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Maltraitance infantile : Le combat d’Aurélie pour protéger sa fille de six ans

13 octobre 2013, 20:00

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Maltraitance infantile : Le combat d’Aurélie pour protéger sa fille de six ans

La violence envers les femmes et les enfants est monnaie courante dans notre société. Parfois, la justice semble aveugle comme dans le cas d’Aurélie.

 

Désespérée, désemparée, acculée et au bord du gouffre. C’est ainsi que nous apparaît Aurélie (nom fictif), 34 ans, issue d’un milieu bourgeois, qui lutte depuis plus d’un an pour que les autorités reconnaissent que son ex-mari a attenté à la pudeur de leur fille de six ans et lui refusent son droit de visite. Traduite en cour aujourd’hui, mardi 15 octobre, par lui pour non-respect dudit droit de visite, elle risque la prison alors qu’elle ne veut qu’une chose : protéger ses enfants et en particulier sa fille.

 

«Depuis un an et demi, ma fille a raconté son histoire à neuf reprises aux autorités. Or, son père n’a jamais été inquiété. Pas une seule fois. C’est insensé.»C’est le cri du coeur d’Auréliequi vit un double drame : celuid’avoir subi à 11 ans le mêmetraitement infligé à sa fille etpar le même homme, soit lepère de l’enfant qui est aussison ex-mari. C’est à 11 ansqu’Aurélie rencontre celui quiva devenir son futur mari. Luia 17 ans. Il est un ami de l’amide sa soeur. À deux reprises,alors qu’il dort chez elle, il luifait des attouchements et attenteà sa pudeur, tout en luidisant que c’est naturel. Aurélieen a tellement honte qu’ellen’en parle à personne, de peurde s’entendre dire que c’est desa faute.

 

Traumatisée, elle se transforme en garçon manqué et refuse tout flirt jusqu’à ce qu’elle le retrouve à 17 ans et qu’il lui demande de sortir avec lui. Elle accepte et c’est la seule personne qu’elle autorise à la toucher. «C’était le seul homme qui m’avait touchée de toute ma vie», dit-elle. Elle consent même à l’épouser.

 

Lors de leur vie commune, elle découvre un égocentrique, à l’hygiène approximative et qui lui fait subir son hypersexualité. «Il voulait faire l’amour tout le temps et avait des fantasmes terribles auxquels je refusais d’accéder.Il m’obligeait à avoir des relations sexuelles avec lui. Nos disputes étaient souvent liées à ce problème et il m’a déjà battue parce que je refusais.»

 

Elle lui donne trois enfants, deux garçons et une fille. Mari et femme travaillent ensemble mais il s’arrange pour que tous les biens achetés en couple soient à son nom. À force de tout accepter, Aurélie multiplie les complications de santé et les opérations. Elle finit par se séparer et prend les enfants avec elle.

 

En novembre 2011, elle lui annonce sans détour qu’elle ne réemménagera pas avec lui. Au début, il prend les enfants une fois la semaine et un week-end sur deux. Après un certain temps, l’aîné refuse d’y aller et le cadet lui emboîte le pas. Au final, seule la fillette, qui à l’époque a quatre ans, part en visite chez son père.

 

Lors d’une de ces visites, il garde l’enfant quatre jours d’affilée alors qu’il n’en a pas le droit et à son retour à la maison, la gamine paraît prostrée. L’enfant fait aussi état de brûlures lorsqu’elle urine. Aurélie commence à avoir des doutes quand son mari veut récupérer sa fille un soir et qu’il se montre extrêmement agressif. «Dès le lendemain ,j’ai demandé à ma petite si son père lui avait caressé les parties intimes et elle a dit oui.Elle a ajouté qu’elle en avait fait autant avec lui dans la baignoire. Il lui a dit que c’était normal qu’il lui fasse cela caril est son papa et qu’elle est sa princesse. J’ai dû lui expliquer qu’elle ne doit laisser personne la toucher.»

 

Aurélie emmène la fillette chez un pédiatre qui écoute l’histoire et les réfère à la Child Development Unit(CDU). L’enfant est vue par la psychologue de la CDU qui réalise qu’il y a effectivement un problème. La gamine signe une déposition le 27 mars 2012 dans laquelle elle fait état d’attouchements et l’affaire est référée à la police.

 

À la représentante de la police qui prend l’enquête en main, l’enfant avoue qu’il y a eu non seulement attouchements mais aussi pénétration digitale. Elle est en outre vue par une psychologue du privé. Les dessins de la fillette à propos des gestes de son père sur sa personne sont sans équivoque.

 

Aurélie obtient un Interim Protection Order qu’elle tentede transformer en Protection Order mais sa demande estrejetée le 24 juillet 2012 enraison d’une erreur sur lesdocuments soumis. L’enquête policière semble piétiner. Le 27 novembre 2012, une magistrate accorde au père un droit de visite d’une heure, trois fois la semaine, dans les locaux de la CDU, en attendant que le droit de visite soit statué par la Cour suprême lors du divorce.

 

Le 15 février 2013, le divorce est prononcé et la cour accorde au père un droit de visite hebdomadaire de deux heures dans un club privé sous la supervision d’un adulte. La fillette laisse entendre à sa maman que son papa insiste pour qu’elle revienne sur ses déclarations. «Le 18 avril dernier, lorsque mon fils a entendu son père dire à sa petite soeur qu’il fallait qu’elle revienne sur ses dires, il s’est mesuré à son aîné.» Depuis, aucun des enfants ne veut se prêter à la visite hebdomadaire.

 

Aurélie doit les emmener faire des entrées à cet effet au poste de police. Bien qu’elle ait obtenu un nouveau Interim ProtectionOrder le 14 juin, le magistrat lui fait comprendre qu’il ne peut aller à l’encontre du droit de visite stipulé par la Cour suprême. L’enquête a finalement été référée au Directeur des poursuites publiques (DPP) qui poursuit son ex-mari sous deux chefs d’accusation : attouchements et attentat à la pudeur. Il doit se présenter en cour en novembre.

 

En attendant cette date et pour mettre un terme au droit de visite et surtout aux intimidations envers sa fille, Aurélie cherche à obtenir le 9 octobre un VariationOrder par rapport au droit de visite statué par la Cour suprême. Or, elle tombe des nues quand elle apprend que sa demande ne sera examinée qu’en mai 2014.

 

«J’ai demandé au juge s’il était au courant du dossier. Il a répliqué par l’affirmative en ajoutant que c’était la procédure. Et il est resté insensible. Comment voulez-vous qu’après ça, j’aie encore confiance en les autorités et la justice de ce pays ? Je ne demande qu’une chose : que mes enfants grandissent normalement et que la justice les protège. Aujourd’hui, mon ex-mari me traduit en cour pour non-respect du droit de visite. Je ne sais plus quoi faire. Je n’ai plus de ressources. Je travaille, certes, mais entre la location, la nourriture et tout ce qu’il faut pour les enfants, je n’ai pas Rs 25 000 à chaque fois pour demander la protection de la cour. Je suis fatiguée de me battre. J’ignore ce qu’il adviendra mardi (NdlR :aujourd’hui) mais si en novembre, la cour trouve mon ex-mari coupable des accusations portées contre lui, cela voudra dire que la justice aura laissé la victime entre les bras de son bourreau pendant tout ce temps. C’est à se taper la tête contre les murs !»

 

 

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