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Questions à Loga Virahsawmy, directrice de Gender Links (Maurice)
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Questions à Loga Virahsawmy, directrice de Gender Links (Maurice)

«Les recommandations du rapport sur la violence doivent figurer dans le National Costed Plan»
Comment votre rapport sur les indicateurs de violence basée sur le genre (VBG) à Maurice a-t-il été accueilli et quelle suite allez-vous lui donner?
Ce rapport a eu l’effet d’un brusque réveil tant pour les personnalités invitées lors du lancement du rapport, qui ont toutes fait leur autocritique, que par le public qui a lu la presse écrite et écouté les radios publiques et privées. Les médias l’ont beaucoup ventilé et ont réalisé qu’ils peuvent être des outils de prévention contre la violence. Malheureusement et malgré une couverture médiatique extensive, les résultats du rapport ont été quelque peu noyés par la période festive et par les élections. Mais dès janvier, je solliciterai une rencontre avec le Premier ministre pour qu’il prenne connaissance du rapport et le présente aux ministres. A partir de là, chacun doit assumer ses responsabilités.
Que voulez-vous dire par là?
Les recommandations de ce rapport doivent figurer dans le National Costed Plan sur la violence qui existe et qui va jusqu’à 2013. Le Botswana et l’Afrique du Sud l’ont fait.  Ce plan tombe sous la responsabilité du ministère de l’Egalité du Genre. Le ministère doit s’approprier cette étude et réunir les parties prenantes pour discuter des recommandations en vue de leur application au niveau national. Si nous disons croire dans la lutte contre la violence et si les autorités veulent diminuer son ampleur d’ici 2015, elles et en particulier le ministère de l’Egalité du Genre, doivent appliquer les recommandations du rapport. Nous l’avons offert sur un plateau et le ministère de l’Egalité du Genre doit effectuer ce travail. Ce ministère a déclaré officiellement avoir appliqué à plus de 90 % son National Action Plan pour combattre la VBG. Il doit faire un suivi et voir s’il y a eu des changements sur le terrain car si tel est le cas, comment expliquer que notre étude, très scientifique puisque basée sur le Household survey, ait mis en avant le fait que la VBG soit sous-rapportée aux autorités par 15 fois et que le viol le soit 11 fois moins. Il y a un dysfonctionnement quelque part.
Comment s’est déroulé vos 16 jours d’activisme contre la VBG ?
Cela fait dix ans que GL célèbre cette campagne et je dois avouer qu’elle fut particulière intense cette fois. Le fait d’interagir entre les Internautes qui participaient à nos cyber-échanges et les auditeurs qui écoutaient notre émission radiophonique de deux heures dédiée à la VBG, donnait l’impression que nous étions dans le futur. Cette interconnexion a attiré beaucoup de jeunes. J’ai été frappée par le fait que malgré l’existence des hotlines des autorités, il y ait encore des gens qui ne savent pas où se tourner comme par exemple ce jeune homme qui a avoué avoir mis enceinte sa copine encore scolarisée et qui a dit qu’il ne sait pas comment agir. Ce n’est pas un cas de violence mais à force de ne pas savoir où se tourner, il peut déprimer. N’est-ce pas là se faire violence? J’ai également réalisé que nous avons permis aux personnes de s’exprimer. Je pense à cette fille qui a dévoilé son identité en direct sur les ondes et qui a félicité sa mère pour avoir quitté son père violent ou encore à cette femme issue d’une famille de cinq enfants et dont le père était violent. Elle a avoué qu’elle et sa fratrie reproduisaient ce schéma de violence. Une femme mariée qui travaille a osé avouer qu’elle ramenait de l’argent à la maison mais qu’aux yeux de son mari, elle était presque invisible. C’est de la violence psychologique. Pour moi, c’était une des meilleures campagnes des 16 jours d’activisme contre la VBG que GL ait jamais organisée car elle a touché bon nombre de personnes.
Propos recueillis par Marie-Annick Savripène
 
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