Publicité
Ruqayah Khayrattee: Elle fonde son journal avant ses 25 ans…
Par
Partager cet article
Ruqayah Khayrattee: Elle fonde son journal avant ses 25 ans…

Le travail ne fait pas peur à Ruqayah Khayrattee. Cette jeune femme de 26 ans estime qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Elle a lancé son hebdomadaire, «This Week», occupant les fauteuils de directrice, d’éditorialiste et de journaliste.
Cumuler autant de fonctions peut nuire à la santé. Mais Ruqayah est en pleine forme et déploie toute son énergie à faire vivre l’hebdomadaire This Week qu’elle a créé il y a deux ans. Pourtant, cette habitante de L’Avenir, à St Pierre, qui a grandi à Port-Louis, a longtemps été fragile. À tel point qu’elle a été déscolarisée pendant plus d’un an. Mais grâce à une volonté farouche et aux encouragements de son père – qui enseigne l’arabe – et de sa mère, femme au foyer, elle s’est accrochée et a pu compléter sa scolarité secondaire.
C’est le député Reza Issack, ami de son père Ilmuddin, qui va donner une orientation à sa carrière. Il estime qu’elle possède le tempérament d’une avocate ou d’une journaliste. Entre ces deux filières, Ruqayah a une préférence pour la seconde, s’inscrivant à des cours de journalisme par correspondance et à ceux proposés par l’Alliance française.
C’est à Samedi Plus qu’elle débute dans le métier. Au contact de journalistes chevronnés, elle découvre que si la théorie permet de maîtriser les techniques journalistiques, la connaissance du métier s’acquiert sur le terrain. Au bout d’un an, elle décide d’aller voir ailleurs et travaille pendant un an et demi pour Le Dimanche. Les conditions n’étant pas nécessairement à son avantage, elle prête main forte à un ami de son père, qui lançait peu de temps avant les élections générales de 2010 le journal L’Écho du vendredi.
C’est dans la circonscription de Quartier Militaire-Moka qu’elle couvre les élections. Elle est aux premières loges quand un incident a lieu et comme elle est de la presse écrite, elle relaie l’information à un journaliste de Top FM. Remarquée par cette station de radio, elle y est embauchée. Si «les directeurs sont gentils» avec elle, elle apprécie moins l’ambiance de la rédaction, si bien qu’elle n’y reste que six mois.
Après avoir envoyé son curriculum vitae à tous les journaux de la place – des lettres restées sans réponse – elle prend plusieurs mois de congé sabbatique. Mais cette inactivité lui pèse et elle veut être journaliste. C’est Ahmad Macky qui l’incite à voler de ses propres ailes. «Il m’a dit de me prouver en lançant mon propre journal.» Après consultation avec son père qui l’encourage, elle se jette à l’eau. C’est ainsi que This Week, hebdomadaire d’actualité générale bilingue de 12 pages en format A5 voit le jour en juillet 2011, Ruqayah se chargeant de faire enregistrer le titre à son nom, rédigeant les éditoriaux, allant sur le terrain couvrir les différentes fonctions et prenant les photos. Elle confie l’impression et la distribution à AAPCA.
This Week a aussi sa version en ligne, également alimentée par la jeune journaliste. Appelée à dire en quoi cet hebdomadaire se différencie des autres, elle déclare qu’il est neutre. «Je ne donne pas dansle sensationnalisme. Je fais passer des messages et si quelque chose netourne pas rond dans un secteur,je le signale à qui de droit dansun éditorial. J’accorde priorité au social et aux femmes qui ont leur page dédiée.»
Cet hebdomadaire, dit-elle, a été bien accueilli aussi bien par l’homme de la rue que par les intellectuels. Si Ruqayah aime ce qu’elle fait, elle a moins de temps pour le marketing de son titre de presse. «J’ai beaucoup de mal à obtenir de la publicité. C’est dur, car avec mes responsabilités, je n’ai pas le temps pour mon propre marketing et je ne gagne pas assez pour rétribuer quelqu’un à cet effet», confie la jeune femme.
Elle n’autorise toutefois pas ce manque de pub à lui plomber le moral. «Dès le départ, jeme suis dit que je devais donnerdu temps au temps. Je considèreque ce journal est comme un bébéqui doit se développer et apprendreà marcher. Un bébé ne se tient pascorrectement sur ses jambes avantdeux ans. Je ne compte pas jeterl’éponge de sitôt.»
Être une femme propriétaire de journal à l’ère des technologies de l’information qui évoluent constamment, voilà une initiative qui mérite d’être saluée et encouragée…
Publicité
Publicité
Les plus récents




