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L’après-Susheela Raman : Alain Gordon-Gentil qualifie le ministre Choonee de rétrograde

3 juin 2012, 20:00

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L’après-Susheela Raman : Alain Gordon-Gentil qualifie le ministre Choonee de rétrograde

Le conseiller du Premier ministre sur le dossier Culture s’indigne du traitement réservé à l’artiste internationale. Il tape sur les déclarations «  dépassées » du ministre de tutelle : « j’ai l’impression que non seulement nous ne vivons pas au 21ème siècle, mais nous n’en sommes même pas au 20ème ».

La conception de la culture diffère à l’hôtel du gouvernement. La censure imposée à Susheela Raman par l’agence Immedia lors de son concert à Maurice le samedi 26 mai 2012 suite aux pressions de deux organisations tamoules et cautionnée par le ministre des Arts et de la Culture Mukeshwar Choonee n’est pas du tout au goût du directeur de la cellule « Culture & Avenir » du Bureau du Premier ministre, Alain Gordon-Gentil.

Décrit comme le « shadow minister » de la Culture à l’hôtel du gouvernement, ce proche de Navin Ramgoolam tombe également des nues face à la dernière déclaration en date de Mukeshwar Choonee. Surtout celle à l’effet qu’il compte « catégoriser » les chanteurs internationaux afin de déterminer si tel artiste a le droit de tenir un concert à Maurice.

« Quand je vois et que j’entends des choses comme ça, c’est-à-dire proposer que la parole d’un artiste soit scrutée avant de le permettre de s’exprimer, j’ai l’impression que non seulement nous ne vivons pas au 21ème siècle, mais nous n’en sommes même pas au 20ème siècle », lâche-t-il aux questions de lexpress.mu. Il est de notoriété publique qu’il n’a jamais tenu Mukeshwar Choonee en haute estime, surtout après la censure faite à une pièce de Gaston Valayden.

De France où il est en voyage, Alain Gordon-Gentil tempête. « Quelle que soit la fonction que j’occupe et le devoir de réserve qui doit s’appliquer, il m’est impossible de rester silencieux devant l’affront fait à Susheela Raman », dit-il, en rappelant qu’il avait également dénoncé la censure imposée à Gaston Valayden et sa pièce de théâtre Madogs of Diego.

Le conseiller du Premier ministre n’apprécie pas non plus le mélange des genres : que la religion vienne dicter l’expression artistique. « Au-delà de cette décision se pose la question de la place accordée aux religions dans l’espace public. Jusqu’à quand allons-nous accepter que des croyances privées empiètent à ce point dans le domaine public ? Les cultes et la culture n’ont strictement rien de commun, la culture dans son vrai sens étant un élément de libération de la pensée ».

Alain Gordon-Gentil estime que la décision d’Immedia d’interdire à Susheela Raman d’interpréter deux de ses titres inspirés de chants dévotionnels est une atteinte à la liberté d’expression. « Il faut le dire : voilà un drôle de précédent qui nous rend ridicule aux yeux du monde et peut être encore pire aux yeux des artistes. Demain l’Evêché devrait, interdire à Jacques Brel s’il était vivant de chanter « Les bigotes » au Plaza comme il l’a fait …en 1966 », poursuit-il.

« De toutes les manières, l’histoire nous le montre avec insistance depuis l’éternité des temps : le respect de la liberté d’expression, de la différence n’a jamais été le fort des religions. Ce n’est pas là qu’il faut chercher la modernité et le progrès », enchaîne Alain Gordon-Gentil. « En attendant, Susheela Raman, qui a chanté dans le monde entier, découvre que c’est sur une petite terre, qui se vante de connaître le miracle de la coexistence pacifique, qu’on lui a fermé la bouche. Avec la complicité de l’autorité compétente et de l’organisateur qui nous montre que face aux gains, les pseudos leçons de moralité s’envolent comme liasses de billets dans le vent », résume-t-il.

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