Le traitement des résultats de la présidentielle semble prendre du temps. Une lenteur qui entraîne des suspicions au sein de l’opinion.

Une lenteur exceptionnelle constatée dans la sortie des résultats de l’élection présidentielle. Cela entraîne une inquiétude de la part de l’opinion sur la transparence du traitement des résultats, mais aussi le respect du délai de dix jours imposé par la loi.

«Il y une certaines mollesses dans la publication des résultats», a fait remarquer Camille Vital, candidat à la présidentielle, lors d’une conférence de presse à Andraharo hier dimanche 27 octobre, tout en gardant sa confiance en la Commission électorale. Roland Ratsiraka, lui aussi prétendant à la magistrature suprême, a mis en exergue cette lenteur devant la presse hier à Ankadivato. L’ancien maire de Toamasina, sans remettre en cause la transparence du travail de la CENIT, a soulevé l’éventualité que ce retard donne du champ «au candidat d’État, pour faire pression, par exemple, sur les chefs de district, afin d’influencer les résultats».

L’ancien Premier ministre Vital a évoqué l’éventualité de l’existence de procès verbaux (PV) «bloqués et non envoyés à la CENIT», pour expliquer la lenteur du traitement des résultats. «Pour plus de transparence», le candidat Vital a proposé que «chaque candidat dépêche des représentants afin d’accélérer la sortie des résultats».

Selon les explications de Béatrice Atallah, présidente de la CENIT, les candidats ou leurs représentants peuvent «assister» au traitement des résultats au siège de l’organe à Alarobia. «Leur représentant et les observateurs électoraux peuvent également suivre l’ache­minement des résultats», a-t-elle ajouté.

Lee Gilbert, chef du service informatique de la CENIT, a rassuré sur le respect du délai de dix jours pour la publication des résultats provisoires. «Tous nos voyants sont au vert», a-t-il déclaré. Il a expliqué «le retard» considéré par une partie de l’opinion par le fait « qu’auparavant, les résultats provisoires ont été transmis par téléphone». Aujourd’hui lundi 28 octobre, il faut attendre la réception du scanner des PV en provenance des bureaux de vote, qu’il faut ensuite saisir. Une première confrontation entre les PV scannés et saisis est par la suite réalisée. S’ensuit une seconde confrontation, une fois les PV réels reçus par la CENIT.

Les candidats Camille Vital et Roland Ratsiraka ont indiqué avoir des résultats. L’ancien chef de gouvernement a expliqué que les chiffres en sa possession lui avaient été communiqués par ses représentants «présents dans tous les bureaux de vote». L’ancien premier magistrat de la ville de Toamasina, quant à lui, a affirmé qu’il avait utilisé son propre logiciel de traitement des résultats. Si tous deux se sont accordés sur le fait que la loi ne reconnaît qu’à la CENIT le droit de publier les résultats provisoires, Roland Ratsiraka a, pour sa part, soutenu que «les chiffres en notre possession indiquent que nous allons participer au second tour».

Les déclarations de l’ancien numéro un de la ville du grand port de l’Est semblent avoir pour objectif de faire pression sur la CENIT. «Je ne fais aucune pression sur quiconque, mais dénonce juste des irrégularités», a-t-il tempéré. De telles déclarations risquent cependant de se multiplier si la Commis­sion continue à être à la traîne dans la publication des résultats provisoires.

Les observateurs internationaux ont pourtant affiché une confiance indéfectible envers le travail de la Commission. Ceux de l’Union européenne notamment soutiennent que «l’important c’est la précision des résultats et non la vitesse à laquelle ils sont publiés».

Erreur ou défaillance

Un fait troublant a été relevé sur le site internet de la CENIT hier, concernant la publication des résultats provisoires de la présidentielle. À 21h35, la liste téléchargeable sur la page web n’affichait que les résultats obtenus par sept prétendants à la magistrature suprême. Cette liste indiquait les résultats de 1710 bureaux de vote sur les 20 001 répartis dans tout Madagascar. Si l’on se réfère à cette liste qui prêtait à confusion et relayée par les réseaux sociaux, Hery Rajaonarimampianinana est en tête avec 48

,49% des voix.

Le candidat numéro 3 y est suivi de Hajo Andrianainarivelo avec 29,20% et Roland Ratsiraka avec 17,68%. Des concurrents pour accéder à Ambohitsorohitra tels que Camille Vital, ou encore Edgard Razafindravahy ne figurent pas sur cette liste. Quelques secondes après cependant, une autre liste, cette fois complète indiquant Jean Louis Robinson en tête, a pu être téléchargée du site de la CENIT. La précédente publiée à 21h35 pourrait ainsi être une erreur ou le reflet d’une défaillance informatique.