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Rashid Soobadar : «L’Egypte n’est pas une démocratie»
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Rashid Soobadar : «L’Egypte n’est pas une démocratie»

Ancien ambassadeur de Maurice au Caire (2005-2010), Rashid Soobadar nous livre son analyse de la situation en Egypte. Abandonnant le langage diplomatique convenu, il ose la critique en exposant son appréciation de la révolution égyptienne.
Le président égyptien Hosni Moubarak a démissionné au profit du Conseil suprême des forces armées. Cela vous a-t-il surpris ?
Avec la pression croissante, on se doutait bien que Moubarak allait quitter le pouvoir. Il avait d’ailleurs commencé à transférer ses pouvoirs au vice-président avant de finalement démissionner au profit du Conseil suprême des forces armées. Au fond, en optant pour l’armée, il joue un rôle dans la transition qui se dessine.
La révolution égyptienne a pris de nombreux observateurs de court. Y avait-il des signes avant coureurs ?
Oui. Le principal problème a toujours été la cherté de la vie. Le climat n’a fait que gagner en tension pendant des années avec un gouvernement qui verrouillait tout. L’Egypte a certes réussi économiquement mais ce n’est pas une démocratie. La presse n’est ni libre ni indépendante. Et la violence a été utilisée sans retenue lors des manifestations, pour mater les personnes notamment.
L’armée est un acteur central dans le pays. Qu’elle dirige la transition, cela ne vous inquiète pas ?
L’Egypte a toujours été dirigée d’une manière ou d’une autre par des hommes issus de l’armée : Nasser, Al-Sadate, Moubarak. L’armée est garante de la sécurité et joue un rôle dans tous les domaines, notamment l’économie. Les Egyptiens veulent maintenant que le pouvoir soit remis aux civils après des élections libres et démocratiques.
C’est la population elle-même qui a pris le taureau par les cornes. L’opposition et la société civile auraient-elles été attentistes ?
Les mouvements de la société civile restent très restreints. Il en va de même pour les organisations politiques de l’opposition. Les institutions ne fonctionnent pas, leurs pratiques sont décriées. Que ce soit dans les législations les régissant ou la gouvernance qui y règne, ces institutions de l’Etat ne sont ni transparentes, ni démocratiques. Hosni Moubarak a passé trente ans au pouvoir. Il cherchait à placer son fils. A l’intérieur, il semble avoir été un piètre démocrate alors qu’à l’extérieur il se plaçait en homme de paix, en pion incontournable des grands enjeux géopolitiques de la région...
On ne peut pas être que négatif concernant Moubarak. Il a fait beaucoup pour le pays et le Moyen-Orient comme la reconnaissance de l’Etat hébreu. Je crois que sur ce plan, on ne peut que féliciter son travail constant. En plus, Moubarak oeuvre à la réconciliation entre les frères ennemis : le Fatah et le Hamas.
Lire l’intégralité de l’interview sur la version électronique de l’express. 
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