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Lindley Couronne: «Enorme décalage entre le discours des dirigeants africains et la réalité»
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Lindley Couronne: «Enorme décalage entre le discours des dirigeants africains et la réalité»

Le rapport annuel d’Amnesty International a été rendu public le 26 mai. Le directeur de la section locale revient sur l’importance de ce rapport.
En quoi consiste le rapport annuel d’Amnesty?
Le rapport annuel rassemble des informations sur la situation en matière des droits humains par l’équipe de chercheurs professionnels d’Amnesty International.
Le rapport 2009 rassemble des informations sur la situation de 157 Etats en 2008. Il dénonce les discriminations et l’insécurité structurelle empêchant les progrès dans le domaine législatif de se concrétiser.
Pourquoi l’Ile Maurice ne figure pas dans le rapport? Et Madagascar?
Qu’un pays ne figure pas dans le rapport ne veut pas dire que le pays est un paradis en matière des droits humains! C’est tout simplement une question de ressources humaines. Amnesty consacre une large part de sa recherche à d’autres pays du continent africain où les violations des droits humains sont exacerbées.
Comment est structuré le rapport?
La partie principale du rapport est une étude de la situation des droits humains pays par pays, de l’Afghanistan au Zimbabwe. Chaque entrée commence par un résumé de l’état des droits humains dans le pays traité. Elle expose ensuite les préoccupations de notre organisation sur un certain nombre de questions, au besoin en citant des cas concrets.
Comment est distribué le rapport?
Le rapport d’Amnesty est vendu au siège du Secrétariat National, rue Shantilall Dhanjee à Rs. 100 pour les membres er Rs. 200 pour les membres du public.
Quelles sont les conclusions du rapport pour le continent africain?
Qu’il existe un énorme décalage entre le discours des dirigeants africains – qui se posent toujours en protecteurs des droits humains – et la réalité quotidienne sur le terrain, où les atteintes à ces droits restent la norme.
En 2008, des milliers d’Africains spoliés de leurs droits sont descendus dans la rue. La situation déjà très difficile des populations est aggravée par les carences des états qui ne leur fournissent pas les services sociaux essentiels, ne garantissent pas le respect de l’Etat de droit, ne combattent pas la corruption et ne rendent pas de comptes aux citoyens.
Le rapport annuel, est-il donc essentiellement pessimiste?
Alors que les perspectives de l’économie mondiale semblent sombres, l’espoir, selon moi, réside dans la vitalité dont les sociétés civiles du continent ne cessent de faire preuve et la détermination des défenseurs de droits humains qui parfois au pied de leurs vies militent pour une société plus humaine.
 Que voudriez-vous en tant que directeur dire aux chefs d’Etats des pays africains y compris Maurice?
Qu’il est temps de réconcilier le discours des droits humains à la pratique des droits humains. j’ai envie de les féliciter pour avoir adopté le Protocole sur le statut d’une Cour de Justice Africaine en 2008. mais je déplore qu’aucun chef d’Etat (y compris Maurice) ne l’a ratifié. je demande à notre dynamique Ministre des Affaires Etrangères de ratifier cet instrument essentiel y compris l’article 8(3) du protocole qui permet aux individus et aux acteurs de la société civile de saisir la Cour pour les violations des droits humains à leur égard. Si cela n’est pas permis cette Cour de Justice risque d’être une farce.
(Cette interview est parue dans le supplément d’Amnesty Maurice dans l’express du 29 mai)
 
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