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Mono Bunwaree : Représentant du personnel académique au conseil de L’UOM «Surpris que le vice-chancelier ait voté pour le rapport Manraj»
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Mono Bunwaree : Représentant du personnel académique au conseil de L’UOM «Surpris que le vice-chancelier ait voté pour le rapport Manraj»

Dev Manraj a soumis un rapport sur la restructuration de l’université de Maurice (UoM) qui fait actuellement la joie de ceux qui avaient soutenu le plan de restructuration de Konrad Morgan. Mais la question demeure : malgré le fait que le conseil de l’UoM l’a adopté,ce plan ira-t-il de l’avant ?
Finalement, le rapport Manraj vient donner raison à Konrad Morgan, n’est-ce pas ?
Oui. Mais je dirai que le rapport Manraj est mieux puisque Manraj a prôné la décentralisation il y a 25 ans, dans un rapport qu’il avait fait quand il était Visiteur à l’université !
Et comment savez-vous que ce rapport ne subira pas le même sort que les deux autres ?
La situation est différente car Dev Manraj est désormais un Senior Advisor du Premier ministre (PM) et jouit donc de la confiance du PM. Et n’oublions pas le plus important : ce rapport est passé par le bureau du PM et a eu l’aval du PM. Selon mes informations, le PM n’a rien trouvé à redire sur ce rapport et je crois qu’il y a une réelle volonté du PM de faire bouger les choses.
Ce rapport parle des «vested interests of some stakeholders to maintain the status quo». De qui parle-t-on ?
Oui, vous avez raison, Dev Manraj le dit. Vous savez, nous avons passé les trois dernières années à essayer d’amener tout le monde «on board» et finalement, on a découvert qu’il y aura toujours quelques mécontents quand il s’agit de restructuration. Au sein du conseil, cependant, je suis heureux de dire que tout le monde a approuvé et adopté le plan dans son intégralité.
Excepté que ces réfractaires aux changements sont toujours là. Qu’est-ce qui vous fait penser qu’ils ont changé d’avis ?
Oui, ils sont toujours là. Mais Manraj dit aussi dans sa conclusion qu’il est grand temps que ces réfractaires «bid a final farewell» à ce statu quo. En d’autres mots, que le changement arrive et qu’il faudra y faire face, n’en déplaise à certains.
Vous ne nous dites toujours pas qui sont ces réfractaires...
C’est très simple. Ce sont ceux qui sont en train de jouir du pouvoir actuellement, ceux qui sont en train de tout contrôler.
Le vice-Chancelier Ramesh Raghooputh ?
Oui, même s’il a voté pour le rapport au conseil ! (Rires…)
Vous étiez surpris ?
Un peu ! (Sourire…) Peut-être qu’il a changé, que sais-je ? Moi qui pensait qu’il était pour la centralisation, voilà que je découvre qu’il est en train de prôner la décentralisation ! Eh bien, tant mieux ! L’autre personne qui contrôle le pouvoir grandement est la Registrar. Elle ne sera plus en charge de toute l’administration, mais deviendra membre du sénat.
Pourquoi tenez-vous tellement à cette restructuration ?
A l’université, notre activité principale est académique et devrait aussi être la recherche. Or, sur un total de 1 000 employés, l’université ne compte que 300 académiques, un ratio largement en faveur du personnel non académique. Alors que dans toutes les universités du monde, c’est le contraire. Et, le problème de personnel n’est qu’un des obstacles à l’aboutissement de notre ambition. Le rapport Manraj vient enlever ces obstacles, en rendant efficiente une administration lourde. Tant qu’on va mettre du plomb dans l’aile de l’université, elle ne décollera pas et ne pourra pas atteindre ses ambitions.
Mais l’administration n’est pas le seul problème de l’UoM. Il y a aussi et surtout la baisse du niveau de l’éducation ! Vous êtes d’accord ?
Vous savez avec le nombre croissant d’étudiants à l’université…
Vous parlez de la politique gouvernementale d’un diplômé par famille ?
(Sourire…) Ah ça, c’est la politique de Rajesh Jeetah ! Mais quoi qu’il en soit, si l’on veut qu’il y ait un diplômé par famille, il faut qu’on donne les moyens à l’université de pouvoir le faire. On ne peut pas augmenter le nombre d’élèves sans augmenter le nombre d’enseignants. Si on fait cela, c’est normal qu’il y aura une baisse dans le niveau.
Mais, quand on revoit à la baisse les critères d’entrée à l’université, avoir 1 000 académiques ne changera en rien le niveau !
Oui, c’est clair que là, on aura un problème !
En est-on arrivé là à l’université ?
Ecoutez, il y a certaines filières où le nombre d’entrants croît, mais ce n’est pas dans toutes les filières. Par exemple, il y a des filières comme la médecine, à moins d’avoir trois A, l’on n’y est pas admis. Idem pour le droit ou les finances.
Mais la politique de revoir à la baisse les critères d’entrée pour gonfler le nombre de diplômés n’est pas une politique digne d’une université qui se respecte, non ?
(Hésitations…) Ecoutez, il faut que la personne qui veut faire de études supérieures ait un niveau minimum adéquat. Sinon, effectivement, il y aura un problème. Cela coule de source. Et il faut maintenir le niveau.
Mais sommes-nous en train de maintenir le niveau ?
Valeur du jour, oui. A cause notamment de filières comme la médecine, le droit, les finances.
L’anglais, le français, les sciences politiques, etc. ?
Non, je ne pense pas que le niveau a été maintenu.
Quand des diplômés de l’UoM sont sur le marché du travail et qu’ils n’arrivent pas à écrire adéquatement, n’est-ce pas une mauvaise image de l’UoM qui en découle ?
Je ne sais pas si c’est une mauvaise image de l’université ou de la politique éducative supérieure du gouvernement. Mais là, c’est un autre débat, j’aurai préféré à ce stade me concentrer sur le plan de restructuration.
Oui, mais à quoi servira cette restructuration si le niveau de l’université n’est pas bon ? Les deux sont liés !
Mais la politique éducative supérieure n’est pas défi nie par l’université. C’est au gouvernement de voir ce qu’il veut faire du pays. S’il veut des diplômés de deuxième grade, il les aura. S’il veut des diplômés de premier grade, il peut aussi les avoir ! Mais c’est un autre débat, allons revenir sur le sujet qui nous intéresse : la restructuration. Je crois qu’il y a là un élan, et qu’on le veuille ou non, quand le PM donne son aval à un tel projet, il y a plus de chances pour qu’il réussisse. Mais, je suis sûr qu’il y aura un petit groupe qui va faire entendre sa voix bientôt et qui va essayer de mettre des bâtons dans les roues. Mais moi, je dis que pendant des années, nous avons essayé, en vain, de venir de l’avant avec un plan de restructuration. Alors le PM a tranché. Il y a aujourd’hui un rapport fait par les experts. On ne va pas prétendre corriger les experts.
Dev Manraj parle de «weak governance ». Comment est-on arrivé à une telle situation dans une université ?
La structure ne se prêtait pas à une bonne gouvernance, elle permettait que les choses se fassent dans l’opacité. Les nouvelles lois que propose Manraj prônent la transparence, elles feront du sénat et du conseil d’administration des instances de décisions ouvertes. Bien sûr, ceux qui ne sont pas confortables avec la transparence ne vont pas sauter de joie. Manraj veut professionnaliser l’université, mais ceux qui ne sont pas confortables avec le professionnalisme ne vont pas être contents, ceux qui préfèrent que les jobs reviennent à des membres de leur famille plutôt qu’à des professionnels s’opposeront à ce plan ! Et, c’est important que le plan soit appliqué in toto car le plan Manraj a été orchestré comme la cinquième symphonie de Beethoven. Si l’on bouge une note, tout est foutu. Il faut aller vite sinon on va retomber dans la lassitude.
Quel a été le rôle du ministre Jeetah dans cette restructuration ?
Il a été bizarrement silencieux et je m’étais dit que c’était peut-être tant mieux. Mais j’entends dire qu’il a dit, hier, qu’il était satisfait du rapport et je dis encore une fois : tant mieux ! (Rires…) Peut-être qu’il devrait maintenant s’occuper de ces questions que vous m’avez posées plus tôt : si l’on va vers la politique d’un diplômé par famille, cela va-t-il baisser le niveau ? Va-t-il donner à l’université les moyens de garder son niveau ? C’est ce genre des questions qui devraient l’intéresser, pas le fonctionnement interne de l’université.
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