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Reaz Chuttoo: «Le gouvernement pousse les salariés à l’anarchie»
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Reaz Chuttoo: «Le gouvernement pousse les salariés à l’anarchie»

Le président du Fron Travayer Sekter Privé précise la position syndicale sur les nouvelles lois du travail.
Pourquoi cet acharnement syndical contre les nouvelles lois du travail?
Le ministre du Travail ne cesse de présenter ces lois, particulièrement l’Employment Rights Act (EReA), comme révolutionnaires.
 
Il cite le fait que les employés, qui ont perdu leur emploi, ont désormais droit à une allocation pour la formation. Mais il omet le fait que l’EReA est en train d’encourager plus de licenciements. Avec cette loi, le coût des licenciements pour les employeurs a été réduit de 65%. Ce qui signifie que ces derniers peuvent mettre des employés à la porte plus facilement.
Pourquoi dites-vous que c’est une allocation pour la formation? Ne s’agit-il pas d’une allocation chômage?
Jean-François Chaumière dit que c’est une allocation chômage. En réalité, la déduction directe de 1% des salaires des salariés du secteur privé sert à financer des cours de formation. Un «workfare programme», décidé par le Human Resource Development Council (HRDC), selon les demandes du marché du travail dans le secteur privé. L’allocation est destinée uniquement à ceux qui acceptent de suivre une de ces formations. D’ailleurs, ceux qui sont volontaires n’ont pas le droit de travailler pendant la période où ils prennent des cours.
Les employés licenciés reçoivent-ils des indemnités?
Non. Avec ces nouvelles lois du travail, l’île Maurice est parmi la minorité de pays qui ne reconnaissent pas le temps de service des employés licenciés. Le coût des licenciements pour les employeurs a été réduit de 65%, et les 35% restants, lesquels devraient représenter les indemnités, ne sont pas accordés aux licenciés, mais servent à financer le «workfare programme». Le comble, c’est que sous la section 67 de l’EReA, il est stipulé que l’employeur qui ne paye pas ces 35% sera sanctionné d’une amende de Rs 10 000 uniquement! Les revenus de la déduction directe de 1% des salaires des employés du privé sont dirigés également vers le «workfare programme». Finalement, ce sont les employés, eux-mêmes, qui le financent.
Du côté des autorités, on présente le mouvement syndical comme étant déconnecté de la réalité, menant des combats arrière-gardistes. Comment réagissez-vous à cela?
La Confédération des travailleurs de Secteur Privé est étonnée que le ministre Chaumière ait enfoncé le couteau dans la plaie, en disant que nous ne comprenons pas la loi et donnons de fausses informations. Au contraire, il aurait dû accéder à notre requête pour un débat civilisé et organisé, pour un forum tripartite où seront réunis l’Etat, le patronat et les syndicats du privé.
Mais le ministre du Travail refuse de s’engager dans des débats publics. Ce 5 mars, nous lui avons adressée une autre lettre, où nous lui disons que c’est lui et son gouvernement qui sont en train de pousser les travailleurs à l’anarchie et au désordre, parce qu’il refuse de nous recevoir. Nous enregistrons des licenciements quotidiennement. Déjà, environ un millier de personnes ont perdu leur emploi. C’est clair que les employés du secteur privé sont frustrés et au bord de l’explosion.
L’explosion n’a-t-elle pas déjà commencé?
En effet, nous avons commencé à manifester. Mais la plus grande peur de la Confédération des travailleurs du Secteur Privé est le fait que l’Etat, à travers ces lois, sacrifient les travailleurs du secteur privé et que cela risque d’engendrer des tensions communales. Un syndicaliste appartenant au domaine de la construction m’a récemment informé que 85% des travailleurs de cette industrie sont embauchés sous contrat. Il a souligné que ce sont des créoles majoritairement. Nous essayons, sur nos tracts et dans nos réunions, de prévenir les travailleurs afin qu’ils ne tombent pas dans le piège communal. En tout cas, la Confédération des travailleurs de Secteur Privé espère que jusqu’au 28 mars, le ministre du Travail et le Premier ministre, Navin Ramgoolam, auquel nous avons aussi envoyé une lettre, réagiront à notre requête.
 
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