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Lormus Bundhoo : «Je suis un ministre qui a le courage d’appliquer le Shift System…»

27 octobre 2013, 08:15

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Lormus Bundhoo : «Je suis un ministre qui a le courage d’appliquer le Shift System…»

La santé publique a été la cible de critiques ces derniers temps. Hormis les attentes interminables dans les hôpitaux, plusieurs allégations de négligence ont été rapportées. Un gynécologue, trouvé coupable, a même écopé d’une peine d’emprisonnement de neuf mois. Le manque de spécialistes dans les hôpitaux a également été remis sur le tapis. L’Express fait le tour de la question avec le ministre de la Santé, Lormus Bundhoo.

 
Une vague de critiques s’abat actuellement sur votre ministère. Les gens crient à la négligence médicale. Qu’avez-vous à répondre ?
Vous savez, il y a quatre millions de visites par an dans les hôpitaux et autres centres de santé. Tous les patients ne sont pas satisfaits. Je reconnais qu’il y a des allégations de négligence médicale. Une attention particulière est accordée à chacune d’elles. Un cas c’est déjà trop et c’est pire quand il s’agit d’une future mère ou d’un enfant. Dans ces cas-là, une enquête est automatiquement initiée. C’est pourquoi depuis que je suis ministre de la Santé, je n’ai jamais hésité à suspendre des médecins, ni à revoir le pouvoir et le fonctionnement du Medical Council. Je serai sévère si un médecin est trouvé coupable dans le cas d’une négligence médicale, je n’hésiterai pas à revoir les sanctions.
 
Le ministère vient de recruter un nombre important d’infirmiers. Était-ce une priorité ?
Oui, lors de mes rencontres avec les syndicats et responsables d’hôpitaux, on m’a indiqué qu’il y a un manque d’infirmiers dans les hôpitaux. Par ailleurs, beaucoup d’entre eux sont proches de la retraite. C’est pourquoi l’année dernière nous en avons recruté 400. Cette année, 150 infirmiers de plus ont été embauchés. Si tout se passe comme prévu, prochainement nous en recruterons encore 150.
 
Que pensez-vous du fait qu’un médecin de l’État a récemment été condamné par la cour ?
La cour a donné son verdict, le médecin a fait appel, alors ce ne serait pas correct de formuler un jugement sur cette affaire. Cependant, j’ai fait une demande au General Medical Council de l’Angleterre, après une rencontre avec le Premier ministre, pour revoir la façon d’enquêter, l’organisation et la structure du Medical Council à Maurice. Les sanctions aussi seront revues afin qu’elles reflètent la gravité établie de la négligence médicale.
 
Les attentes interminables dans les hôpitaux du pays vont-elles disparaître un jour ?
Pa existe sa… Je reconnais que de temps en temps il y a des foules, surtout durant le week-end ou pendant des périodes saisonnières spécifiques. Mais après, le nombre de patients retourne à la normale.
 
Vous avez annoncé que le nombre de césariennes augmente. Y a-t-il suffisamment de personnel qualifié pour s’en occuper ?
En tant que ministre de la Santé, je dois donner les chiffres tels quels. Toutefois, ces derniers temps, le nombre de césariennes s’est stabilisé à 41 %. L’idéal serait qu’il baisse. Je ne suis pas médecin mais c’est conseillé par des experts, qu’autant que possible, les femmes devraient accoucher de façon naturelle. C’est la raison pour laquelle le ministère a constitué un comité de gynécologues et pédiatres de renom pour revoir le système actuel et faire des recommandations pour améliorer le système néonatal, natal et postnatal. Un programme de sensibilisation des parents aux bienfaits de la naissance naturelle est aussi prévu. Bientôt, des gynécologues et pédiatres seront en permanence à l’hôpital, sur un Shift System.
 
Les spécialistes se font rares à Maurice. Pourquoi ?
Je considère qu’il y a un mismatch entre les bourses qui sont offertes et les spécialités qu’il nous manque. Il y a des Scarcity Areas à Maurice. Par exemple nous n’avons pas suffisamment d’organ transplant specialists, d’open heart specialists ou de spécialistes en pédiatrie. Pourtant, ce ne sont pas les compétences qui manquent.
 
Quelle est la solution ?
Il faut allouer des bourses qui correspondent aux Scarcity Areas. Je suis en train de négocier avec plusieurs instituts dont l’Institut de Genève pour remédier à ce problème. Vous me voyez régulièrement à la télé, je cours partout pour faire venir des équipes de spécialistes de l’étranger. Et ce, dans plusieurs secteurs, notamment l’ophtalmologie, la pédiatrie, l’orthopédie, la neurochirurgie… Un autre domaine où il nous manque des spécialistes est la chirurgie plastique. Nous recruterons des diabétologues et autres spécialistes incessamment. Toutefois, plusieurs spécialistes étrangers sont réticents à l’idée de venir travailler ici car dans leur pays, ils sont mieux payés.
 
La création d’une «National Cancer Agency» a été annoncée. Pouvez-vous nous en dire plus ?
A la lumière du nombre croissant de Mauriciens atteints de cancer, plus particulièrement des femmes atteintes de cancer du sein et du col de l’utérus, une National Cancer Agency a été créée, à l’initiative personnelle du Premier ministre. Le professeur Khayat, conseiller de l’ancien président Chirac, est à Maurice pour faire un audit et revoir les traitements que l’on propose aux patients atteints de cancer. En ce moment, un expert de l’Organisation mondiale de la santé est en train d’évaluer la situation à Maurice, le focus est sur le cancer du sein et du col de l’utérus. L’accent sera mis sur la recherche également, le centre sera prêt prochainement.
 
Le «Shift System» entrera-t-il en vigueur ?
Le département Accident and Emergency passera bientôt au Shift System. La Public Service Commission recrute actuellement des médecins pour y travailler, nous espérons ainsi que les services seront améliorés. Des spécialistes seront aussi disponibles around the clock dans d’autres départements comme la gynécologie et la pédiatrie. Les interviews ont déjà été bouclées. Le système des médecins on call sera aboli dans ces domaines en particulier.
 
Pourquoi ne pas appliquer le «Shift System» à tous les niveaux ?
J’ai l’intention d’introduire le Shift System dans la Cardiac Unit également jusqu’à l’année prochaine. En ce qui concerne le Shift System à tous les niveaux, cela dépendra des ressources et la disponibilité des spécialistes. Il faut aussi penser aux arrangements par rapport à l’accommodation etc. L’idéal serait d’étendre le Shift System à tous les niveaux mais dans la pratique, c’est compliqué. C’est toute la structure qui va changer. Au moins, je suis un ministre qui a le courage d’appliquer ce système dans le département Accident and Emergency. Mo pu al dan listoir kuma minis kinn amenn specialist round the clock ! (Il tape sur la table). J’ai la ferme intention d’étendre ce système à d’autres unités également.
 
À quelques semaines du budget, quelles sont vos attentes pour le secteur de la santé ?
Si le ministre des Finances pouvait satisfaire les demandes de tous les ministres, cela aurait été idéal, mais nous savons que ce ne sera pas possible. Moi, j’ai identifié quelques priorités. La première, c’est le diabète et toutes les maladies qui y sont liées. Ensuite, les maladies cardiaques et le cancer. Je m’attends à ce que le ministre des Finances, dans la mesure du possible, me donne les moyens pour accentuer la campagne de prévention, de traitements et de réhabilitation pour ces trois maux. J’aimerais aussi qu’il accorde une attention particulière à la continuité des développements infrastructurels dans le secteur de la santé, c’est un dada du Premier ministre, qui lui-même est médecin de profession. Je n’ai aucun doute que Xavier-Luc Duval, sous la houlette du Premier ministre, fera de son mieux.
 
Comment réduire le nombre de médecins chômeurs ?
J’ai fait une demande pour connaître le nombre de médecins qui arriveront au pays de 2014 jusqu’à 2017. À partir de là, le ministère de la Santé devra travailler pour trouver une stratégie afin de permettre à un maximum de médecins de trouver du travail. Toutefois, en 2012 et 2013, presque 400 médecins ont été recrutés. Et il faut également recruter des médecins pour le département Accident and Emergency et les autres unités.
 
 

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