Publicité

Kris Lutchmenarraidoo «Chief Executive Officer» de «Mauritius Union»

24 octobre 2012, 07:06

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

«L’Afrique est en ébullition et nous souhaitons y marquer notre présence»

Comment se porte l’industrie des assurances aujourd’hui ?

L’industrie se porte bien. Je note, d’une part, que les résultats fi nanciers sont généralement positifs, vu qu’on n’a pas eu de catastrophe générale depuis quelques années déjà.

Et, d’autre part, on constate qu’il y a légèrement moins d’accidents dernièrement, suivant les mesures de contrôle mises en place par les autorités policières.

Il faut bien dire que les compagnies d’assurance jouissent d’une bonne santé financière, ce qui représente à coup sûr une garantie pour les assurés.

Toutefois, on note une certaine effervescence au niveau des tarifs et, sur ce plan, je dirai qu’il faudrait que l’on soit professionnel dans notre approche.

Dans un contexte où tous les coûts augmentent continuellement, si on continue à baisser les prix, on pourra difficilement soutenir les pressions liées aux réclamations dans le moyen et long terme. Ce qui est important pour les assurés, ce n’est pas seulement de voir leur prime baisser, c’est surtout d’être compensés correctement et promptement en cas de sinistre.

On a noté, ces dernières années, une consolidation du marché avec une vague de fusions au niveau des compagnies d’assurance. Comment analysez- vous cette situation ?

Les fusions récentes, Mauritius Union - La Prudence ou encore Swan - CIM, s’inscrivent dans la même logique de consolidation. Tant en terme de capitaux que des ressources pour mieux servir les clients.

De son côté, la fusion Mauritius Union / La Prudence a coïncidé avec la séparation juridique des activités d’assurance- vie de celles d’assurance- générale. Une démarche qui avait pour but la protection des assurés. Ce type de consolidation améliore l’environnement parce que des compagnies financièrement plus solides représentent et offrent une meilleure sécurité aux assurés.

Prévoyez- vous d’autres fusions, voire des consolidations dans cette industrie ?

L’avenir nous le dira, mais je pense que ce ne serait pas une mauvaise chose pour le marché.

N’estimez- vous pas qu’il y a des risques que le marché soit, à terme, contrôlé par deux ou trois gros assureurs ?

Je ne crois pas. Concernant les risques du contrôle, nous avons, d’une part, un régulateur dont la responsabilité est de veiller à la bonne marche du secteur. Et, d’autre part, il y a la Competition Commission qui a été mise en place pour empêcher des situations de monopole.

D’ailleurs, les deux fusions auxquelles nous faisons référence ont reçu l’approbation de la Commission.

A quels défis sont confrontés les assureurs aujourd’hui ?

Il y en a plusieurs. Mais je dirai que le plus important, c’est de s’assurer que le secteur est bien géré et que la prudence prime sur les considérations de court terme.

Il faut parallèlement que la compagnie d’assurance ait une base financière solide pour pouvoir honorer ses engagements et ses responsabilités.

Je voudrais également souligner l’importance de la rapidité à honorer les réclamations des clients affectés par un sinistre. Ils ne devraient pas subir de tracasseries inutiles avant de se faire compenser.

Au niveau de la modernisation, il faut s’appuyer sur les nouvelles techniques de communication et de gestion. Les systèmes d’information ont évolué.

Idem pour la gestion des ressources humaines, qui se spécialise aujourd’hui. Ainsi, il faut en faire la meilleure utilisation possible afi• d’offrir les meilleurs produits et services à ses clients.

Plus spécifiquement, quel est le bulletin de santé financier de « Mauritius Union » ( MUA) ?

MUA a réalisé une excellente performance en 2011, avec un chiffre d’affaires de Rs 1,4 milliard pour la compagnie et de Rs 2 milliards pour le groupe. Quant aux profits, la compagnie en a engrangé Rs 354 millions et Rs 455 millions pour le groupe.

Il est vrai que le ralentissement du marché financier a affecté notre rendement sur les investissements. Ce qui aura une incidence sur la profitabilité cette année- ci. Les profits générés par les opérations devraient être légèrement supérieurs aux résultats de 2011.

Je note que ces bons résultats sont les fruits de la fusion de deux compagnies, ce qui a apporté une consolidation, tant au niveau de l’équipe qu’à celui de la clientèle. Cette fusion a aussi permis d’étendre notre réseau de distribution à travers le pays. Nous disposons aujourd’hui de neuf branches et d’un nombre important d’agents qui sillonnent l’île pour nous rapprocher de notre clientèle.

Cette année, nous avons lancé nos services via Internet, permettant à nos clients de souscrire électroniquement à une assurance voyage ou à une assurance- automobile. Nous comptons étendre prochainement la distribution d’autres produits à travers ce service.

Avec la morosité économique qui perdure depuis quelque temps, est- ce que vendre une police d’assurance est un véritable challenge ?

Je mentirai si je vous disais que la conjoncture économique n’affecte pas la vente de nos produits à long terme. Cela tient au fait que les Mauriciens à revenus moyens éprouvent de plus en plus de difficultés à boucler leurs budgets, en raison notamment de l’augmentation du coût de la vie.

Toutefois, nous nous efforçons de rendre nos produits plus attrayants, afin de séduire tous ceux qui veulent avoir recours à l’épargne pour assurer des lendemains meilleurs.

Beaucoup d’entreprises se tournent aujourd’hui vers la région pour trouver de nouveaux relais de croissance. Est- ce que MUA a des ambitions régionales ?

Face à l’étroitesse du marché mauricien qui influe négativement sur la croissance de nos opérations, il est normal de chercher ailleurs pour trouver de nouveaux relais de croissance. Il va sans dire que l’Afrique est aujourd’hui en ébullition. Nous y accordons une attention particulière et souhaitons y marquer notre présence dans un proche avenir.

Nous étudions actuellement les différentes options que nous considérons comme étant porteuses pour nos opérations. Entre autres, des possibilités de partenariat pour nous implanter sur le continent africain.

D’ailleurs, l’ouverture de notre branche aux Seychelles en 2010 a marqué le début de la régionalisation de nos opérations. Et nous comptons progresser encore sur ce plan.

Quelle partie de l’Afrique vous inspire le plus ?

Si on regarde le continent africain, on note qu’il y a des développements tant en Afrique de l’Ouest qu’en Afrique de l’Est. Il y a des pays comme le Nigeria, le Ghana, le Botswana, la Namibie, le Mozambique, l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Soudan ou encore l’Ethiopie qui se développent rapidement, avec des opportunités de croissance.

Mais comme je le répète, il faut surtout et avant tout trouver de bons partenaires.

Estimez- vous qu’à Maurice il y a de la place pour de nouveaux opérateurs ?

En tant qu’opérateur sur le marché, l’île Maurice est déjà bien servie en terme d’assurance.

Cependant, si demain de nouveaux opérateurs viennent s’implanter sur la même base que les compagnies existantes, il faudra forcément qu’on s’y adapte.

Une compétition saine ne peut que bénéficier au marché et, bien souvent, cela peut aider les opérateurs actuels à se remettre en question et à se moderniser.

Etes- vous favorable à l’ouverture de l’industrie aux assureurs internationaux ?

Nous n’avons jamais dit non à l’avènement de nouveaux opérateurs. A condition toutefois qu’ils opèrent sur les mêmes conditions que les compagnies locales, en terme de disponibilité de capitaux et de réglementations.

Propos recueillis par Villen ANGANAN

Publicité