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Raifa Bundhun : «Contre la contamination alimentaire il faut responsabiliser les opérateurs»

12 juin 2011, 09:37

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La secrétaire générale de l’Association professionnelle des producteurs-exportateurs de produits horticoles de Maurice (APEXHOM) commente les procédures en place pour la prévention des risques de contamination de produits alimentaires.

L’affaire de la bactérie E. coli en Europe soulève, entre autres, la question de l’utilisation d’engrais. Peut-on se fier à ceux utilisés à Maurice ?

Dans le contexte des prix élevés des engrais chimiques et compte tenu de la tendance mondiale pour le recyclage, dans le cadre d’une agriculture respectueuse de l’environnement, les agriculteurs mauriciens sont encouragés à utiliser des engrais naturels, notamment les composts, qu’ils soient à base de végétaux, de fumier de bovin ou de fumier de poule.
L’utilisation d’engrais, d’origine organique ou chimique, comporte des risques de pollution de l’environnement. Ce sont des risques de contamination par les nitrates et les phosphates. Cependant, les engrais organiques d’origine animale peuvent, dans certains cas, comporter des risques supplémentaires : des risques sanitaires liés à des micro-organismes pathogènes, dont l’E. coli et qui peuvent mener à une éventuelle contamination des populations humaines, des animaux et de l’environnement.

Il est donc impératif que la transformation du fumier en compost soit correctement faite, avec un suivi de la température et de la durée du traitement, entre autres.

Des formations sont dispensées par l’Agricultural Research Extension Unit et l’Université de Maurice sur le compostage. Il existe également des livrets d’explication sur la fabrication du compost. Il est important que les agriculteurs respectent les méthodes de production du compost.

Est-ce que le système de traçabilité sur les produits maraîchers tant locaux que ceux importés permet de les consommer en toute confiance ?

Un système de traçabilité permet de retracer toute la chaîne de distribution, à partir du champ où le produit a été cultivé jusqu’au point de vente. En amont de ce système, l’agriculteur doit enregistrer toutes les données relatives au produit cultivé : indication du champ (si l’agriculteur cultive sur plusieurs parcelles de terrain) la variété du fruit ou du légume les dates auxquelles des pesticides ont été utilisées les noms et matières actives de ces pesticides les quantités de pesticides appliquées les dates de fertilisation le type d’engrais utilisé la date de récolte du produit, etc.

En cas de problème, par exemple, une contamination de la population due à une bactérie, le système de traçabilité permet non seulement de connaître la provenance du produit incriminé, mais il permet aussi de déterminer la cause du problème, en se basant sur les informations enregistrées par l’agriculteur. Tout aussi important, le système de traçabilité peut démontrer que l’agriculteur n’a pas fait d’erreur dans ses champs et que la source de la contamination est ailleurs.

Il faut cependant noter qu’à un point donné, la traçabilité se perd. C’est le cas lorsqu’un produit, en provenance de plusieurs champs ou de plusieurs pays, est vendu en vrac.

A Maurice, en l’état actuel des choses, il n’y a pas d’obligation légale concernant la traçabilité des fruits et légumes qui sont vendus sur le marché local.

Comment serait gérée à Maurice une situation où des bactéries mortelles feraient des victimes chez les consommateurs ?

Tout d’abord, espérons que nous n’ayons jamais à faire face à ce genre de situation. Mais au cas où cela arriverait, la procédure serait comme suit : Sur la base des cas d’hospitalisation répertoriés par les médecins et des diagnostics, des informations sur ce que les patients et leurs entourages auraient consommé dans les 7 jours qui précèdent les symptômes permettront de déterminer la source de la contamination. S’il existe un risque que d’autres personnes soient infectées, une communication pour informer le public sur ce problème sanitaire sera nécessaire afin d’éviter que d’autres personnes ne tombent malades. Un rappel des produits incriminés serait nécessaire, si la traçabilité est possible. Des tests devront aussi être effectués pour identifier la souche de la bactérie ou du virus afin de pouvoir, d’une part, apporter des traitements appropriés aux patients et, d’autre part, éviter des contaminations futures.

Ces dernières années, plusieurs pays ont revu leurs lois et procédures régissant le contrôle des aliments, afin de permettre un approvisionnement de produits alimentaires sains et ainsi assurer la protection des consommateurs. Il s’agit aujourd’hui de mettre l’accent sur la responsabilité des opérateurs pour la mise en œuvre de procédures visant à prévenir tout risque de contamination, et cela le long de la chaîne alimentaire. La prévention se fait sur la base d’une analyse de risques. Ce système permet aux autorités nationales d’être plus efficientes dans leur rôle de surveillance et d’inspection. Il serait souhaitable que les autorités mauriciennes s’engagent dans cette voie.

A Maurice, il est impératif de laver feuille par feuille les laitues, notamment pour éviter la toxoplasmose. Est-ce normal de devoir prendre autant de précautions ?

Il est important de laver tous les fruits et légumes à l’eau potable, même ceux qui doivent être épluchés, afin de les débarrasser des contaminants. Il y a de nombreuses sources de contamination possible même lorsqu’on manipule des fruits et légumes chez soi. Il faut bien se laver les mains après avoir utilisé les toilettes. Il faut éviter les contacts entre fruits ou légumes et de la viande crue, que ce soit dans le réfrigérateur ou lorsqu’on prépare à manger, par exemple lorsqu’on utilise la planche à découper ou lorsqu’on utilise un couteau. Il faut vérifier la température du réfrigérateur. Lorsqu’on prépare des fruits et légumes, il faut enlever les parties abîmées.

Est-ce que les cultivateurs mauriciens sont suffisamment sensibilisés aux normes d’hygiène et de sécurité pour leurs produits ?

Cela fait plusieurs années que les agriculteurs mauriciens sont sensibilisés et formés sur les bonnes pratiques culturales. Il est recommandé que les agriculteurs soient formés chaque année afin de faire un rappel sur les bonnes pratiques à adopter et les mauvaises habitudes à abandonner.

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