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Le père McTiernan nous a quittés
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Le père McTiernan nous a quittés

No one could ever miss Mac…
Un événement illustre parfaitement cette image que l’on garde de Michaël McTiernan, qui nous a quittés le lundi 11 avril, à l’âge de 89 ans.
En 1988, à l’occasion d’une prize-giving ceremony au Collège du St-Esprit, alors même qu’il leur était absolument inconnu, les élèves rassemblés dans le gymnase se mirent debout spontanément, comme un seul homme, pour donner, une standing ovation à l’ancien recteur de l’établissement quatre-bornais…
Il y a un mot pour cette magie : charisme.
Un vocable qui semble inventé pour Mac – comme l’appelaient affectueusement ces milliers d’élèves qui ont bénéficié de son enseignement en classe d’anglais ou de General Paper, de 1967 à 1983.
Mac est né à Dublin, le 31 janvier 1922, quittant sa patrie pour devenir un citoyen du monde – travelling light, à l’image de Mr Fielding, de Passage to India, de E. M. Forster –  et un serviteur de Dieu il disait n’éprouver de la nostalgie pour l’Irlande que quand il en entendait l’hymne national avant les rencontres de foot ou de rugby. Ou encore, aimait-il raconter, en voyant défiler sur le grand écran les images des impressionnantes falaises de son pays, battues par les vagues et la pluie, dans le sublime Ryan’s Daughter de David Lean.
Avant que l’ordre des spiritains ne lui propose une affectation à Maurice, où il est arrivé en avril 1967, Michaël McTiernan, ordonné en 1950, s’était engagé dans sa mission de prêtre et sa vocation d’enseignant au Tanganyika – la future Tanzanie – où il a eu comme collègue Julius Nyerere, plus tard chef d’Etat.
Comme recteur du St-Esprit, à partir de 1969, il doit composer avec des jeunes touchés par une insolence – bon enfant – envers les autorités. Et ceux qui étaient en Form VI cette année-là se rappelleront comment Mac, soucieux du décorum, aura su gérer avec beaucoup de doigté et d’humour une délicate question d’uniforme.
Un matin, à l’assemblée, il reproche aux grands un certain laisser-aller vestimentaire.
Qu’à cela ne tienne : le lendemain, certains se présentent au collège en veston, cravate et haut de forme.
Sans se démonter, Mac, du haut de sa chaire, se contenta de manifester son appréciation d’avoir été clairement compris…
C’est avec le même composure qu’il fit ouvrir le portail du collège pour aller saluer les élèves du Collège Royal de Curepipe venus narguer ceux du Saint-Esprit après la proclamation des lauréats. Au milieu des cris qui, peu à peu, s’éteignirent, dans une ambiance irréelle, Mac fendit la foule des élèves curepipiens pour se diriger vers le lauréat perché sur les épaules de ses camarades pour lui tendre une franche poignée de main pour le féliciter.
Et de l’inviter à venir prendre une tasse de thé dans son bureau…
Avec Mac, même l’élève le plus fermé à la magie de la poésie se découvrait une profonde sensibilité. Mieux : l’auditoire de ce pédagogue hors-pair se sentait intelligent c’est qu’il rendait compréhensibles les moindres agitations de l’âme des romantiques. Il faisait découvrir et apprécier le puny Keats, et, un trimestre plus tard, c’était l’ironie de Byron que ses élèves adoptaient…
On lui reprochait parfois ses digressions ces mêmes digressions que d’autres trouvaient édifiantes. C’est qu’il ne laissait personne indifférent, Mac.
Et quand il faisait découvrir Blake – qui a écrit : «Prisons are built with stones of law, brothels with bricks of religion» –, certains cachaient mal leur étonnement qu’un prêtre puisse célébrer ce poète iconoclaste.
C’est que cet esprit libre réprouvait également les mind-forg’d manacles.
Et on se souvient de sa facilité de parole. Un don que Mac, avec son vrai air de Kirk Douglas, transmettait à ceux qu’il dirigeait on stage, comme la magnifique Rozanne Ghadialy soutenue par Archie Nicolin et Bob Antoine dans The Day of Atonement.
En décembre 1983, Mac délaissa les œuvres littéraires pour se consacrer davantage à celles de l’église, ayant été curé à Ste-Ursule, Flacq, à St-Paul et à St-Jean, où ont eu lieu mardi matin ses funérailles.
Aujourd’hui, c’est avec un sentiment de profond désarroi qu’on lui dit :
Mac, we miss you…
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