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Razack Peeroo: «La force policière ne pratique pas de discrimination»

2 octobre 2009, 03:16

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Ce dernier avait, entre autres, affirmé que des membres de la communauté rasta sont ciblés par la force policière. Razack Peeroo, pour sa part, est catégorique: «La force policière ne pratique pas la discrimination.»


Comment analysez-vous les propos du ministre Valayden à l’effet que la force policière aurait des préjugés sur la communauté créole?

Si la déclaration est telle qu’elle a été rapportée, je dirais que la force policière ne pratique pas la discrimination de quelle que sorte que ce soit. La force policière est, d’ailleurs, composée chez nous de membres de toutes les communautés. Généralement, tous les suspects reçoivent le même traitement. Cependant, personne ne peut nier qu’il y a des cas de brutalité policière. Je comprends les sentiments du ministre en question. Mais, personnellement, je pense que la force policière est une institution capitale qui assure la sécurité de la société. Faire une déclaration générale et, surtout, une déclaration à caractère sectaire pourrait avoir des conséquences néfastes. Voire saper la confiance de la population dans une telle institution. Tout cela pourrait avoir, je le répète, des conséquences dangereuses. Est-ce que cela ne pourrait pas culminer à une situation de déstabilisation? C’est une question que je me pose. Il faut bien réfléchir avant de faire une déclaration.

Les propos de Rama Valayden vous choquent-ils?

Je ne m’attendais pas à de tels propos de la part de l’Attorney General. C’est-à-dire que, comme je viens de le dire, il y a des cas de brutalité policière et, cependant, je comprends le souci du ministre. Il a en tête, peut-être, l’intention de protéger un suspect. Et, naturellement, un suspect bénéficie de la présomption d’innocence aussi longtemps qu’il n’a pas été trouvé coupable. C’est un droit constitutionnel de chaque citoyen. Tout citoyen qui se sent lésé à plusieurs moyens de se faire entendre. Premièrement, il peut faire une déclaration contre le policier qui l’aurait brutalisé. Deuxièmement, il peut entrer une déposition au Police Complaints Bureau. Troisièmement, il peut porter l’affaire devant la Commission des droits de l’homme. Enfin, il peut avoir recours a une Cour de justice pour demander réparation.

La brutalité policière est-elle inévitable?

Je reviens à l’époque où j’étais Attorney General, moi-même. J’ai fait passer ce qu’on appelle une Protection of Human Rights Act en 1998, qui comprend l’institution d’une Commission des Droits de l’Homme. Dans le préambule de cette loi, on mentionne la brutalité policière comme d’un mal à combattre. Le citoyen dispose de plusieurs moyens pour obtenir justice lorsqu’il est victime de brutalité policière.

Pour répondre à la brutalité policière, une police des polices ne serait-elle pas la solution?

Ce n’est pas une affaire nouvelle, cette formule de police des polices. C’est quelque chose qui a été dite depuis des années et des années. En attendant qu’elle soit mise en place, il y a toujours les moyens que je viens d’expliciter. Je ne dirais pas que la police des polices est une mauvaise idée. Elle est à considérer. Mais, d’un autre côté, il faut bien équilibrer les choses. Par contre, si on adopte une attitude trop légère, il se pourrait que les gens, par mauvaise foi, soient portés à faire des déclarations injustifiées et sans fondement contre les policiers. Je crains que cela ne déstabilise une institution aussi fondamentale pour le pays.

Lorsque l’Attorney General critique la force policière, il s’en prend à une institution qui est sous la responsabilité du ministre de l’Intérieur…

Je dirais que le ministre Valayden aurait dû bien réfléchir avant de faire une déclaration pareille, surtout du fait que la force policière est sous la responsabilité du ministre de l’Intérieur et, donc, du Premier ministre. Si j’étais à la place de Rama Valayden, et si j’avais des cas de brutalité policière et dépendant de leur nombre, j’aurais soulevé la question avec le Premier ministre et le laisser réfléchir et proposer ses solutions. C’est ce que j’aurais, moi, fait.

 

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