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Louis Rivalland «La hausse du taux repo aura un impact négatif sur les entreprises»

30 mars 2011, 04:24

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La «Bank of Mauritius» (BoM) a relevé lundi le repo rate de 50 points de base à 5,25 % après l’avoir abaissé de 100 points de base en septembre dernier. Est-ce cohérent ?

Ce n’était pas une décision simple à prendre. D’ailleurs, elle a été prise à la majorité et non à l’unanimité. Ce qui prouve bien que les avis ont divergé au sein du comité de politique monétaire. En septembre dernier, la situation était différente. Beaucoup de risques planaient sur la croissance qui avait déjà ralenti suite à la crise de l’euro. Il existait un net différentiel de taux entre Maurice et ses principaux partenaires commerciaux.

Il y avait également une déconnexion entre le repo rate et les taux des Bons du Trésor. Le tout dans un contexte où l’inflation était à un niveau historiquement bas. C’est pourquoi à l’époque il y a eu unanimité pour baisser le taux directeur de 100 points de base. Il s’agissait de donner
un signal fort et de procurer aux entreprises l’espace nécessaire pour mener à bien les restructurations dont elles avaient besoin. Aujourd’hui, ce qui est nouveau c’est qu’il existe des pressions inflationnistes plus fortes. Le reste n’a pas changé. Personnellement, j’aurais préféré que la BoM ne relève par le taux repo tout de suite. Cela aurait permis de consolider un peu plus cette reprise économique encore très fragile. Tout en augmentant la visibilité du conflit en Afrique du Nord et son impact sur les cours du pétrole.

La Banque centrale a pris la décision de relever le «repo rate» afin de lutter contre l’inflation. Que pensez-vous de l’efficacité de cette mesure ?

La hausse du repo va entraîner une contraction de la masse monétaire en faisant baisser les emprunts. Ce faisant la BoM espère qu’il y aura moins de pressions sur les salaires car il y a un objectif affiché de garder l’inflation sous contrôle. Cependant il nous faut accepter qu’une large part de l’inflation échappe à notre contrôle car elle vient de l’inflation importée. C’est ce qu’on appelle le «cost push» surtout au niveau de l’énergie et de l’alimentation.

L’augmentation du différentiel de taux entre Maurice et les pays occidentaux représente-t-il un danger ?

Oui, il y a un danger potentiel. S’il y a un différentiel trop élevé entre nous et les autres pays cela peut engendrer à court terme beaucoup de placements à Maurice qui viendrait augmenter artificiellement la valeur de la roupie. Cependant le repo rate est aujourd’hui déconnecté des taux des Bons du Trésor. Avant l’augmentation de repo était à 4,75 % et sur les bons du Trésor à un nous avons un taux moyen de 3,5 % et sur 6 mois de 1,8 %. Tout dépendra donc si cette hausse du repo rate affectera aussi les rendements des bons du Trésor et des dépôts en banque. Ce qui n’est pas évident. Je voudrais mentionner ici le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz qui, lors de sa récente visite à Maurice, nous a adressé une sérieuse mise en garde par rapport à cela. Nous voyons qu’en Amérique,pour relancer l’économie, on a pratiqué le «quantitative leasing» en faisant fonctionner la planche à billet. Malheureusement, au lieu de relancer l’économie américaine, beaucoup de ces nouveaux dollars quittent l’Amérique pour chercher des rémunérations plus attrayantes surtout dans des pays émergents. Comme Maurice offre des rendements plus intéressants et sans risque cela peut être très dangereux car le flux de capitaux entrants peut faire augmenter artificiellement la valeur de la monnaie nationale. Mettant ainsi en péril les entreprises et l’économie en général. C’est pourquoi nous voyons beaucoup de pays comme le Brésil qui, pour se protéger, mettent en place des contrôles de ces placements que nous appelons du «hot money».

 

Lire l’intégralité de cette interview dans la version électronique de l’express.

 

Propos recueillis par Pierrick Pédel

 

 

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