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Philippe Jean-Pierre : «La crise version 2.0 n’évacue pas les incertitudes »

13 décembre 2010, 06:43

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Ce professeur d’économie à l’université de La Réunion répond aux questions de Kamlesh Bhuckory.

? Où en sommes-nous avec la crise ? Est-ce la version initiale qui, tel un virus, s’est immunisée contre les remèdes ?

La crise, nous n’en sommes pas encore totalement sortis. Plus précisément, la crise sous l’angle effondrement du système financier est derrière nous. Nous sommes en revanche aujourd’hui face à la gestion de la crise sociale et économique touchant le monde réel. Cela diffère selon les pays. Il faut reconnaître que les pays émergents s’en sortent beaucoup mieux et plus rapidement que les pays de l’OCDE ou, évidemment, que les pays en voie de développement. On peut donc dire que c’est la version 2.0 qui nous affecte avec aussi son lot de surprises prévisibles comme, par exemple, la crise liée à l’endettement des Etats (Irlande, Grèce... ou d’autres dont les notes pourraient être abaissées si rien ne change).

? Est-ce que la sortie de crise est derrière la porte ?

Effectivement la question est moins de savoir si nous sommes encore dans la crise que de savoir quand sera la sortie ! Sur ce plan, nous changeons régulièrement de vision. Après la crise en forme de V, nous avons envisagé celle en forme de U. Maintenant nous craignons une forme de W, c’est-à-dire après une légère reprise en ce tournant de l’année 2010-2011, nous pourrions être de nouveau confrontés à un ralentissement en 2011.

Pour l’instant, les perspectives chiffrées par le FMI ou d’autres instituts internationaux tablent sur une croissance plus faible que celle initialement prévue pour 2011. Des pays, encore une fois les émergents, la Chine, Maurice, vont tirer leur épingle du jeu. Mais il faudra être attentif à ce que ce ralentissement possible dans les pays de l’OCDE n’affecte pas trop fortement les exportations mauriciennes.

Face à ces prévisions, il s’agit d’accélérer la sortie de crise. D’abord en menant une politique accommodante pour ne pas tuer la reprise tout en veillant à ne pas réveiller ou accélérer l’inflation. Puis, surtout, en menant une politique structurelle qui prépare l’avenir : une politique d’investissements dans des équipements favorables à la croissance et dans des réformes qui réduiront les inerties économiques futures.

? La fin de la crise passet- elle par une Europe et les Etats-Unis revigorés ?

Il est évident que la vraie fin de la crise passera par un assainissement des perspectives européennes et américaines. Or, nous sommes encore trop à la merci qu’éclatent de mauvaises surprises sur l’état de certaines finances publiques ou sur la solidité de certains organismes financiers. Ces zones économiques jouent leur crédibilité future par rapport à d’autres zones mondiales. Les initiatives visant à assainir sont prises par les gouvernements concernés. Seront-elles suffisantes ?

 

Propos recueillis par K. B.

Lire l’intégralité de l’interview sur le e-paper

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