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Rajiv Servansingh : Savoir prendre la vie avec philosophie
20 juillet 2013, 06:09
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Rajiv Servansingh : Savoir prendre la vie avec philosophie

C’est par la presse que Rajiv Servansingh, président du conseil d’administration d’«Airport Terminal Operations Ltd» (ATOL), compagnie tombant sous le groupe «Airports of Mauritius Ltd», a appris qu’il était remplacé. L’homme, qui en a vu d’autres au cours de sa vie, prend la chose avec philosophie.
«JE SUIS surpris mais je n’ai aucune amertume », déclare Rajiv Servansingh, que nous rencontrons à MindAfrica, son cabinet de conseils en investissements en Afrique situé à la rue Sir William Newton, à Port-Louis. Il faut dire qu’il y a de quoi être étonné.
Car autant, ce vice-président de la Competition Commission, qui assure l’intérim à la présidence de cette instance depuis quatre ans, réclamait depuis plus d’un an la nomination d’un président à plein-temps car «j’avais besoin de gérer mes affaires. Et puis, il n’est jamais bon qu’une institution reste sans président pendant quatre ans», autant c’est en lisant Week-End qu’il a appris son remplacement comme président à la tête d’ATOL. «Dans six semaines, la nouvelle aile sera livrée et sans dépassement de budget. Attendre quelques semaines pour annoncer mon remplacement aurait été souhaitable. Mais comme je l’ai dit, en politique, les choses se déroulent ainsi. Ce sont les règles du jeu. Quand on accepte un poste, on accepte ce qui va avec.»
Ce fonceur, troisième d’une famille de sept enfants, a connu la politique très tôt dans sa vie. Son premier côtoiement politique se produit vers l’âge de sept-huit ans. Il fait la connaissance de Sookdeo Bissoondoyal, un parent proche de son père, qui vient régulièrement chez lui et c’est fasciné qu’il l’écoute discourir.
Lorsqu’il grandit, il n’hésite pas à donner son opinion. Considéré comme une forte tête au collège John Kennedy qu’il fréquente, il se fait suivre régulièrement à vélo par feu l’inspecteur Lebon alors qu’il n’a que 15 ans. Il faut dire que l’époque s’y prête car c’est celle de l’état d’urgence. À l’université de Maurice où il étudie en vue de décrocher un diplôme en administration publique, il se laisse happer par le mouvement de contestation des étudiants. Il est une des têtes pensantes de l’Union des étudiants mauriciens.
En 1976, année électorale importante, son voisin, feu Jean-Claude Augustave, qui fait partie du Mouvement militant mauricien(MMM), l’approche pour lui demander d’être candidat pour ce parti. Rajiv Servansingh, qui n’a à l’époque que 22 ans, est tenté. Contre l’avis de son père, il accepte et pose sa candidature dans la circonscription Port-Louis Sud — Port-Louis central et est élu. Il est à l’époque le plus jeune parlementaire. Il continue en parallèle ses études.
S’il trouve l’expérience parlementaire enrichissante, il est déçu par la politique. «La politique politicienne ne m’a pas beaucoup plu car adopter une ligne de parti parce qu’il y a une discipline de parti à suivre, ce n’était pas trop ma tasse de thé.»
Lui et quelques-uns qui pensent comme lui, à savoir Jack Bizlall et Madan Dulloo, démarrent une contestation au sein du parti. «C’est ce qu’on appelait l’aile gauche du MMM par rapport à l’aile bourgeoise qui était représentée par Shirin Aumeeruddy, Jean-Claude de l’Estrac, Finlay Salesse pour ne citer que ceux-là. Ils étaient nos camarades mais nous avions des divergences de vues. C’était ça la marque de fabrique du MMM que d’avoir en son sein différentes lignes de pensées», raconte-t-il.
En 1978, il goûte, avec ses camarades du MMM, à la geôle pour avoir manifesté contre l’augmentation du ticket d’autobus. Leur condamnation à trois mois de prison est commuée en 15 jours d’emprisonnement après qu’ils aient entamé une grève de la faim. L’année 1982 arrive et avec elle les élections. Le MMM est quasiment sûr de l’emporter mais Rajiv Servansingh, qui s’est entre-temps marié à Vidya, institutrice, et qui est père d’un fils, n’est plus intéressé à briguer les suffrages. Il le fait savoir au leader du parti d’alors, sir Anerood Jugnauth. Rajiv Servansingh a entretemps pris de l’emploi comme directeur d’une des premières usines de sérigraphie à Maurice appartenant à Alain Espitalier-Noël.
Il s’agit de Sérix, qui crée la marque de vêtements Jean Doris. L’usine remporte de nombreux prix dont celui du plus gros exportateur décerné par la Chambre de commerce et d’industrie. Alain Espitalier-Noël qui a de grandes ambitions ouvre même des boutiques à Paris, Nice et Miami. Or, après six ans d’existence, la société fait faillite en 1987. Et Rajiv Servansingh qui a investi personnellement dans l’affaire, perd tout.
Tim Taylor, directeur général de Rogers, fait appel à lui comme consultant en finances et investissements et cela lui permet de repartir à zéro. Lorsque Rama Sithanen est nommé ministre des Finances en 1991, il le nomme administrateur des casinos de Maurice. «Les problèmes étaient déjà apparents et avec le soutien d’une équipe soudée, nous avons réussi à mettre de l’ordre et à engranger des bénéfi ces. On faisait Rs 200 millions de profits annuellement à l’époque où il y avait une taxe sur les revenus des casinos, de sorte que chaque matin, de chaque roupie dépensée par un client la veille, 50 sous allaient au gouvernement.»
En 1995, le Parti travailliste(PTr) reprend le pouvoir et Navin Ramgoolam est le Premier ministre. Rajiv Servansingh quitte ses fonctions à la tête des casinos de Maurice et c’est une nouvelle traversée du désert pour lui jusqu’à l’an 2000. Son emploi de consultant en investissements lui permet de se maintenir la tête hors de l’eau. Il répond à un avis de presse de la Chambre de commerce et d’industrie qui cherche un secrétaire général adjoint et, contre toute attente, sa candidature est retenue. Il travaille de concert avec Mahmood Cheeroo, le secrétaire, et est ravi de pouvoir traiter de sujets qui l’intéressent comme le développement de la petite industrie et la coopération régionale.
En 2005, c’est en se joignant à un groupe de réflexion dans lequel se trouvait Rama Sithanen et Cader Sayed Hossen, entre autres, que Rajiv Servansingh va se rapprocher du PTr. Mais il reste libre de ses jugements. «À part mon passage au sein du MMM à mes débuts, je n’ai jamais été inféodé à aucun parti. À chaque élection, j’ai toujours pesé le pour et le contre et je me suis engagé en considérant ce qui me semblait le mieux pour le pays.»
En 2006, le président du Board of Investment(BOI), Maurice Lam, lui propose d’aller représenter la BOI en Inde et il accepte. C’est ainsi que Rajiv Servansingh pose ses valises à Bombay en tant que directeur régional de cette instance et s’occupe de la promotion des investissements indiens à Maurice. Il reconnaît que sa tâche n’a pas été aisée. «C’était difficile car les Indiens considèrent que le marché mauricien est petit. Il faut alors trouver d’autres avenues, chercher des niches.»
Au bout de trois ans, il rentre au pays et la BOI ferme son bureau indien. C’est alors que Rajiv Servansingh fonde son cabinet de conseils en investissements, MindAfrica, dont le rôle est d’identifier des opportunités en Afrique et d’y intéresser des investisseurs potentiels mauriciens et indiens. «Nous nous sommes spécialisés sur une douzaine de pays d’Afrique de l’Est et du Sud.»
Juste avant son retour, le bureau du Premier ministre le contacte pour qu’il préside le conseil d’administration d’ATOL et assume la viceprésidence de la Competition Commission. Il finit par assurer l’intérim à la présidence de cette dernière instance du fait que l’ancien chef juge Ariranga Pillay décline l’offre une première fois.
Depuis 2009, Rajiv Servansingh a décidé de ne jamais accepter un emploi à plein-temps d’un gouvernement quel qu’il soit. «Pas question d’être employé. Accepter un poste à mi-temps, pourquoi pas car c’est partager mes compétences et apporter ma contribution au développement du pays.» Il consacrera le reste de sa vie professionnelle à développer les investissements entre Maurice et l’Afrique. On comprend mieux pourquoi l’original encadré du poème «IF» de Rudyard Kipling trône sur le mur derrière sa tête…
«JE ME SUIS ENGAGÉ EN CONSIDÉRANT CE QUI ME SEMBLAIT LE MIEUX POUR LE PAYS.»
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