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Raj Thacoor «Managing Partner», «Grant Thornton»

12 septembre 2012, 05:06

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Le cabinet « Grant Thornton » a récemment invité les opérateurs économiques à interagir avec le ministre des Finances, Xavier- Luc Duval, lors d’une session de consultation. Pourquoi l’organiser avant la présentation du budget et non après, comme cela a été toujours le cas dans le passé ?

Grant Thornton s’engage tout simplement à se distinguer des autres cabinets en innovant.

Cette consultation informelle s’inscrit dans un souci d’encourager nos clients à partager leurs suggestions quant aux mesures budgétaires, dans le but ultime d’assister le ministre à identifier les axes prioritaires de son budget 2013.

Nous ne considérons pas cette consultation comme du lobbying, mais plutôt comme une plateforme servant à générer de nouvelles idées. Après mûre réflexion, nous avons conclu qu’avec la collaboration de nos clients et des professionnels de différents secteurs clés, nous pourrions contribuer de façon considérable à la préparation du budget, perspective non- envisageable lors d’une analyse post - budgétaire.

Nous sommes satisfaits des échanges stratégiques qui se sont effectués lors de la consultation et les participants nous ont fait part de leur appréciation sur la qualité des discussions.

Selon vous, quelles seront les principales priorités du budget 2013, qui sera une fois encore présenté dans un contexte de crise internationale ?

La croissance de l’économie et la préservation ainsi que la création de l’emploi. Des mesures appropriées doivent être établies afin de stimuler davantage la croissance et la création d’emploi. En tant qu’employeur, Grant Thornton peut témoigner que le nombre d’étudiants ayant complété leur HSC est en croissance, de même que le nombre de gradués.

Selon le ministre des Finances, afin d’assurer la pérennité de la performance économique du pays, les secteurs productifs tels que la manufacture, le port franc, l’éducation, le médical, la marina, entre autres, doivent être davantage soutenus.

Le ministre des Finances a qualifié la performance économique mauricienne de raisonnable avec une croissance de 3,4 %, un taux d’infl ation de 4,3 % et un taux de chômage de 8 % pour 2012. Partagez- vous ce sentiment de satisfaction ?

Nous sommes d’avis que dans un contexte de crise globale, la prévision de notre tableau de bord économique n’est qu’un moindre mal pour notre pays. D’un côté, beaucoup de pays sont en pleine récession et de l’autre, l’Europe se bat pour atteindre un taux de croissance de 1 %. En comparaison, je pense que Maurice s’est bien tiré d’affaire. J’estime qu’on peut faire la même réflexion concernant la prévision du taux d’inflation, à savoir que Maurice a de meilleurs résultats que beaucoup d’autres pays.

Sur le front de l’emploi, notre faible taux de croissance économique affecte de façon négative la création de nouveaux emplois. De plus, je note que si la perte d’emploi a été maîtrisée à Maurice, un taux de chômage relativement élevé demeure tout de même inquiétant quand on considère que cela affecte principalement les jeunes. J’espère que le Grand argentier fera des propositions novatrices dans ce sens, notamment dans le secteur BPO où des possibilités d’emplois existent pour les jeunes.

Malgré les incertitudes qui planent sur l’environnement économique mondial et qui menacent toujours son redressement, Maurice enregistre des performances macroéconomiques raisonnablement solides. En 2011, le produit intérieur brut ( PIB) réel mauricien a pu enregistrer une croissance modeste, grâce au rétablissement du tourisme et aux bons résultats des services financiers, des secteurs du transport et des communications ainsi que de la pêche. La croissance du PIB s’élèverait cette année à 3,4 %, contre 4,1% en 2011, selon le ministre.

Selon un rapport publié par le Fonds monétaire international intitulé Perspectives de l’économie mondiale et datant du 16 juillet 2012, la croissance mondiale s’établirait à 3,5 % en 2012.

Dans les pays avancés, la croissance devrait atteindre 1,4 % cette année et dans les pays émergents et les pays en développement, la croissance ralentirait à 5,6 % en 2012.

Les prédictions du ministre relatives aux indicateurs économiques de Maurice positionnent le pays comme une des économies résilientes face à la crise. Toutefois, nous ne devons pas demeurer complaisants nous devons trouver des alternatives et établir des stratégies à être adaptées à la crise. En diminuant notre indépendance vis- à- vis des économies américaines et européennes et en se tournant vers l’Afrique et l’Asie, nous sommes définitivement sur la bonne voie.

Le gouvernement rendra prochainement public le rapport salarial du « Pay Research Bureau » ( PRB), avec des dépenses financières qui représenteront 5 % du budget. Le gouvernement a- t- il la capacité de soutenir de telles charges ?

D’un point de vue comptable, toute augmentation de salaires aura un impact important sur le budget. Comme on le sait, le budget est un balancing act . Pour l’équilibrer, il est important qu’une augmentation de salaires soit compensée par une augmentation de revenus ou alors une baisse, voire un meilleur contrôle des autres dépenses ( autres que les salaires).

Vous êtes en contact régulier avec les opérateurs économiques. Qu’attendentils du prochain exercice budgétaire ?

Que le budget apporte des mesures qui consolideraient les secteurs générateurs de croissance, tels que l’offshore, le port franc et le BPO. Dans le même souffle, ils sont à la recherche de nouveaux créneaux tels que le wealth management et le private banking , mais le manque de législations appropriées y présenterait un obstacle. Dans le secteur de la construction, nos clients ont exprimé des inquiétudes quant à la politique consistant à octroyer des contrats de construction aux sociétés étrangères.

L’Afrique est devenue un continent incontournable pour les affaires depuis que les pays européens et américains sont plongés dans la crise économique. Aussi certains opérateurs ont formulé une demande, notamment pour des fonds de promotion par le gouvernement, afin que les entreprises concernées puissent développer des stratégies commerciales adaptées à leurs activités sur le continent.

Dans le secteur touristique, l’accès aérien fait toujours débat. Vu que certaines lignes aériennes telles que Virgin Airlines, Singapore Airlines et Air India, entre autres, ne profitent pas nécessairment de leurs droits d’accès sur Maurice, les opérateurs de l’industrie touristique encouragent le ministre des Finances à se tourner vers d’autres stratégies pour ce secteur. Autre suggestion faite par les opérateurs, notamment dans la restauration concerne la diminution de la Taxe sur la valeur ajoutée sur le menu, dans les restaurants de 15 % à 7,5 %. Concernant les secteurs de l’exportation et le textile, une meilleure connectivité des routes maritimes est sollicitée. Se rapportant à la zone libre d’échange, Freeport, les participants ont fait valoir leurs opinions quant à la nécessité d’apporter davantage d’amélioration aux procédures et opérations en places.

Quelles sont les mesures immédiates que le ministre des Finances peut prendre dans son prochain budget pour ramener la confi ance dans la population et favoriser ainsi un « feel- good factor » dans le pays ?

Nous ne voyons pas à première vue de remède miracle qui enchantera tout le monde.

Les mesures préconisées auront un effet à moyen et long terme. Tout est dans le timing de leurs applications.

Néanmoins, le gouvernement doit s’assurer que les prix des denrées de base n’augmentent pas afi• de ne pas pénaliser les familles au bas de l’échelle. Il faut à tout prix éviter une augmentation du prix du pétrole.

Ceci peut être contrôlé en déférant les pertes sur le hedging . Il faut que le mécanisme du CSR soit bien appliqué afin que ces fonds atteignent les personnes vulnérables. La croissance dans le secteur de la construction doit être maintenue, ce qui favoriserait le feel good factor .

« Grant Thornton » compte proposer la méthode « Independent Business Review » ( IBR) à ses clients. Comment peut- elle peut aider les entreprises à améliorer leur gestion ?

IBR est un outil de travail, voire une méthodologie, permettant d’identifier les faiblesses d’une compagnie en détresse et de lui préconiser les mesures et autres conseils appropriés afin de surmonter les obstacles auxquels elle fait face.

L’IBRse veut ainsi être une approche de travail permettant d’établir rapidement les causes et l’ampleur des difficultés d’une entreprise ainsi que ses priorités à court et moyen termes.

Cette pratique vise à détecter si l’entreprise dépasse ses limites bancaires si elle présente des problèmes de liquidités concernant les paiements de ses employés à temps si elle ne respecte pas les termes de crédits établis par ses fournisseurs ou encore si elle ne publie pas des informations financières sur une base régulière A travers cette analyse indépendante, nous pouvons aider à rétablir la confiance entre une entreprise et ses partenaires en affaires. Cette méthodologie a été développée par Grant Thornton International et est adoptée par tous les cabinets Grant Thornton à travers le monde. « Nous devons trouver des alternatives et établir des stratégies adaptées à la crise. »
 
 

Propos recueillis par Villen ANGANAN

 
 

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