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Lysie Ribot: «Le ministre de l’Education est coupé de la réalité»

27 janvier 2009, 14:50

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La présidente du syndicat des enseignants des collèges confessionnels catholiques et non-catholiques, Lysie Ribot, explique en long et en large pourquoi le ministre de l’éducation est coupé de la réalité. Et pourquoi il faut revenir sur la décision d’étendre les heures des classes.

L’extension des heures de classe semblent poser de nombreux problèmes aux collégiens, qu’en pensez-vous?

Les étudiants ne sont pas contre étudier jusqu’à 15h mais contre les problèmes rattachés au fait d’être en classe jusqu’à cette heure. On leur dit de rester jusqu’à 15h et, en même temps, on ne met pas de bus scolaire à leur disposition à la fin de leur journée au collège! Certains diraient aussi que leurs vraies préoccupations dans cette affaire, ce sont les leçons particulières mais soyons honnêtes. A Maurice, les cours particuliers font parties du système éducatif. Avec les nouveaux horaires scolaires, les collégiens rentrent tard chez eux. Maintenant, il y a l’heure d’été mais je préfère ne pas penser à ce qui se passera quand nous serons en hiver… La question de sécurité m’inquiète beaucoup. D’ailleurs, on semble oublier qu’il y a des guerres de gangs entre les élèves des collèges. Et maintenant, on les place dans une situation où ils sont à la même gare sans bus d’école! Nous avons d’ailleurs eu un échantillon de ces bagarres récemment, entre les collégiens du Gaëtan Raynal et ceux du collège de La Confiance.

Pouvez-vous nous dire quelles sont les difficultés engendrées par l’extension des heures de classe pour les enseignants du secondaire?

Au nom des enseignants des collèges confessionnels, je peux dire que nous reconnaissons que nous ayons signé le Pay Research Bureau (PRB). Lequel stipulait que nous finirons à 15h. Ce PRB disait aussi que nos salaires seront révisés. Quel employé refuserait une augmentation? Les classes ont toujours débuté à 8h30 dans les collèges confessionnels. Maintenant que nous, les professeurs du confessionnel, avons eu notre augmentation salariale du PRB, on vient nous dire qu’il nous faut commencer à 8h. Ce qui fait que nous avons une extension, non pas de 30 minutes mais d’une heure. On nous dira de ne pas nous plaindre à cause de l’augmentation mais il faut savoir que tous les fonctionnaires des corps paraétatiques de l’éducation en ont également reçu, sans qu’on leur demande de travailler plus longtemps. C’est surtout les 30 minutes du matin qui nous posent problème. Les professeurs des collèges confessionnels trouvent cette démarche du ministre de l’Education, Vasant Bunwaree, très malhonnête!

Et comment se passent les 30 minutes d’activités extrascolaires?

On nous fait croire que l’extension des heures de classe vise à effectuer des activités extrascolaires pour le développement intégral de la personne. Quand le ministre de l’Education nous a envoyé sa liste d’activités, cela nous a fait rire. Je ne sais pas pour les collèges d’Etat, mais les collèges confessionnels organisent de telles activités depuis des âges! Et cela pendant les heures de classe. Pour nous, ces 30 minutes représentent une perte de temps! En attendant, au lieu d’appliquer ces 30 minutes d’activités extrascolaires, les collèges confessionnels ont rajouté cinq minutes à chaque classe de la journée.

Vasant Bunwaree a longuement discuté avec 75 collégiens aujourd’hui. Il fera part de leurs doléances au prochain Conseil des ministres. Croyez-vous que l’extension des horaires sera abandonnée?

Ecoutez, si on place les bons et mauvais côtés de cette mesure dans la balance, les problèmes pèseront définitivement plus lourds. A mon avis, ce serait un signe de sagesse que de revenir sur une erreur qu’on a pu commettre. Un entêtement dans la même voie n’apporte rien de positif. D’ailleurs, le ministre de tutelle est coupé de la réalité. Il affirme que ce sont les enseignants qui motivent les élèves à se rebeller alors que c’est nous qui les retenons, qui essayons de leur parler.

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