Le cas de Troy Davis a suscité l''''émoi international. Mais il n''a pas été le seul prisonnier exécuté cette semaine, loin de là, écrit Marie Simon dans L’express.fr ce jeudi 22 septembre.

"Il y a tant d''autres Troy Davis. Le combat pour abolir la peine de mort ne sera pas gagné ou perdu à travers moi, mais à travers notre force à avancer et à sauver chaque personne innocente emprisonnée à travers le monde." C''est Troy Davis qui l''écrit lui-même, dans une dernière lettre, avant son exécution, le mercredi 21 septembre. 

527 exécutions en 2010

Certes, dans le monde, la peine de mort recule. 527 exécutions ont officiellement été menées en 2010, contre 714 en 2009, selon Amnesty International qui se réjouit cependant de voir les pays concernés "de plus en plus isolés" et "à contre-courant de la tendance mondiale qui promeut l''abolition de ce châtiment". Il s''agit de l''Arabie saoudite, la Chine, les Etats-Unis, l''Iran et le Yémen. 

Mais ce sont 527 exécutions de trop en 2010, et le bilan de 2011 s''alourdit de jour en jour. Cette semaine n''aura pas dérogé à cette triste règle: Troy Davis, Afro-Américain de 42 ans exécuté dans l''Etat américain de Géorgie, en dépit des doutes qui planaient sur sa culpabilité, a suscité l''émoi international, ainsi qu''une forte mobilisation, notamment sur Twitter. Mais il n''est pas le seul à avoir subi ce châtiment.   Aux Etats-Unis, le même jour, dans l''Etat du Texas, quelques heures avant Troy Davis, Lawrence Brewer, un Américain de 44 ans membre du Ku Klux Klan (organisation extrémiste et raciste), condamné pour le meurtre d’un Noir. 

Iran, Arabie saoudite et Chine

Ce mercredi aussi, l''Iran a procédé à deux exécutions. Alireza Molla-Soltani, un  adolescent a été pendu pour le meurtre d’un culturiste iranien surnommé. Il  l''avait poignardé  en juillet dernier lors d''un différend lié à un incident de la circulation, il avait agi par légitime défense. Il n''avait que 17 ans. L''Iran a aussi exécuté un trafiquant de drogue dans la ville de Minab, dans le sud du pays, ce mercredi. Vingt-deux autres trafiquants de drogue ont eux aussi été mis à mort le 18 septembre dans le pays. 

En Arabie saoudite,  le 19 septembre, un Soudanais a été décapité pour «  sorcellerie ».
En Chine non plus, les exécutions ne sont pas rares. Mais c''est un véritable secret d''Etat, estime Didier Beaudet d''Amnesty France, qui avoue qu''il serait difficile de lister tous les cas. Les plus récents à sa connaissance? « Deux anciens maires adjoints condamnés pour corruption et abus de pouvoir, ont été tués le 19 juillet dernier, affirme-t-il avant de  citer la bande de Gaza où le Hamas a exécuté des hommes accusés d''avoir collaboré avec Israël, en juillet.  

Troy Davis, seul cas médiatisé ?

Tous ces cas sont uniques, bien sûr, mais liés par leur issue. Comment se fait-il que le cas de Troy Davis ait suscité une telle vague de mobilisation quand d''autres cas sont passés inaperçus?  

Il y a bien sûr les doutes sur la culpabilité de cet Afro-Américain, qui donnent à cette affaire un goût encore plus amer dans le Sud des Etats-Unis. Il y a aussi des actions qui peuvent être lancées que "quand une date d''exécution est fixée", rappelle Didier Beaudet. Difficile de le faire pour la Chine, où le silence pèse, ou l''Iran quand les avocats des accusés eux-mêmes ne sont pas informés. Il y a enfin une focalisation inexplicable sur certaines histoires, celle de Troy Davis. 

Mais Didier Beaudet semble soucieux d''apporter une "bonne nouvelle" après cette triste litanie d''exécutions. "La tendance à l''abolition est réelle. La Chine a réduit le nombre de crimes passibles de la peine de mort. Le Bénin est en passe de ratifier le traité international qui interdit la peine de mort. Et les autorités intérimaires tunisiennes semblent vouloir le faire aussi. Il y a une lueur d''espoir malgré tout." 

Source : L’Express.fr

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