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Olivier Bancoult: «Le GM anglais nous traite comme des coupables»

4 avril 2009, 15:44

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Le leader du Groupe Réfugiés Chagos dénonce l’indifférence du gouvernement anglais.

Où en est le combat du Groupe Réfugiés Chagos (GRC) pour un retour aux Chagos?

Nous constatons l’indifférence de l’Etat britannique. Le gouvernement anglais nous traite comme des coupables.

Après le revers subi devant le Privy Council, nous continuons la lutte devant la Cour européenne des droits de l’homme. Cet instance a donné au gouvernement britannique jusqu’au 12 juin pour fournir ses explications. Mais en attendant une résolution, qui stipule que les députés devraient rechercher une solution pour un retour définitif dans notre île, a été votée par une majorité de parlementaires.

En quoi cette résolution est une avancée pour les Chagossiens?

Cette résolution vient nous donner, encore une fois, raison dans notre démarche. Cela démontre la justesse de nos revendications et est la preuve que la ligne que nous avons adoptée est la bonne. Nous sommes bien-sûr fiers de notre parcours et nous continuerons jusqu’au bout. Ce que nous réclamons, c’est un droit fondamental auquel tout être humain a droit. Mais, malheureusement, le gouvernement britannique joue à la sourde oreille. Cependant, le combat continue et nous n’abandonnerons pas.

Comment accueillez-vous la résolution du Parlement européen en faveur des Chagossiens?

C’est avec une grande joie, une grande fierté et en même temps un grand soulagement que nous accueillons cette nouvelle. Notre cause est reconnue par le Parlement européen. Je tiens sincèrement à remercier les députés européens pour ce soutien. J’ai une pensée spéciale pour le président du conseil régional de la Réunion Paul Vergès. Il a été le premier a soulever la question devant le Parlement. Le combat a été après repris par d’autres parlementaires européens tels que l’Irlandais Del Proisa et le Britannique Glennys Kinnock. Pour notre part, nous avons gardé un bon contact et nous avons entrepris plusieurs consultations pour que des questions soient soulevées devant ce Parlement. C’est à partir de là qu’il y a eu un début de prise de conscience au sein de députés du vieux continent. Cette résolution aujourd’hui est l’aboutissement de ce long combat pour faire reconnaître notre cause.

Quelle est la prochaine étape de cette cause?

En attendant le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme, nous entamerons à partir du mois prochain la première phase d’un plaidoyer auprès de l’administration Obama. Son prédécesseur Georges W. Bush n’était pas un président qui était à l’écoute. Aujourd’hui, avec le nouveau président Barack Obama, qui s’est lui-même décrit comme un président à l’écoute et ouvert au dialogue, nous nous devons de porter jusqu’à lui la souffrance des Chagossiens et le mettre au courant de l’injustice dont nous sommes victimes.

Concrètement, comment comptez-vous procéder?

Je suis invité le mois prochain au lancement du livre «Island of shame» qui rend compte de la tragédie du peuple chagossien, du Pr David Bine, anthropologue et conférencier à la Washington University of Law. Je serai, ensuite, invité à participer en tant qu’intervenant à une série de conférences sur le même thème organisé par l’université. J’ai, à cette occasion, pris rendez-vous avec le Révérend Jessie Jackson. Je l’ai rencontré une première fois jeudi dernier lors d’une conférence en Angleterre sur le Sri Lanka. J’en profiterai pour lui exposer notre cause et ainsi tenter une approche avec l’administration Obama.

Etes-vous satisfait de l’attitude du gouvernement mauricien vis-à-vis de la cause chagossienne?

Franchement, je m’attendais à plus d’écoute de la part de l’Etat mauricien. Mais c’est dommage qu’il ait choisi de faire cavalier seul. Non seulement ce que nous avons à dire n’est pas pris en compte, mais nous ne sommes informés ni des actions ni de la position de l’Etat. Nous sommes tenus à l’écart. Ce qui fait que nous ne sommes pas au courant de la stratégie adoptée. Tout ce que je peux vous dire, ce que l’Etat a choisi de revendiquer sa souveraineté en occultant complètement l’aspect humanitaire de cette affaire. Moi, je pense que nous aurons dû travailler de concert.

L’Etat aurait dû être à l’écoute des Chagossiens. Même si nous détenons la nationalité britannique, nous n’avons jamais renoncé à notre nationalité mauricienne. Nous vivons à Maurice comme des Mauriciens et nous sommes orphelins dans le combat.

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