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Pr Roubaty : « L’hôtellerie mauricienne doit s’armer contre les risques de la légionellose »
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Pr Roubaty : « L’hôtellerie mauricienne doit s’armer contre les risques de la légionellose »

Le Professeur Jean-Louis Roubaty, spécialiste en environnement et aux risques liés à l’environnement, donne son avis sur les risques à la légionellose en milieu hôtelier. Il estime que les établissements locaux doivent prendre des mesures nécessaires pour éviter toute contamination.
Vous avez formé le personnel de divers groupes hôteliers ainsi que les techniciens de SGS Maurice à la gestion du risque de légionellose dans les réseaux d’eau. Pourquoi est-ce important ?
La légionellose, une infection pulmonaire provoquée par les bactéries de l’espèce Legionella pneumophila, peut être mortelle dans 10 à 15% des cas. Les lieux d’exposition les plus incriminés sont les hôpitaux, les maisons de retraite, les hôtels et les établissements thermaux.
Maurice ayant une forte vocation touristique doit suivre le pas des pays européens en termes de règlementation par rapport à la légionelle. Afin de réduire le nombre de cas de légionellose en France, par exemple, le gouvernement a voté l’arrêté du 1er février 2010 qui prescrit une surveillance des installations d’eau chaude sanitaire dans les établissements recevant du public.
De plus, d’après une directive européenne, les agences de voyage et autres tours opérateurs sont juridiquement responsables du séjour de leurs clients. Elles choisissent les hôtels où il y a le moins de risque sanitaire pour leur clients. Si l’hôtellerie mauricienne veut continuer à maintenir un standard correct, il faut qu’elle garde le pas par rapport à ces standards internationaux.
La légionelle est présente naturellement dans les eaux souterraines, les eaux des rivières et les lacs. Comment se retrouve-t-elle dans des établissements fréquentés par le public ? 
C’est une bactérie tropicale qui prolifère dans les systèmes de distribution d’eau chaude mais aussi dans des systèmes de climatisation, des installations de conditionnement d’air, des tours aéroréfrigérantes quand les conditions optimum telle qu’une température variant de 20 à 45 degrés Celcius sont réunies.
Le problème peut apparaitre où des activités telles que l’hydrothérapie, la balnéothérapie, le sauna (lorsque des gouttelettes sont produites) sont offertes. Il faut souligner qu’une fontaine décorative, les pommeaux de douche, un robinet à forte pression ou encore des appareils de nettoyage utilisant de fortes pression d’eau, peuvent également constituer des réservoirs à ces bactéries. La mauvaise maintenance des installations favorisent leur prolifération.
Comment se produit la contamination ?
La contamination se fait par inhalation de gouttelettes d’eau contaminée diffusée sous formes d’aérosols ou de microgouttelettes, par exemple à l’occasion de douches. L’ingestion d’eau ne provoque pas de contamination. 
La maladie ne se contracte pas non plus au contact d’une personne infectée. La légionellose peut toucher tout le monde, mais les risques augmentent avec l’âge, en cas de maladie respiratoire chronique, de diabète, de tabagisme ou de forte consommation d’alcool. Les malades immunodéprimés sont particulièrement sensibles.
Quels sont les symptômes ?
Après inhalation de gouttelettes infectées par la légionelle, la durée d’incubation varie de deux à dix jours. Les symptômes ressemblent à ceux de la grippe dans un premier temps. Mais en quelques jours, la fièvre s’élève et les douleurs musculaires vont croissantes et la maladie peut évoluer jusqu’à une insuffisance respiratoire.
Une infection pulmonaire grave entraîne le décès dans un peu plus de 15% des cas. Il existe une forme bénigne due à la légionelle appelée fièvre de Pontiac qui ne dégénère pas en pneumonie. Les symptômes sont les mêmes que ceux de la grippe et la guérison se produit en deux à cinq jours, sans traitement.  Cette forme de la maladie passe généralement inaperçue.
Comment se débarrasser de ces hôtes indésirables ?
Il faut d’abord désinfecter les circuits avec des produits appropriés ou en effectuant un choc thermique. Mais on peut également prévenir l’apparition de ces bactéries.  Lors de la construction des bâtiments, la plomberie, les réseaux de distribution d’eau chaude par exemple doivent faire l’objet d’une étude approfondie.
On cherchera à créer des installations qui ne favorisent pas le développement des légionelles ou en trouvant des moyens pour réduire la production d’aérosols. Et puis il ne faudra pas s’installer dans la routine. Il faut régulièrement faire inspecter les installations, étudier les risques et apporter des mesures correctives.
Propos recueillis par Bindu Bhoyjoo
Focus
Titulaire de deux doctorats techniques, le Prof Jean-Louis Roubaty enseigne à l’université Paris Diderot. Il participe à la commission française et européenne comme expert sur divers problèmes liés à des risques environnementaux et il est aussi membre du Haut Conseil de la Santé Publique en France. Avant d’entamer une carrière universitaire en 2009, il était responsable des activités Environnement à SGS France. A l’initiative de SGS Maurice, il était dans la région de l’Océan Indien cette semaine. A La Reunion, il a dispensé un séminaire public sur la gestion du risque des légionelles et aussi pour présenter la dernière législation française sur le sujet. A Maurice, il a formé des hôteliers et a aussi dispensé un séminaire public sur la gestion du risque des légionelles.
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