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Leçons primaires

Les mordus de la chose politique avaient hier les yeux rivés sur leurs téléviseurs pour suivre la primaire socialiste qui a vu la victoire de François Hollande. Pourtant, au moment de donner le coup d''''envoi de ces premières primaires, il y a trois mois, les dirigeants du PS redoutaient que leur parti n''en ressorte déchiré et affaibli. Il n''en a rien été. Et à peine le gagnant désigné, les dirigeants du PS ont mis de côté leurs divergences, et cela dans un seul but: la présidentielle de 2012.
Comme moi, sans doute vous êtes-vous demandé si un tel exercice serait possible sous nos latitudes. Et tout comme moi, surement vous êtes-vous surpris à pondre une réflexion empreinte de sarcasme avant de chasser cette idée somme toute saugrenue.
Car s''ils aiment à se donner l''image de dirigeants « démocrates » et « progressistes », force est de constater que nos hommes politiques n''ont aucune intention de laisser la main. D''ailleurs, à qui passeraient-ils le relais? Craignant le putsch, ils ont tout mis en œuvre pour empêcher l’émergence d’éventuels challengers qui pourraient leur faire de l’ombre.
Et même lorsqu''ils ont consenti à insuffler du sang neuf au sein de leurs formations respectives, les chefs de file se sont toujours assurés de tenir la bride aux jeunes loups. Un domaine dans lequel excelle Paul Bérenger, qui avait fait, à la veille des élections générales de 2010, grand cas du « rajeunissement » de son parti. Sauf que ces « jeunes » n’ont pas vraiment droit au chapitre. Et lorsque l’un deux ose évoquer l’après-Bérenger, la sanction est immédiate. Voire violente.
Il en est de même au Parti travailliste, où remettre en question l’autorité du leader ne fait pas partie de la culture maison. Ramgoolam, tout comme Bérenger, impose à ses membres un respect et une obéissance totale. Les voix discordantes sont priées de se taire. Aucun partage du pouvoir n’est, pour eux, envisageable. Et encore moins souhaitable.
Quant au MSM, il n’est un secret pour personne que ce parti politique sert avant tout les intérêts de la famille Jugnauth. Les ministres du parti soleil en ont récemment fait les frais, lorsqu’il leur a été demandé de soumettre leur démission du gouvernement. Cela au moment même où ses dirigeants étaient éclaboussés par l’affaire MedPoint.
En l’état actuel des choses, l’on voit mal Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Pravind Jugnauth être tentés par l’organisation de primaires qui verraient l’émergence de nouveaux leaders à la tête de leurs partis. Sans doute, savent-ils aussi, que cet exercice – qualifié par Martine Aubry de « grand élan de la démocratie » - qu’ils ne seraient pas plébiscités par un électorat à la recherche de renouveau, de fraîcheur et de débats d’idées.  
Un socialiste, visiblement satisfait du déroulement de la primaire, laissait entendre hier soir qu’il serait souhaitable de réaliser un « manuel des primaires », qui pourrait être utilisé par d’autres formations politiques.
Gageons que la lecture de cet ouvrage ferait un bien fou aux partis politiques locaux. Autant qu’à notre démocratie.
 
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