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Les Enfants de Troumaron adaptation cinématographique d’un roman d’Ananda Devi
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Les Enfants de Troumaron adaptation cinématographique d’un roman d’Ananda Devi

Pour lancer la nouvelle saison, l''Institut français de Maurice acueille Ananda Devi qui présente en avant première Les Enfants de Troumaron, l''adaptation cinématographique de son roman Eve de ses décombres.
Les Enfants de Troumaron  est une production de Cine Qua Non Ltd et réalisés par Harrikrisna Anenden et Sharvan Anenden. La projection est prévue le jeudi 6 septembre à 20h 30 au cinéma Star à Bagatelle. L''entrée est gratuite et les billets peuvent être retirés à l''IFM à partir du jeudi 23 août.
La présentation du film se lit comme suit : «A Troumaron, aux abords de Port-Louis, capitale de l’île Maurice, la vie s’est arrêtée. L’usine est fermée. Les hommes et les femmes au chômage jouent aux dominos ou regardent la vie derrière leurs rideaux déchirés. Les garçons font la loi et les filles tentent d’éviter leur regard.
A Troumaron, quartier oublié de l’île Maurice en développement, l’Histoire s’est arrêtée. Se faufilant dans l’ombre jaune des immeubles, quatre jeunes, Sad, Eve, Savita et Clélio, racontent leurs jours et leurs nuits, leur tentative de survie et leur absence d’avenir. Ils regardent le monde avec des yeux nus, sans illusion.
Depuis son enfance, Eve utilise son corps comme monnaie d’échange - d’abord pour obtenir des fournitures scolaires, ensuite pour survivre. Quelque chose en elle résiste aux blessures, s’obstine à faire front. « On m’emmène, on me ramène, des fois même on me malmène. Ca ne fait rien, c’est qu’un corps, ça se répare. Je sais me protéger, » dit-elle. Malgré les regards de condamnation qui pèsent sur elle, elle continue de croire que le prédateur,  c’est elle.
Sadiq, dit Sad, tente d’oublier sa solitude en faisant partie d’une bande. Mais un jour, découvrant la poésie de Rimbaud en classe, il comprend que seuls les livres peuvent desserrer le nœud coulant de sa gorge. Amoureux d’Eve, repoussé par elle, il la suit de loin tandis qu’elle est entraînée dans sa course d’auto-destruction, pensant contre tout espoir qu’il pourra la protéger malgré elle.
Savita, appelée « la bonne fille » mais refusant ce surnom, décide un jour de fuir Troumaron, de tout quitter pour tenter sa chance ailleurs. Mais alors qu’elle s’en va, elle voit Eve, seule, dévastée par une souffrance secrète. Elle décide de rester pour elle – mais les conséquences de cette décision seront terribles pour ces enfants de Troumaron.
Clélio, le jeune récidiviste, est rongé par la colère et par l’abandon de son frère Karlo, parti en France. Il s’enferme dans la solitude, mais ne trouve aucune solution pour se libérer de sa rage.
La bande de garçons ne supportent pas de voir Eve et Savita les défier et s’échapper de leur emprise. Leur colère gronde autour des deux jeunes filles.
Eve, qui se sent abandonnée par sa mère, est de plus en plus exposée à la violence de son père ainsi qu’à celle des hommes. Son corps est marqué par les coups. Savita et elle décident de fuir Troumaron. Eve a un plan pour réussir ses examens et avoir un diplôme afin qu’elles puissent enfin partir.
Lorsqu’elle met son plan à exécution, les conséquences seront désastreuses pour tous les quatre. Le destin se refermera inexorablement sur eux, jusqu’à l’explosion.
Les enfants de Troumaron est un voyage dans une île Maurice éloignée des images formatées et des clichés. C’est l’envers du décor, la face cachée d’un pays qui, comme tous les pays en voie de développement, a sa part de lumière et sa part d’ombre.
C’est dans cette part d’ombre que nous entraîne Les enfants de Troumaron. »
La Société de Production
Créée en 2003, Cine Qua Non Ltd. est une société de production entièrement mauricienne. Fondée par Harrikrisna Anenden, réalisateur, et Ananda Devi, écrivain, la société a pour objectif de produire des œuvres de qualité et de faire émerger un cinéma mauricien encore quasi inexistant. Elle est ainsi à l’origine du deuxième long-métrage de fiction produit et réalisé par une équipe mauricienne, un film intitulé La Cathédrale, basé sur une nouvelle d’Ananda Devi. Ce film a été sélectionné par de nombreux festivals internationaux, dont le festival de Montréal, le festival de l’Inde, le festival du Cambodge où il a reçu le prix du public et du jury, le festival de Durban ainsi que plusieurs autres.
Note d’intention des réalisateurs
Ce deuxième long-métrage de la société de production Cine Qua Non est basé sur un scénario tiré d’un roman d’Ananda Devi, intitulé « Eve de ses Décombres ». Ce qui nous a attirés dans ce roman est le regard intransigeant et juste qu’il porte sur la société mauricienne de ce début de 21e siècle et, plus largement, sur notre monde et notre époque à travers ces quatre portraits d’adolescents qui racontent leur vie dans un quartier défavorisé de Port-Louis, dans une communauté en proie au chômage et abandonnée par le reste de la société.
Nous suivons l’histoire de chacun de ces jeunes, leur lutte, leur stratégie de survie, la façon dont ils tentent de s’échapper de Troumaron, le lieu où se situe le film. Nous avons tourné le film dans un quartier semblable à Troumaron, un lieu d’où tout espoir semble exclu, et qui laisse son empreinte et sa marque sur les jeunes protagonistes du film. Ce lieu omniprésent a une place particulière dans le film, en devient presque l’un des personnages. Les habitants du quartier se sont laissés filmer dans leur quotidien jusqu’à ce que la ligne entre la réalité et la fiction devienne presque imperceptible.
Les images de l’île Maurice sont, comme dans le roman, éloignées de celles qui sont d’habitude véhiculées par les média. On sent ici le frémissement du danger, malgré le début plutôt serein et lent du film. Petit à petit, les ombres qui entourent les personnages principaux se précisent. L’instant du basculement arrive d’ailleurs très tôt dans le film : quand Savita décide de fuir Troumaron et qu’elle rencontre Eve par hasard sur la plage, elle décide, émue par la détresse d’Eve, de ne pas partir. Cette rencontre des deux jeunes filles semble leur promettre un espoir qu’elles n’avaient pas jusque là. Pourtant, cette décision de Savita va l’entraîner à sa mort.
Ce qui nous a également séduits, c’était les liens entre tous les personnages, qui se resserrent peu à peu comme dans un étau, à la manière d’une tragédie grecque. Sad veut protéger Eve mais il fait partie de la bande qui menace les deux jeunes filles le plan d’évasion d’Eve va aboutir à la mort de Savita le meurtre de Savita conduit à l’arrestation de Clélio l’arrestation de Clélio va mettre le feu à l’étincelle de violence qui menaçait la cité et Eve, le cœur et le centre du film, le plus ambigu des personnages, va clore ce cycle dévastateur.
Ce film fait au final un constat politique : à propos de la démission des organismes du pouvoir, des adultes incapables d’offrir à leurs enfants de vrais repères, et de la société qui préfère ne pas voir les tragédies qui ont lieu sous ses yeux. Le choix de la violence est, comme le dit Sad, « la résistance des désespérés. »
Equipe Technique
Réalisateurs: Harrikrisna Anenden et Sharvan Anenden
Producteur exécutif: Harrikrisna Anenden
Scénario: Ananda Devi
Directeur photo: Piotr Jaxa
Monteuse: Catherine Le Mignant-Labye
Musique: Rémi Boubal
Assistant cameraman: Marcus Stoeffel
Direction artistique : Sharvan Anenden
Maquillage: Valiyi Buval
Acteurs
Kitty Philips                         Eve               
Roshan Hassamal                Sadiq/Sad
Vinaya Sungkur      Savita
Kristeven Mootien     Clélio
Thierry Françoise     Kenny
Palmesh Cuttaree      Le professeur de biologie
Gaston Valayden      Le père d’Eve
Géraldine Boulle      La mère d’Eve
Jérôme Boulle      L’inspecteur
Smita Lallah      Le professeur de français
Ingrid Leste      L’avocate
Aucun des acteurs n’est un acteur professionnel du cinéma. Kitty Philips est mannequin et a fait de la publicité. Roshan Hassamal est également mannequin et fait de la photographie. Kristeven Mootien a joué dans un long-métrage intitulé « Bénarès » et fait du théâtre.  Vinaya Sungkur a une formation d’actrice et fait également du théâtre. Gaston Valayden est un professionnel du théâtre et un dramaturge connu. Palmesh Cuttarree et Géraldine Boulle ont également de l’expérience dans le théâtre. Thierry Françoise a suivi une formation d’acteur et se destine à une carrière dans la production cinématographique.
Les réalisateurs
Harrikrisna Anenden, né à l’île Maurice en 1947, est venu à la fiction après trente ans de carrière dans le documentaire. Photographe médical et cinéaste de formation, il se consacre à la réalisation de documentaires de sensibilisation sur des problèmes de santé pour le compte de l’Organisation Mondiale de la Santé, une agence affiliée à l’ONU. Il voyage à travers le monde pour réaliser des films à vocation didactique et visant à faire prendre conscience des nombreux problèmes de santé qui affectent plus particulièrement les régions les plus pauvres du monde.
De la soixantaine de documentaires qu’il signe, plusieurs sont primés à des festivals. Son premier documentaire, réalisé en 1980, « L’argile et la flamme », reçoit le Grand Prix de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (aujourd’hui devenue l’Organisation Internationale de la Francophonie). Son film sur l’ulcère du Buruli, « La maladie mystérieuse », reçoit plusieurs prix, dont le Freddie’s Award pour des films médicaux aux Etats-Unis.
A partir de 2005, le réalisateur se tourne vers la fiction. Il fonde avec son épouse, l’écrivain mauricien Ananda Devi, une société de production, Cine Qua Non Ltd. Son premier long-métrage de fiction est tiré d’une nouvelle d’Ananda Devi, intitulée « La Cathédrale ». Ce film est seulement le deuxième long-métrage réalisé à Maurice par des auteurs mauriciens, et contribue à la naissance du cinéma mauricien. Le film a été présenté à une douzaine de festivals internationaux.
Sharvan Anenden est né à l’île Maurice en 1984. Il fait preuve dès l’enfance d’une grande créativité artistique et s’exprime par le dessin, l’écriture de scénarios et la réalisation de films. Son imaginaire très personnel et riche puise tout autant dans l’univers de l’animation que dans les films de science fiction et d’aventure hollywoodiens des années 1980. Il a poursuivi des études de communication visuelle à la University of the Arts, à Londres, où il a réalisé des courts-métrages d’animation ainsi que des projets photographiques et publicitaires, avant de s’installer au Sénégal où il a travaillé dans la publicité.
Avec Les enfants de Troumaron, il revient à l’univers du cinéma qui le passionne. Dans ce premier long-métrage qu’il réalise, il apporte une vision personnelle, glauque et ambiguë, qui traduit bien le désarroi des jeunes face au délitement de leur monde.
Il compte désormais se consacrer au cinéma en réalisant des films à partir de ses scénarios originaux.
L’auteur
Née en 1957, Ananda Devi est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages. Elle publie son premier recueil de nouvelles à l’âge de dix-neuf ans et, après un doctorat d’anthropologie à l’université de Londres, publie régulièrement des nouvelles, de la poésie, et surtout des romans. Ses huit derniers ouvrages ont été publiés aux éditions Gallimard.
Elle a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix des 5 continents de la Francophonie et le prix Louis Guilloux.
Elle a été décorée par l’Etat mauricien et par l’Etat français, qui lui a attribué la décoration de Chevalier des Arts et des Lettres en 2010.
Son œuvre est étudiée dans de nombreuses universités dans le monde et a été traduite en plusieurs langues. De nombreux critiques la considèrent aujourd’hui l’une des voix majeures de l’Océan Indien.
Le prix Nobel de la littérature, J. M. G. Le Clézio a dit d’elle que
« Ananda Devi est un vrai, un grand écrivain (.. .) : sa musique, la puissance de son étreinte (...) nous permet d''entrevoir l''intérieur de la grotte où le moine amoureux avait jadis, sous la poussée de l''ange noir de l''imaginaire, réalisé le miracle dont rêvent tous les artistes, recomposant la réalité selon ses désirs. »
 
Eve de ses Décombres
Le roman original d’Ananda Devi, Eve de ses décombres, publié en 2006 aux éditions Gallimard, a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix des Cinq Continents de la Francophonie, le prix RFO du roman, le prix Télévision Suisse Romande du roman, le prix France Bleue Gironde/Salon du livre de Bordeaux. La critique a unanimement salué ce roman.
« La Mauricienne Ananda Devi, qui publie depuis 1977, ne quitte pas le décor de son île natale dans ce dernier roman mais, s''éloignant de la tradition, en propose une peinture contemporaine qui renouvelle superbement son style... » Le Point, 2 mars 2006
« Ils s''appellent Sad, Eve, Clélio, Savita : quatre adolescents en rade à Troumaron, quartier miséreux de Port Louis, la capitale de l''île Maurice. Ils prennent la parole chacun à leur tour pour cracher une tout autre réalité que celle des dépliants touristiques... Dure, âpre, viscérale, ô combien éloquente, l''écriture d''Eve de ses décombres est à l''unisson de ces vies sacrifiées. Elle renfloue aussi leur dignité. Née à l''île Maurice, nourrie de cultures occidentale et indienne, Ananda Devi considère le créole comme sa langue maternelle, plutôt que le français, appris à l''école. Elle en a fait cependant une œuvre véritable, que ce cinquième livre enrichit avec bonheur. »  Lire, mars 2006
« Entre outrage et enchantement, l''écrivain mauricien Ananda Devi déploie dans son nouveau roman les fastes de la négation et la douleur sans nom des déshérités.
Brûlants, brûlés, consumés par le feu du vide comme par les forces noires de la malédiction, les personnages d''Ananda Devi. Ce roman nous plonge dans la dix-septième année de deux garçons et de deux filles nés avec "un mouchoir de dégoût" enfoncé dans la bouche. Ce roman met à nu la culpabilité qui hante aussi parfois le désir, ainsi que les combats à mener contre nos monstres intérieurs. Une architecture de tensions, une musique jouée à même la corde tendue de phrases écartelées entre des polarités extrêmes. Un magnifique arc-en-ciel de ténèbres, montrant l''envers du décor, la face cachée de Maurice, tout ce que nous ne savons, ou ne voulons voir, trop égoïstes que nous sommes. Un roman, enfin, qui confirme la place d''Ananda Devi, parmi les écrivains majeurs de l''océan Indien. »
Le Matricule des Anges, 2006
Critiques sur l’œuvre précédente de Cine Qua Non,
La Cathédrale
« La Cathédrale œuvre d’art :
« Une œuvre d’art est une perspective », a dit Christophe Vallée, professeur de philosophie, dans son introduction du film de Harrikrishna Anenden, La Cathédrale. Une perspective, un point de vue. Or, il dit aussi que la cathédrale est un point de vue. Si l’on suit, dans ce syllogisme, la logique du philosophe, La Cathédrale est une œuvre d’art. Une œuvre d’art projetée cette semaine dans les Jardins d’hiver du Centre Charles Baudelaire, devant un public de glaçons par ailleurs cinéphiles.
Heureusement que l’œuvre, touchante, envoûtante, réchauffe le cœur et l’esprit. Du grand art d’une grande tendresse. Reste à espérer que le glas ne sonne pas pour cette Cathédrale et que le film vive encore, pour d’autres regards. »
L’Express, Maurice, samedi 1 juillet 2006
« Journée fatidique. Celle de Lina (Ingrid Blackburn). Une Esméralda devenue portlouisienne, l’innocence en plus. Son parvis, c’est celui de La Cathédrale. Une façade de pierre qui ne reste pas de marbre. Un ange gardien qui délivrera Lina du mal. Temporairement.
Tout au moins le temps d’une projection. Celle de la première diffusion de La Cathédrale, film de Harrikrisna Anenden, adapté de la nouvelle éponyme signée par son épouse, Ananda Devi.
C’est dans ces détails ciselés au millimètre, qui nous parlent finalement de nous-mêmes, que réside la force du film d’Harrikrisna Anenden. »
L’express, Maurice, juillet 2006
« C’est un beau film qui célèbre la poésie particulière de la ville de Port-Louis et des visages qui grouillent dans ses rues. (...)
Si l’histoire tourne autour de Lina, une fille de soleil, avec ses rêves et ses doutes, c’est surtout la ville de Port-Louis, ses rues, ses vieilles maisons en bois et tôle, ses trottoirs, son vacarme et les corps qui y défilent (mendiants, colporteurs, jeunes cadres, businessmen, flâneurs...) qui semble en réalité être le véritable sujet du film. A tel point qu’on devrait probablement changer le titre du film pour ‘La Capitale’! »
Cristina Meetoo, Writings on Media, Society and Mauritius, 20 juin 2006
 
 
 
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