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Ramesh Basant Roi : « Il faudra choisir entre soutenir la croissance et lutter contre l’inflation »
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Ramesh Basant Roi : « Il faudra choisir entre soutenir la croissance et lutter contre l’inflation »

Que pensez-vous du statu quo décidé avant-hier sur le «repo rate», qui est resté à 4,75 % ?
Il ne faut pas oublier de mettre la politique des taux d’intérêts de la Bank of Mauritius (BoM) en perspective. Face à l’absence de volonté des banques commerciales à prendre des risques sur le crédit, dans un environnement économique incertain, la BoM a procédé à une baisse substantielle de 100 points de base du taux directeur en septembre dernier.
Une détente de cette ampleur reflétait la frustration de la BoM de voir la demande de crédit en provenance de plusieurs secteurs économiques insatisfaite par un secteur bancaire de plus en plus réfractaire au risque. Après plus de deux mois, la BoM a décidé de laisser son taux repo inchangé.
Cette décision pourrait signifier que la baisse de 100 points de base du taux directeur doit encore produire ses effets.
? Pourquoi, à votre avis, les banques commerciales sont-elles peu enclines à prendre des risques sur le crédit, alors que la prise de risque fait partie de leur métier ?
Je pense que les banques commerciales doivent offrir des prêts aux emprunteurs, mais seulement à ceux qui ont les capacités de souscrire à un crédit. Je ne vois pas pourquoi une banque devrait refuser d’étendre un crédit à un emprunteur dont l’activité inspire confiance. Il est vrai que nos banques sont devenues particulièrement réfractaires au risque. Il est également vrai que la plupart des établissements ont connu des expériences douloureuses avec des emprunteurs ces dernières années. Alors qu’il faut reconnaître que les banques ont un rôle de responsabilité sociale à jouer, il ne faut aussi pas oublier qu’elles ne sont pas des institutions de charité. La réticence des banques à prêter comme le voudrait la BoM donne plusieurs signaux. L’un d’entre eux est l’état précaire de l’économie mondiale et l’absence totale d’une réorientation majeure de l’économie mauricienne pour assurer une croissance durable à moyen et long termes.
? Il y a eu de nombreuses voix pour dénoncer les profits réalisés par les banques. Quelle est votre réaction quand on vous dit que les établissements de crédit font trop de profits ?
C’est bien de faire des bénéfi ces. Du fait de la crise fi nancière, les banquiers ont subi de violentes attaques concernant les profits qu’ils réalisent. Certains estiment ainsi que les frais et les commissions perçus par les établissements sont trop élevés. D’autres soulignent que l’écart entre les taux de rémunération de l’épargne et les taux des prêts est trop important. D’autres encore remarquent que l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur des devises est trop grand. Et la liste des doléances s’allonge pour soutenir que les banques réalisent des profit exhorbitants. Je ne veux pas entrer dans cette polémique du verre à moitié plein ou à moitié vide. Je propose une solution aux autorités. La State Bank of Mauritius (SBM) a été imaginé par le directeur du département de la recherche de la BoM au tout début des années 1970.
Le projet a ensuite été finalisé par le ministère des Finances. Sa création a constitué une forme d’intervention de l’Etat dans l’industrie bancaire. La SBM devait jouer un rôle spécifi que afin de neutraliser les forces oligarchiques au sein du secteur bancaire.
Le gouvernement est resté un important actionnaire de la SBM. Pourquoi les autorités n’utilisent-elles pas leur pouvoir au sein de la SBM pour contrer les allégations de cartel dans le secteur bancaire? Pourquoi le gouvernement ou la BoM ne peuvent-ils pas utiliser la SBM pour faire jouer la concurrence dans la fi xation des frais et des commissions ? Ne serait-ce pas la voie la plus sûre, de mettre en place une véritable concurrence dans notre secteur bancaire et de ramener les profits supposés «anormaux» à des niveaux plus raisonnables ?
? Le «Monetary Policy Committee» (MPC) s’inquiète d’un redémarrage de l’inflation, qui risque d’être plus importante que prévu. Partagez-vous ces préoccupations ?
Le prix de la plupart des matières premières a déjà beaucoup augmenté et la tendance à la hausse des cours se maintiendra dans un futur proche. A moins de développements exceptionnels, une résurgence de l’inflation est très probable. Même en mettant de côté la tendance naturelle de la BoM à pratiquer la politique du faucon, force est de constater que l’infl ation risque de repartir et sans doute de manière violente.
(Lire l’intégralité de l’entretien dans le e-paper)
 
Propos recueillis par Pierrick Pédel
 
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