quand les investisseurs étrangers ont liquidé leurs investissements. Par contre, en mars 2009, c’est le contraire qui est survenu : les investisseurs étrangers sont revenus en force alors même que rien n’avait changé en six mois. L’influence des investisseurs étrangers est motivée par leurs acquisitions massives et les contraintes des liquidités sur le marché.
De ne plus suspendre de la cotation une compagnie, en cas d’offre publique d’achat ou de prise de contrôle par des actionnaires, relève d’une question de transparence ?
Je voudrais d’abord faire ressortir que la Bourse ne suspendra pas la cotation en cas d’OPA, mais pourrait le faire pour l’acquisition obligatoire des parts d’actionnaires contestataires.
Une suspension de cotation intervient généralement pour donner du temps aux investisseurs de juger l’impact possible d’une prise de contrôle des opérations d’une compagnie et, en conséquence, de la valeur de l’action. Désormais, l’information peut être disséminée plus largement en peu de temps à travers les médias.
Les traders de même que les gestionnaires d’actifs doivent aussi informer leurs clients des nouveaux développements. Pour cette raison, il n’y a aucun lieu de suspendre les cotations, qui risquent de pénaliser ceux qui veulent continuer à être actifs en bourse.
Si un communiqué est émis concernant une prise de contrôle pendant les heures d’ouverture de la bourse, la SEM pourrait suspendre la cotation. Ce sera une décision temporaire de quelques minutes, le temps de permettre aux traders et aux gestionnaires d’actifs d’informer leurs clients de ce qui se passe.
La Securities and Exchange Commission aux USA signe un accord avec IBM  pour des accusations de corruption. Et l’action IBM gagne 1,11 à la Bourse de New York. L’argent règle donc le manque d’éthique ?
L’éthique est un concept clé pour une compagnie. Cependant, quand il s’agit de décisions d’investissement, quand ils sont confrontés à la réalité, les investisseurs peuvent se laisser guider par leurs intérêts, du moment où la non-conformité avec les règles d’éthique n’aura pas d’influence sur la performance de la compagnie.
Dans le cas d’IBM, cette compagnie a été accusée par la SEC d’avoir donné des pots-de-vin à des officiels asiatiques pour s’assurer de la signature de contrats d’un montant de 54 millions de dollars. La hausse de la valeur de ses actions, après sa condamnation à une amende de 10 millions de dollars, peut être attribuée à deux facteurs. D’abord, au fait que les investisseurs s’attendaient peut-être à une amende plus importante, vu le montant des contrats attribués. Ensuite, ce jour-là, il y avait beaucoup d’agitation à Wall Street car les craintes s’étaient apaisées à propos des risques nucléaires au Japon.
Après la bourse de Tokyo, le 15 mars, les bourses européennes et de New York ont chuté également. Est-ce que cet effet domino reflète réellement les réalités économiques ?
Dans un marché mondial globalisé, la performance de toutes les économies et de tous les marchés est intégrée. La tragédie au Japon est d’une importance majeure si l’on tient compte du fait que ce pays est la troisième plus grande économie du monde, après la Chine et les USA. L’économie du Japon est très industrialisée avec des opérations au niveau des industries de l’automobile, de l’électronique, du textile et de l’alimentation. Donc, l’impact de ces catastrophes sur l’économie mondiale, à court et à moyen termes, est immense.
Par ailleurs, du point de vue des devises, l’effet immédiat a été une appréciation substantielle du yen, car le gouvernement japonais, les compagnies d’assurance et les investisseurs ont rapatrié leurs investissements au Japon.
Pour cette raison, les pays du G7 n’ont pas tardé à réagir, vendant quelque 25 milliards de dollars de yen, pour éviter une appréciation trop importante et pour combattre les spéculateurs, décrits par les officiels japonais comme des «voleurs sournois», qui étaient responsables des sommets qu’atteignait le yen.
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