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MBC Act: quand la télévision nationale viole sa propre loi
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MBC Act: quand la télévision nationale viole sa propre loi

Un Premier ministre qui fait une violente sortie en public contre le Directeur de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) parce qu’il n’approuve pas une émission qu’il trouve trop critique à l’égard du gouvernement. Fiction ? Non, cela s’est passé en janvier 1983 à Triolet.
Le Premier ministre était Anerood Jugnauth et le Directeur Général (DG) de la MBC, Gaétan Essoo. Ce dernier n’aura fait que neuf mois à la tête de la MBC. C’est sans aucun doute parce que le gouvernement MMM-PSM de 1982 n’a pas duré mais au-delà de la politique, c’était, selon Gaétan Essoo, «mon indépendance et mon refus d’appartenir à un clan quelconque» qui gênait autant le Premier ministre d’alors.
Cette déclaration est extraite d’une interview faite il y a 30 ans, que Le Mauricien a reproduit dans son édition du lundi 11 février.
Au cours de cet entretien, l’ancien directeur de la MBC expliquait son objectif à la tête de la MBC «information indépendante, accessible, objective et surtout mauricienne conscientisation de la population aux problèmes nationaux» etc. Il clamait aussi etre devenu «la cible privilégiée alors que je ne faisais que défendre l’indépendance de la corporation».
Le MBC Act n’avait alors que quatre mois. La loi de 1982, qui est d’ailleurs toujours en vigueur, déclare entre autres que la MBC devra s’assurer que les émissions diffusées soient «indépendantes et impartiales», que le niveau des émissions soit «haut et de bonne qualité» et que les émissions «ne risquent pas d’encourager ou d’inciter au crime, au désordre et à la violence».
La MBC Act dit surtout que la corporation doit «s’abstenir d’exprimer sa propre opinion et observer la neutralité et l’impartialité sur les affaires on current affairs, matters of public policy, matters of controversy relating to culture, politics, religion, or any other subject, other than broadcasting».
30 ans plus tard, le scénario est on ne peut plus différent. C’est Dan Callikan (qui était en 1983 le président de la MBC), qui est DG de la corporation. Il n’est désormais plus question d’indépendance. Encore moins de déplaire au Premier ministre. Bien au contraire.
L’objectif de la station est devenu depuis un certain nombre d’années, non pas l’indépendance, mais «la couverture des activités des membres du gouvernement». C’est ce que Bijaye Madhou, prédécesseur de Callikan, confiait à l’express il y a quelques années. Pourtant la loi n’a pas changé. Et le ministre de tutelle-dans le cas actuel, le Premier ministre ne peut donner des directives à la MBC qui sont contraires à la MBC Act de 1982.
Pourtant, tous les employés de la MBC, en particulier les journalistes-ne ne cachent pas le fait que leur mandat, tel que défini par la direction de la MBC, est d’etre le porte-parole du gouvernement.
Rien que les événements de ces deux dernières semaines le démontrent-avec la diffusion des propos sectaires d’une association qui se fait appeler le Front Commun Hindou, pendant dix minutes et la mise au point subséquente de Somduth Dulthumun mardi, quand la présentatrice de service se fait le porte parole de ce groupe, en essayant de justifier la représentativité de ce front commun.
En violation flagrante de la loi. Au service non plus du pays, mais du gouvernement.
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